Le destin des étudiants dépend pour beaucoup de leur passé scolaire (Céreq)
Paru dans Scolaire, Orientation le samedi 26 septembre 2015.
"Plus de 87 000 jeunes sont sortis de l’enseignement supérieur en 2010 sans y avoir obtenu de diplôme soit près d’un sortant sur 4", note le CEREQ qui précise qu'en 2010, 369 000 jeunes sont sortis de l’enseignement supérieur (hors IUFM). Ils représentent "40 % de la génération 2010", comme pour la génération 2004. Mais "un tiers des diplômés du supérieur entre sur le marché du travail avec un diplôme de bac+5 ou plus, contre moins de 30 % en 2004". Cette élévation du niveau ne doit pas masquer le poids des inégalités sociales et scolaires, puisque "près de la moitié des bacheliers professionnels qui sont sortis de l’enseignement supérieur en 2010 n’y ont pas obtenu de diplôme", et que "seul un sur dix parvient à décrocher un diplôme de niveau bac+3 ou plus".
Les bacheliers technologiques "alimentent les effectifs de diplômés de la filière professionnelle du supérieur court", bac+2 et licence professionnelle, "mais également les effectifs de sortants sans diplôme au niveau bac+2 (34 %)" tandis que "pour les bacheliers généraux, le niveau de sortie est lié à la série du baccalauréat et à la mention obtenue": un bachelier S "qui sort de l’enseignement supérieur en 2010 a une 'chance' sur deux d’y avoir obtenu un diplôme de niveau bac+5 ou plus, contre une chance sur trois pour un bachelier ES et un peu plus d’une chance sur quatre pour un bachelier L"; un sur trois de ces bacheliers L n'a pas obtenu de diplôme contre un quart des bacheliers ES et un sur sept des bacheliers scientifiques. D'ailleurs, "plus on s’élève dans le niveau de diplôme et plus la proportion de bacheliers scientifiques est élevée".
20 points de moins pour ceux qui ont redoublé à l'école primaire
Mais l'échec vient de loin, "seuls 13 % des jeunes qui accusaient un retard en 6ème sortent avec un diplôme de bac+5 ou plus (33 % pour les autres) et 37 % sortent sans diplôme (24 % pour les autres)", l'étude ne portant donc que sur ceux qui se sont engagés dans l'enseignement supérieur. Et les origines sociales pèsent également puisque" 26 % seulement des diplômés de BTS ont un ou des parent(s) cadre(s)" contre plus de la moitié des diplômés de M2 et les deux tiers des docteurs. "Plus on s’élève en termes de niveau de diplôme dans la hiérarchie des sortants de l’enseignement supérieur, plus le nombre d’enfants de cadre(s) croît, et ce dans des proportions remarquables."
En revanche, "moins d’un jeune sur cinq sortant de l’enseignement supérieur en 2010 a un ou des parents immigrés" et ils sont "un peu plus nombreux qu’attendu à quitter l’enseignement supérieur sans diplôme". L'étude note aussi que "les jeunes dont l’un des parents au moins est originaire du Maghreb sont moins présents encore que les autres enfants d’immigrés au sein des filières de licences professionnelles". Même constat dans les filières du social, où on ne recense que 10 % d’enfants d’immigrés.
Avantage aux bacheliers professionnels
Et sans surprise, "trois années après la sortie du système éducatif", les jeunes qui ont suivi des études dans le supérieur sans y avoir obtenu de diplômes "éprouvent d’importantes difficultés sur le marché du travail", puisque leur taux de chômage est de 24 %. Mais l'avantage va alors aux titulaires d'un baccalauréat professionnel. "Parmi les jeunes ayant échoué en BTS/DUT, ceux avec un baccalauréat professionnel en poche arrivent relativement mieux à tirer leur épingle du jeu en matière d’insertion."
"Faire des études supérieures, et après ? Enquête Génération 2010 – Interrogation 2013". La note est téléchargeable ici