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Le lycée coûte cher, mais N. Vallaud-Belkacem rejette la plupart des préconisations de la Cour des comptes

Paru dans Scolaire le mardi 29 septembre 2015.

"Une amélioration significative du niveau d’efficience du lycée est possible", affirme la Cour des comptes dans un rapport publié ce 29 septembre et dont la ministre de l'Education nationale, dans sa réponse, résume ainsi les recommandations : "réduction du volume des enseignements et extension de l’année scolaire, réduction et rationalisation de l’offre de formation, annualisation des obligations réglementaires de service des enseignants, simplification du format du baccalauréat, redéfinition du réseau des établissements" auxquelles s'ajoutent le renforcement de "la gouvernance partagée entre l’Etat et les régions (...) par différents mécanismes".

Najat Vallaud-Belkacem ne récuse pas toutes les analyses de la Cour, mais c'est peu dire qu'elle n'adhère manifestement pas à toutes ses préconisations qualifiées de "volontaristes". En ce qui concerne la réduction du volume des enseignements", elle confirme qu' "un bilan des réformes des lycées sera lancé cet automne" mais elle "tien(t) à souligner les efforts réalisés chaque année par le ministère pour réduire le coût du lycée général et technologique" : le H/E (heures d’enseignement par élève) est passé de 1,39 en 2008-2009 à 1,30 en 2014-2015, "soit - 6,5 % en quatre ans". Par ailleurs, "les académies ont engagé un effort de rationalisation de la carte des formations" des lycées professionnels de façon à "résorber les surcapacités", tandis que la réforme du bac en 3 ans "a produit des effets substantiels : augmentation du nombre d’élèves sortant de SEGPA accueillis en CAP, du nombre de titulaires de CAP poursuivant vers un baccalauréat professionnel et une hausse remarquable de presque 82 % entre 2007 et 2014 du nombre de nouveaux bacheliers professionnels".

Allocation différenciée des moyens à la rentrée 2017

La ministre évoque aussi le "vaste travail de rénovation du modèle d’allocation des moyens" engagé par le ministère pour "intégrer davantage l’évolution des situations sociales et géographiques du territoire". Il était "jusqu’alors fondé sur des critères essentiellement quantitatifs (...) Le résultat de ce travail est attendu pour la préparation de la rentrée scolaire 2017." Mais elle estime comme la Cour qu'il convient "de renforcer les outils communs à l’État et aux régions d’aide à la décision en matière d’allocation de moyens aux lycées, de planification des formations et de programmation des opérations d’investissement (...)".

Quant aux établissements à trop faibles effectifs "dans des zones rurales ou marquées par un déclin industriel, (ils) permettent la poursuite de scolarité de jeunes, qui n’auraient pas accompli plusieurs dizaines de kilomètres pour rejoindre un autre établissement". En ce qui concerne les technologies d’enseignement à distance, elles peuvent effectivement "permettre d’élargir l’offre d’options de formation proposée dans les établissements, notamment pour les disciplines les plus rares", mais leur extension "à un volume significatif d’enseignements poserait au plan pédagogique le problème du rapport entre l’élève et l’enseignant en dehors de tout lien présentiel". La ministre fait encore valoir que "le développement des campus des métiers et des qualifications ou de la mise en réseau par filière de lycées professionnels, entreprise récemment par certaines académies" permettent "de combiner une offre scolaire de haute qualité et des solutions d’hébergement pour les élèves".

Le lycée devrait davantage préparer "au parcours après le baccalauréat"

Dans sa conclusion, la Cour souligne que la France a certes "atteint l’objectif de conduire au moins 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat", mais que le lycée devrait davantage se soucier de préparer "au parcours après le baccalauréat", enseignement supérieur ou insertion professionnelle : "cette mission reste implicite, comme écrasée par le poids surdéterminant du passage d’un examen". A cette aune, le lycée français "n’est pas plus efficace qu’il ne l’est dans les autres pays membres de l’OCDE", mais il est "nettement plus coûteux", trop d'heures de cours*, trop d'options, trop petite taille de nombreux lycée dont l'optimum serait de 800 élèves (lycées généraux et technologiques). Le rapport estime que "le recours à des groupes à effectifs réduits" peut être intéressant s’il ne résulte pas "d’une dispersion non raisonnée ou mal régulée de l’offre de formation, en particulier pour les options facultatives en voie générale".

La Cour évoque aussi des interventions des Régions qui "ne sont pas pleinement articulées avec l’action de l’éducation nationale". La simplification "des modes de relation entre l’État et les Régions" supposerait de "donner aux chefs d’établissements publics plus de responsabilités, dans des établissements eux-mêmes plus autonomes".

Des options à 1000 euros

A noter que le rapport a analysé par type d'établissement le coût moyen d'un élève, soit 9 862 €, mais il peut avoisiner les 20 000 € dans un lycée professionnel de moins de 200 élèves. La Cour l'a également décomposé par discipline. "Le coût d’enseignement moyen annuel d’une matière (obligatoire) en LEGT se situe entre 360 € et 682 € pour les disciplines littéraires et entre 488 € et 604 € pour les disciplines scientifiques" tandis que l’enseignement d’une matière "spécifique" (latin et grec, les disciplines artistiques et langue vivante 3 "atteint un coût moyen de l’ordre de 1 000 € par an et par élève".

Elle fait 10 préconisations, "ramener le temps d’instruction des lycéens au niveau observé dans les pays comparables, et mieux le répartir sur une année scolaire prolongée", "réduire la dispersion de l’offre de formation, notamment en matière d’options", "simplifier le format du baccalauréat", "définir des cibles de taille d’établissement optimale (...)", "revoir les modalités d’allocation des moyens aux établissements par l’État et les collectivités territoriales (...)", fonder la dépense d’éducation par lycéen sur un référentiel documenté et commun à l’État et aux régions", "construire un outil d’analyse des coûts consolidés du lycéen (...)", "mettre en place au niveau académique et régional un document unique de programmation et de contractualisation", "généraliser la contractualisation tripartite entre lycées, État, régions pour conforter l’autonomie des établissements et renforcer les responsabilités des chefs d’établissements", "diffuser les démarches de mutualisation de la gestion des établissements entre les conseils régionaux".

Le SNPDEN, syndicat UNSA des personnels de direction, estime que ce rapport conforte ses propres analyses en ce qui concerne "la simplification de l'offre scolaire, celle du baccalauréat, la rationalisation et la transparence dans l’allocation des moyens, la cohérence des politiques publiques d’éducation ou le développement des conventions tripartites" (établissement, Etat, Région, ndlr).

Le rapport est téléchargeable ici

* voir aussi à ce sujet les propositions d'A. Juppé ici

 

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