Des médiateurs sociaux pour lutter contre le harcèlement scolaire (Injep)
Paru dans Scolaire, Périscolaire le mercredi 30 septembre 2015.
Faire intervenir en milieu scolaire des médiateurs sociaux pour lutter contre le harcèlement à l'école, telle est l'une des expérimentations relatées par l'Injep dans son Bulletin d’études et de synthèses, daté de septembre. Mené dans le cadre du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse, en partenariat avec l’Éducation nationale, ce dispositif a fait appel en 2013 à des médiateurs formés et recrutés indépendamment de l’institution scolaire. Ils ont endossé le rôle de "tiers neutre" pour favoriser "la libération de la parole et le rétablissement du dialogue".
Leurs activités s’articulaient autour de cinq axes : l’identification et la prévention des situations de violence et de conflits ; l’accompagnement individuel ou collectif des élèves et des familles (sur les questions d’absentéisme, de comportement, de décrochage, de mal-être et de harcèlement) ; la gestion des conflits ; la mise en place d’actions de sensibilisation ; la formation des élèves à la médiation par les pairs. Chaque médiateur était affecté à un site scolaire composé d’un collège et de deux ou trois écoles situées dans sa zone de recrutement, afin d'assurer une continuité pour les élèves lors de leur passage du primaire au secondaire.
Elèves : une amélioration du bien-être psychologique et de l’estime de soi
Ayant concerné 5 829 collégiens (80 collèges) et 7 859 écoliers (226 écoles), cette expérimentation a été évaluée à la fin de l’année scolaire 2013-2014 (près de 18 mois après l’arrivée des premiers médiateurs) par des chercheurs de Sciences Po. Quels sont ses résultats ? C'est surtout au collège qu'elle produit des effets positifs, lorsque le médiateur est un adulte expérimenté. Selon les auteurs de l'étude, ce résultat peut s’expliquer par "l’action plus soutenue des médiateurs", mais également par leur "surcroît d’autorité, de crédibilité et de compétences".
Sur l'ensemble des élèves, le taux de harcèlement diminue de 11 %. Mais ce résultat cache une forte hétérogénéité des résultats selon le sexe et le niveau de scolarisation. Ainsi, le taux de harcèlement déclaré par les élèves diminue presque de moitié chez les garçons de 6e, dont l'absentéisme baisse également. Le programme semble surtout agir sur les enfants les plus touchés initialement par le harcèlement.
"Ce résultat paraît d’autant plus robuste qu’il s’accompagne d’une amélioration du bien-être psychologique et de l'estime de soi sociale des élèves", note l'étude. Plus largement, l'expérimentation a aussi produit "un climat scolaire plus positif, marqué par une intensification de la relation école-famille et une diminution de l’absentéisme des enseignants".
Le Bulletin d’études et de synthèses de l'Injep est consultable ici
Diane Galbaud