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Des maisons des lycéens "pour se construire, pas pour se faire plaisir" (Léa, élève de seconde)

Paru dans Scolaire, Périscolaire le lundi 02 novembre 2015.

"On a plutôt le vent avec nous", estime Kalilou Sylla, le président de la FNMDL, la fédération nationale des maisons des lycéens, qui tiennent, aujourd'hui et demain, 2 et 3 novembre, leurs premières assises. Ali Rabeh, le délégué national à la vie lycéenne, qui représente la ministre, actuellement en Chine, rend d'ailleurs hommage à l'opiniâtreté de ce garçon, volontaire et émotif, qui a eu l'idée de cette fédération et qui a su convaincre le ministère de le soutenir alors qu'il espérait réunir une quinzaine de MDL. Six mois plus tard, elles sont quatre-vingts, et ils sont quelque 200 lycéens venus de 18 académies, réunis dans une salle du conseil régional d'Île-de-France. 

Mais pour quoi faire ? Les orateurs, aussi bien les lycéens que leurs "parrains", Solidarité étudiante, l'OCCE, la Ligue de l'enseignement, l'AROEVEN, l'Esper, que Henriette Zoughebi, la vice-présidente de la région qui a apporté son soutien, que le représentant de la ministre, ou que Philippe Tournier, secrétaire général du principal syndicat des proviseurs, sont convaincus des vertus de la démocratie lycéenne, pour que ces jeunes réussissent mieux scolairement, s'épanouissent, se construisent en tant que citoyens, mais aussi pour l'amélioration du climat scolaire, et donc pour l'ensemble de l'établissement scolaire. Les textes prévoient la création de ces maisons des lycéens, gérées entièrement par et pour les lycéens, dans tous les lycées. Mais les textes ne suffisent manifestement pas. Le ministère a d'ailleurs lancé une enquête nationale pour connaître la situation réelle, mais il semble que seule une moitié des établissements en ont une, et que seule la moitié d'entre elles fonctionnent convenablement. Les situations sont d'ailleurs parfois "baroques", puisque co-existent des FSE (foyers sociaux-éducatifs) et les MDL qui auraient dû s'y substituer.

Des freins financiers

La fédération est donc là pour lever les freins. Ils sont très clairement, financiers. La question est d'abord technique et l'OCCE a signé une convention, ce 2 novembre avec la fédération, elle met à la disposition des MDL un logiciel de gestion, et les militants de la coopération à l'école assisteront les jeunes, y compris dans leurs démarches auprès des banques qui sont souvent réticentes lorsqu'il s'agit d'ouvrir un compte tenu par des mineurs. De plus, les adultes sont souvent inquiets à l'idée de laisser des élèves gérer de l'argent. Pourtant, indique Hélène Grimbelle, en 15 ans, les 10 000 "junior associations" n'ont jamais connu le moindre dérapage financier du fait des jeunes. Les rares trous de trésorerie que la Ligue de l'enseignement ait couverts étaient dus à des promesses non tenues par des élus.

Mais surtout, le FSE est parfois considéré comme "la vache à lait" de l'établissement. Dans les secteurs où résident les catégories socio-culturelles les plus favorisées, certains parents n'hésitent pas à faire de gros chèques, et certains FSE de lycées professionnels vendent à des prix très avantageux, mais avec une marge, des vêtements et des outils de travail. C'est donc parfois une somme relativement importante qui peut être utilisée... y compris pour faire repeindre le réfectoire. Or, dans les MDL, "les adultes n'ont plus la main", ils peuvent accompagner mais ils ne peuvent être membres, et encore moins siéger au conseil d'administration.

Des freins culturels

Philippe Tournier pointe surtout deux autres difficultés. "L'engagement des jeunes heurte de plein fouet la culture scolaire", fondée sur "une vision très verticale du fonctionnement de l'Ecole". Il ne dit mot des réticences de ses collègues chefs d'établissement, mais évoque celles des enseignants. Le responsable syndical se demande aussi pourquoi la situation n'a pas réellement évolué depuis 15 ans. En fait, la démocratie lycéenne existe, mais "de façon discontinue". Les élèves n'ont pas vocation à rester dans l'établissement : "la constitution d'un vivier de jeunes prêts à prendre le relais" pour assurer "la pérennité de l'engagement" est pour lui essentielle, d'autant qu'il faut que certains s'engagent dans la MDL, et d'autres au CVL, le conseil des délégués pour la vie lycéenne, une instance présidée par le chef d'établissement, participant de l'institution, et amenée à débattre des "principes généraux de l'organisation des études et du temps scolaire" ou "des conditions d'utilisation des fonds lycéens". La MDL au contraire ne s'intéresse qu'aux projets extra-scolaires, pour que le lycée, dont beaucoup d'élèves parlent comme de leur "seconde maison", soit aussi un lieu de vie.

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