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PLF 2016 : le budget "enseignement scolaire" voté en première lecture, échos des débats

Paru dans Scolaire le vendredi 30 octobre 2015.
Mots clés : autonomie, alternance, apprentissage, professionnel, décrocheurs, SEGPA, socle, choix, pédagogie, collège, allemand, IME

Les crédits de la mission "Enseignement scolaire" ont été votés en première lecture par l'Assemblé nationale mercredi 28 octobre. Ont voté contre les goupes LR et UDI. La Gauche démocrate et républicaine s'est abstenue. Un amendement gouvernemental a été adopté. Il transfère un peu plus de 250 000 euros "à la région Pays de la Loire, qui s’est portée volontaire pour gérer le centre de formation d’apprentis nationaux". En revanche, n'est pas adopté un amendement de Lionel Tardy visant "à réduire le nombre de créations de nouveaux emplois dans le second degré" et à consacrer les 60 millions économisés "à l’inclusion des élèves en situation de handicap" et à l'aide sociale aux élèves de l’enseignement agricole. N'est pas non plus adopté un autre amendement soutenu par Lionel Tardy, sur les crédits destinés aux TICE, dont il aurait voulu qu'ils "concernent les équipements de toutes les écoles, et non pas seulement des établissements sélectionnés dans le cadre du plan numérique".

Dans le courant de la discussion, Frédéric Reiss rappelle les thèmes chers aux Républicains dont il est le porte-parole. "Si certains enfants n’accèdent plus aux études supérieures, c’est parce que, depuis l’école primaire, l’on n’exige plus rien d’eux", dit-il. Pour le député, "il faut donner plus d’autonomie à nos établissements, développer l’excellence dans toutes les filières et reconnaître les vertus de l’apprentissage et de l’alternance (...) Il faut rapprocher le premier et le second degrés, en développant l’école du socle". Il faut aussi donner aux familles "la possibilité de choisir librement des écoles exigeantes".

Barbara Pompili, s'exprimant pour le groupe écologiste estime que les ÉSPÉ (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation) doivent "mieux s’ouvrir à l’ensemble des acteurs œuvrant dans le champ de l’éducation". Elle est "très heureuse que l’académie d’Amiens accueille le nouveau dispositif des apprentis professeurs", mais elle regrette "qu’il concerne moins d’étudiants que les emplois d’avenir professeur qui ont disparu à la rentrée" et elle estime qu'il "faut trouver les moyens d’encourager la mise en place de projets pédagogiques innovants dans chaque établissement". Elle s'inquiète de "la diminution du budget alloué aux 'actions éducatives complémentaires aux enseignements', qui contribue à la mise en place des projets éducatifs de territoire".

Jean-Noël Carpentier (groupe radical, républicain, démocrate et progressiste) fait remarquer que "les deux mondes de l’éducation, celui dit traditionnel et celui dit spécialisé" ont "bien du mal à travailler ensemble." et il demande s'il serait "possible d’instaurer des échanges plus structurels, plus organisés, entre les instituts médico-éducatifs – IME, qui maillent bien notre territoire, et les établissements scolaires traditionnels".

Marie-George Buffet (groupe de la Gauche démocrate et républicaine) estime que la hausse du budget (1,05 %) sera à peine supérieure à l'inflation (1 %). "Il s’agit, en réalité, d’une stabilisation du budget prévu pour notre système éducatif" et les nouveaux postes "ne suffiront pas pour généraliser la scolarisation des enfants de moins de trois ans, ni la mise en place du dispositif Plus de maîtres que de classes".

La représentante du groupe socialiste, républicain et citoyen, Colette Langlade, défend au contraire "un budget en forte croissance, ambitieux et à la hauteur des enjeux" tandis que Philippe Gomes (UDI) ne partage pas son enthousiasme. Dans la loi pour la refondation de l’école de la République et dans la politique menée, "des points pouvaient être considérés comme positifs", notamment le rétablissement de la formation initiale, le plus de maîtres que de classes, ou la scolarisation dès le plus jeune âge ainsi que l’accueil des enfants en situation de handicap. Mais "de nombreux points ne sont toujours pas recevables", notamment la suppression des classes européennes, des classes bilangues ou encore des options classiques, "ce qui constitue un nivellement par le bas".

Jacques Krabal (radical, républicain, démocrate et progressiste) s'inquiète de l'organisation des SEGPA (sections d’enseignement général et professionnel adapté). Najat Vallaud-Belkacem lui répond que les élèves de ces classes pourront suivre "certains cours avec les élèves de classes ordinaires" qui bénéficieront "ponctuellement de l’appui des enseignants spécialisés de SEGPA intervenant conjointement avec l’enseignant de la classe ou lors des décloisonnements". En ce qui concerne l’orientation et des modalités d’admission en SEGPA, il faut distinguer "deux phases, celle de la pré-orientation en classe de sixième prononcée en fin de CM2 et celle d’orientation en SEGPA prononcée en fin de sixième, ce qui laisse le temps de mieux connaître les élèves et leurs besoins".

Interrogée sur l'enseignement professionnel, la ministre de l'Education nationale évoque "l’ouverture de cinq chantiers. "Le premier consiste à offrir à l’enseignement professionnel une perspective à long terme. Concrètement, il s’agit de mettre davantage en lien la cartographie des filières professionnelles de notre pays et l’évolution à long terme, à horizon de dix ou quinze ans, des métiers qui les composent, afin d’aider au mieux les élèves à choisir leur insertion professionnelle. C’est pourquoi France Stratégie a mené, à ma demande, une étude des métiers d’avenir des filières professionnelles, qui m’a été remise récemment et grâce à laquelle nous adapterons les filières aux métiers et informerons mieux les élèves." Les autres chantiers portent sur "l’amélioration de la classe de seconde professionnelle", sur la formation des enseignants dont la spécificité "n’est pas assez prise en compte dans les ÉSPÉ", sur l’orientation des élèves (la ministre fera prochainement des annonces sur la transition entre le lycée et l’enseignement supérieur) et sur une meilleure valorisation des réalisations de l’enseignement professionnel.

En réponse à une question de Valérie Corre, Najat Vallaud-Belkacem, détaille les mesures prises contre le décrochage scolaire, dont le budget augmente de 4M€ à 55,79 millions. Elle indique que plus de 9 000 jeunes ont demandé à bénéficier du droit au retour en formation.

Interrogée par Annie Genevard sur l'offre scolaire hors contrat, la ministre n'est "pas sûre que l’on puisse parler de démultiplication démesurée de ce type d’établissements". Dans sa réponse, un peu à côté de la question de la députée LR, elle ajoute "qu’il nous arrive assez régulièrement au sein de l’éducation nationale de reconnaître les bonnes expérimentations conduites au sein de ces écoles privées et de nous en inspirer lors des réformes que nous conduisons". C'est ainsi que la réforme du collège "s’inspire très directement de la pédagogie Freinet"

En réponse à une question de Jean-Luc Reitzer sur l'enseignement de l'allemand, la ministre indique qu'elle a "entamé un dialogue avec Nikolaus Meyer-Landrut, ambassadeur d’Allemagne en France, pour que nous puissions recruter des étudiants allemands comme assistants de langue, là où des besoins n’auront toujours pas été satisfaits". En ce qui concerne la carte des langues, elle reste de la compétence de "chaque académie, telle qu’elle existe aujourd’hui". "Le recteur coordinateur est seulement un interlocuteur privilégié du préfet de région sur des sujets pouvant relever par exemple de la carte des formations, parfois de l’enseignement supérieur, mais en aucun cas de la politique linguistique."

Le compte-rendu des débats ici

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