Scolaire » Recherches et publications

Service public régional d'orientation : une mise en place difficile (inspections générales)

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 22 octobre 2015.

Quelle place donner aux débouchés professionnels régionaux dans l'information sur les formations qui y conduisent ? La plupart des jeunes, demandeurs d’information immédiate, ne risquent-ils d’abandonner leurs recherches si on les oriente vers une autre structure ? Ces questions, sans réponses, témoignent de la difficulté à mettre en place le SPRO, le service public régional d'orientation, dont une mission commune aux inspections générales des affaires sociales, de l'Education nationale et de la Jeunesse et des Sports constate que l'organisation n'est pas achevée dans les régions qui l'expérimentaient depuis l'automne 2013.

Celles-ci "se sont en effet attachées dans un premier temps à restaurer un climat de confiance entre les différents partenaires du SPRO  (...) Cette démarche était indispensable pour remobiliser des acteurs parfois critiques vis à vis de la mise en œuvre du SPO (le service public d'orientation issu de la loi de 2009, ndlr) (...) Le SPRO ne s'est donc pas encore véritablement matérialisé sur le terrain."

La question des finalités reste un sujet sensible

Le rapport rappelle qu'il revient à l'Etat "de définir au niveau national la politique d’orientation des élèves et des étudiants et de la mettre en œuvre, avec l’appui notamment des CIO et des SCUIO" tandis que la Région "se voit confier la coordination des actions des autres organismes participant au service public régional de l’orientation", Pôle emploi, Missions locales, réseau Information Jeunesse. "Si cette architecture est justifiée par les spécificités de l'orientation en milieu scolaire ainsi que par la nécessité d'apaiser certaines craintes des acteurs évoluant dans ce champ, elle risque néanmoins de compliquer la mise en œuvre d’une approche cohérente et efficace de l’orientation (...) La question des finalités, au cœur de l’opposition au transfert des CIO (au SPRO) reste à cet égard un sujet sensible (...) Les divergences portent notamment sur la place qu’il convient de donner aux débouchés professionnels régionaux dans l’information sur les métiers et les formations y conduisant."

Et pourtant, estiment les inspecteurs, l'articulation entre le SPRO et l'Education nationale "paraît indispensable", puisque "les CIO accueillent une part significative d’usagers ne relevant pas du système scolaire ou universitaire" et que les publics scolaires et universitaires "sont susceptibles de solliciter dans d’autres étapes des organismes d’orientation coordonnés par la Région". D'ailleurs, de fait, les acteurs des CIO et des SCUIO participent "activement à la mise en place, jugée positive, du SPRO".

Le Réseau Information Jeunesse soupçonné de rétention des publics

La coordination entre l’Etat et la Région concerne aussi le RIJ, le réseau de l’information jeunesse dont la stratégie "n’apparaît pas assez partagée avec ses partenaires régionaux"; ceux-ci sont parfois réticents. Ils n'ont pas apprécié que le RIJ ne les ait pas fait participer à un appel d’offres du Fonds européen pour la jeunesse qui a financé divers projets et la production d'outils "utiles pour tous les partenaires des réseaux territoriaux". De plus, ils jugent "insuffisantes" ses compétences en matière d’orientation, et ils le soupçonnent de "rétention de publics" relevant pourtant d'un autre opérateur. Un acteur du réseau fait valoir qu'il s'agit d' "une attitude pragmatique, adaptée au comportement de la plupart des jeunes, demandeurs d’information immédiate, qui risqueraient d’abandonner leurs recherches en cas d’orientation vers une deuxième porte (...) Cette pratique - dont rien ne permet d’affirmer qu’elle soit l’apanage du réseau Information et Jeunesse - pose avec acuité la question des limites du premier accueil dans le cadre du SPRO et des critères permettant aux professionnels d’apprécier de façon précise quand il devient nécessaire de passer la main en vue d’un conseil plus approfondi."

Autre difficulté soulignée par les rapporteurs, "un possible manque de cohérence entre les différentes informations disponibles". C'est ainsi que le site "Orientation pour tous" donne accès "sur une même page aux fiches métiers de l'Onisep et de Pôle emploi mais aussi aux fiches éditées par les branches professionnelles" qui "consistent davantage en de la communication qu'en une véritable information".

Une information trop générale

A cette"profusion de l'offre d'information" s'ajoutent des faiblesses en termes de "facilité d'utilisation". Le site de l'Onisep, "qui offre les possibilités de recherche les plus complètes, propose un champ de recherche libre ainsi qu'une recherche par secteurs d'activité (...) ou par goûts (...)" ce qui "offre moins de souplesse qu'une recherche par mots clés". L'information "reste trop générale et peu prospective" au niveau national et elle "n'est pas toujours disponible" au niveau local (...) La maille territoriale ne descend que rarement en dessous de la région."

Enfin, le financement du SPRO "se fera uniquement par redéploiement des moyens budgétaires et humains auparavant affectés à des initiatives relevant de la même logique (...) ou à d'autres politiques (...) L'Onisep a signalé à la mission qu'il subit dès maintenant les conséquences de ces redéploiements, plusieurs régions se désengageant du financement des publications ONISEP auxquelles elles participaient auparavant".

Le rapport "Evaluation des préfigurations du service public régional de l'orientation (SPRO)" est disponible sur le site de la Documentation française ici

 

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →