L'Ecole a besoin de psychologues et doit envisager "toutes les facettes du devenir humain" (N. Vallaud-Belkacem)
Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 01 octobre 2015.
"Nous avons besoin que la pédagogie et la psychologie aillent de pair", s'est exclamée Najat Vallaud-Belkacem, samedi 26 septembre. La ministre de l'Education nationale intervenait au congrès de l'Afpen, association qui réunit les psychologues de l'Education nationale (1er degré) mais dont l'assemblée était ouverte à "tous les professionnels intéressés par la psychologie de l’enfant", indiqu à ToutEduc le tout nouveau président de l'Afpen, Laurent Chazelas qui précise qu'elle n'avait pu se rendre au congrès de l'Acop-f, qui réunit leurs homologues du second degré, mais "elle a reçu une délégation en audience privée juste avant de prononcer son discours devant nos adhérents".
Selon les informations dont dispose ToutEduc, la ministre a été applaudie debout par une salle très émue, au bord des larmes souvent, tant le nouveau statut (voir ToutEduc ici) était attendu, pratiquement depuis le plan Langevin-Wallon. Son discours, le premier depuis la conclusion du groupe de travail, valait engagement avant que soient pris les décrets et arrêtés correspondant, et elle en a détaillé les principaux aspects, insistant sur "la fin d’une situation pour le moins étrange, où ce qui vous définissait était moins la nature même de votre action, son essence, mais l’endroit où vous l’exerciez, avec parfois, selon que vous étiez dans le premier ou le second degré, des disparités importantes". Elle a d'ailleurs évoqué les passerelles entre les deux spécialités.
La dimension humaine au coeur de l'école
La ministre ajoute : "derrière l’élève, il y a une personne", même s'il "est sans doute plus facile de rêver l’école, d’envisager les élèves comme des entités neutres, aisées à saisir, sans méandres et sans difficultés (...) Ne pas tenir compte de cette dimension humaine, au coeur de l’école, est une grave erreur." L'Ecole doit en effet viser "un développement complet, c’est-à-dire un développement qui ne se résume ni à des notes, ni à des moyennes, ni à un parcours académique, mais qui intègre en son sein toutes les dimensions et toutes les facettes du devenir humain".
Pour Najat Vallaud-Belkacem, l"appartenance à la communauté éducative des psychologues "est totale, évidente, et nécessaire". Elle a ainsi "inscrit au sein de l'institution l'idée que la pédagogie ne suffit pas, et qu'il faut prendre en compte les autres dimensions de l'individu, notamment psychologiques", commente L. Chazelas. L’Afpen estime d’ailleurs qu’avec le statut créé, il faut aussi mener dès maintenant le combat de représentation des psychologues dans les différents lieux décisionnels de l’Education Nationale (ministère, rectorat, Dasen) pour que la dimension psychique soit bien prise en compte dans l’élaboration de ses actions. A ce sujet, l’Afpen sollicite une audience auprès de la Ministre.
Un fort rajeunissement du corps
Le passage à un nouveau statut, avec recrutement de psychologues titulaires d'un M2 de psychologie, inscrits sur la liste des professionnels relevant du code de la santé publique ADELI, "va fortement rajeunir le corps" dont la moyenne d'âge actuelle est de 50 ou 55 ans, précise L. Chazelas. Reste à voir comment ils seront accueillis par les enseignants qui ont l'habitude de s'adresser à des psychologues qui ont exercé le même métier qu'eux, et qui partagent donc la même culture. Ca ne va pas sans "une certaine crainte". Autre chantier plus urgent, l'année de stagiairisation post-master : doit-elle se faire dans les Espé (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) ou dans les facultés de psychologie ? Et peut-être faudra-il envisager un jour la réunion en une seule association professionnelle des psychologues qui travaillent dans le premier degré, et de ceux qui travaillent dans le second degré et l'orientation professionnelle ? "Ce point n'est pas inscrit à l'agenda. Pour le moment nos deux associations professionnelles, dans le respect de nos spécificités, travaillent à la construction de ce corps unique de psychologues", répond Laurent Chazelas.