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e-FRAN : un appel à projets pour introduire de la rigueur scientifique en même temps que le numérique dans l'éducation

Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 14 octobre 2015.

"Si l'Education nationale ne fait rien, nous en serons responsables devant l'Histoire". Jean-Marc Monteil, chargé d'une mission relative à la politique du numérique dans l’Éducation nationale évoque de grands enjeux en même temps que la relative modestie d'une démarche, celle de l'appel à projets e-FRAN. Celui-ci contribuera à une dynamique favorable aux "minorités actives".

Pour cet ancien recteur, spécialiste de psychologie sociale et cognitive, nous sommes entrés dans "la société numérique" et les enjeux scientifiques, techniques, sociaux, économiques, éthiques sont considérables. Il suffit, pour en avoir conscience, de savoir qu'aux USA, on cherche actuellement à embaucher 140 000 algorithmiciens de haut niveau ! Ce sont les données personnelles qui seront la matière première de demain, jouant le rôle du pétrole hier. "Il faut qu'on raconte ça à l'Education nationale", puisque celle-ci doit former les citoyens de demain "aux conséquences de cette révolution" tandis que les professeurs doivent savoir "enseigner à l'ère du numérique", ce qui ne signifie pas leur effacement, bien au contraire. Ils ne sont plus les seuls dépositaires du savoir, mais ils seront "les seuls dépositaires des procédures de traitement des contenus", celles qui permettent de "distinguer les croyances et les savoirs", de "transformer l'information en connaissance".

Qualifier (ou disqualifier) les outils pédagogiques nouveaux

De plus, l'informatique permet de traiter la pluralité des modalités de l'intelligence : elle permet de diversifier les contextes, les présentations, et d'imaginer une école de demain, où les besoins de chaque enfant seraient pris en compte, alors que l'école est centrée sur la partie verbale et logico-mathématique des intellects. Car s'interroger sur le numérique, c'est aussi mieux comprendre comment fonctionnent nos cerveaux.

C'est dans ce contexte que l'appel à projets e-FRAN, "une des briques du grand plan numérique" annoncé par François Hollande, prend tout son sens. Il a pour objectif "de soutenir des projets portés par un ensemble d'acteurs (...) qui se proposent, par une démarche collective et ambitieuse, de créer, dans un périmètre territorial clairement défini, un territoire éducatif d'innovation numérique". Ces acteurs sont des établissements scolaires, des ESPE, des organismes de recherche, des collectivités territoriales, des entreprises du numérique... Doté par le PIA2 (le deuxième programme d'investissements d'avenir) de 30 M€, il doit notamment permettre de former "60 à 80 docteurs dans le domaine du numérique", mais aussi "d'introduire de la rigueur scientifique" pour évaluer, donc qualifier (ou disqualifier) les outils pédagogiques nouveaux, notamment ceux qui sont proposés par l'industrie et les "start-up".

Les enseignants, une concentration d'intelligence

C'est en effet la science qui permet, dans une situation d'enseignement où interviennent de très nombreux facteurs, de distinguer ceux qui sont imputables à une technologie et ceux qui tiennent aux personnes. Plus largement, il s'agit de mettre "les acteurs de terrain en relation avec le monde de la recherche", mais aussi de "s'appuyer sur l'expérience des enseignants", sur la "concentration d'intelligence" qu'ils représentent et qui n'est pas utilisée, et de faciliter le partage d'expériences via des plateformes comme celles de Canopé.

Il ne s'agit pas, insiste Jean-Marc Monteil, de prescrire aux enseignants telle ou telle pratique, mais de leur donner des repères pour agir, de façon qu'ils aient des "pratiques informées" par l'état de la science. Très prudent lorsque ToutEduc l'interroge sur l'intérêt qu'il y aurait à créer une discipline spécifique, avec un Capes et une agrégation, il considère que le numérique doit s'introduire dans toutes les disciplines; lors de la formation universitaire des futurs enseignants, ceux-ci doivent prendre conscience de l'apport du numérique aux mathématiques, à la géographie, à l'EPS..., puisqu'il est "transversal à toutes les disciplines" et qu'il joue un rôle dans la constitution du savoir.

Les équipes ont jusque au 5 février pour déposer leurs projets et les premiers lauréats seront connus au mois de mars. "Il y aura un PIA 3", a annoncé le commissariat général à l'investissement.

 

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