Migrations : comment changer de regard ? quel rôle pour l'Ecole ? (Musée de l’histoire de l’immigration)
Paru dans Scolaire, Périscolaire, Culture le vendredi 25 septembre 2015.
"Qu’est-ce qu’un immigré ? Qu’est-ce qu’un "sans-papier" ? Qu’est-ce que la discrimination ? Comment définir le racisme ? Qu’est-ce que l’antisémitisme ? Qu’entend-on par diaspora ? Qu’est-ce qu’un demandeur d’asile ? Qu’est-ce qu’un réfugié ? Que faut-il entendre par intégration ? Qu’est-ce qu’un étranger ? Qu’est-ce qu’un "mineur isolé étranger" ?" Cette entrée par les mots est présente dans les nombreuses ressources en ligne que propose le Musée de l’histoire de l’immigration (ici).
Au contexte d’urgence internationale, le musée a répondu par une manifestation qui a accueilli le 12 septembre, 3 000 personnes : "Migrations : 12 heures pour changer le regard". Mais "avec quoi voyons nous ?" interrogeait le psychanalyste Gérard Miller. "Pas avec les yeux. On voit avec les signifiants que l’on a à sa disposition. D’où la responsabilité de la classe politique et des mots qu’elle utilise." Quant à la peur, "elle est très rarement proportionnelle au danger. Une haine pour le semblable est souvent dissimulée par une haine pour le dissemblable." Pour Benjamin Stora, historien et président du conseil d’orientation du musée, ces peurs sont "liées à la crise des Etats-nations, de Barcelone à Bagdad, avec des états qui disparaissent et qui engendrent une peur de la destruction du lien national." Pour Pascal Blanchard, historien, les 2/3 de l’opinion publique française sont sur une position de repli identitaire, et peu d’intellectuels prennent la parole. Pourtant, selon Jean-Christophe Dumont, chef de division à l’OCDE, "il y a un écart gigantesque entre perception et réalité" de l’ampleur du phénomène migratoire.
"L’inversion du regard sur l’autre, sur l’étranger, doit se faire sur la longue durée", précise Benjamin Stora interrogé par ToutEduc. Et pour cela, le travail éducatif de l’École est essentiel. Le musée organise des ateliers, des visites de groupe, des débats, des projections et expositions. De nombreuses ressources sont en ligne. Mais cela passe aussi par les programmes scolaires et de plus en plus par l’image, l’internet, les technologies du numérique. Et surtout, pour Benjamin Stora, il s’agit de "mettre en avant ce modèle républicain qui fonctionne, notamment grâce à l’École. Il faut valoriser les réussites dues au modèle républicain."
Claude Baudoin