Accueil scolaire des enfants de réfugiés: "quelque chose de normal, d'habituel" (N. Vallaud-Belkacem)
Paru dans Scolaire le lundi 21 septembre 2015.
Seuls 16 enfants de réfugiés syriens ont, à ce jour, demandé leur scolarisation à Paris, dont 3 en maternelle, 7 en élémentaire, et 6 dans le second degré, indique le CASNAV (Centre académique pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs) où Najat Vallaud-Belkacem s'est rendue, ce 21 septembre. La ministre avait un message à faire passer : "l'Education nationale s'organise (pour l'accueil des enfants allophones) depuis les années 70. Ils sont en moyenne 45 000 chaque année. La France s'est engagée à recevoir 30 000 réfugiés sur deux ans, soit, si on considère qu'un sur trois est mineur, 5 000 enfants par an", ce qui ne constitue donc pas un afflux considérable. La ministre n'en promet pas moins de "mobiliser des moyens supplémentaires" pour créer des classes, même si ces enfants ne sont pas scolarisés dans des classes "à part".
Cette visite au CASNAV, qui attire un nombre important de journalistes, est en effet une occasion de leur présenter le parcours des jeunes. Ceux qui doivent être scolarisés en école primaire sont inscrits par la mairie, de préférence dans une école qui a une UPE2A (unités pédagogiques pour élèves allophones arrivants). "Si ce n'est pas possible, c'est l'enseignant qui se déplace dans son école de secteur pour le tester, définir la classe dans laquelle il doit être scolarisé, et lui apporter de l'aide si besoin", explique à ToutEduc le directeur du CASNAV, Alain Seksig. S'il est dans une des 50 écoles parisiennes qui ont une telle unité pédagogique, l'enfant est scolarisé dans une classe ordinaire et l'enseignant spécialisé intervient un peu comme le font ses collègues des RASED, notamment pour lui apprendre "le français comme langue d'enseignement". S'il est en âge d'aller dans un établissement du second degré, il passe un test en français et en mathématiques avant d'être scolarisé dans un des 75 établissements (collèges et lycées professionnels essentiellement) qui ont une UPE2A. Il est, le plus vite possible, intégré dans les classes ordinaires, selon les disciplines. C'est souvent plus facile en EPS et dans les disciplines artistiques qu'en mathématiques. Mais certains n'ont pas été scolarisé dans leur pays d'origine, et c'est donc au cas par cas que la question de leur intégration et de leur orientation est réglée.
Pas de conflits entre les enfants, les parents invités à participer aux élections
Un groupe de professeurs des écoles était justement en formation au CASNAV. Tous sont manifestement passionnés, et en réponse à une question de la ministre, disent qu'ils ont des élèves très motivés, qui consacrent toute leur énergie à l'apprentissage de la langue française, et n'en ont donc pas pour se battre entre eux. En revanche, ils sont souvent dans des écoles difficiles, d'où la violence n'est pas absente. Or, indique l'un de ces enseignants, le signalement d'un élève de petite section de maternelle n'a toujours pas débouché sur une décision du juge des enfants, alors qu'il est à présent ... au CE2. Ce sont les difficultés de l'environnement qu'ils mettent en avant.
Dans une autre salle, Najat Vallaud-Belkacem rencontre les parents dont les enfants sont en train de passer les tests, ils viennent de Gambie, de Tunisie, de Géorgie, du Congo, de Côte-d'Ivoire, de Roumanie... et la ministre les "remercie d'être là" et d'être attentifs à la scolarisation de leurs enfants. Elle les invite à aller voter lors des élections de parents d'élèves.
A noter que la remise du DELF (diplôme d'études en langue française) aux collégiens et lycéens des UPE2A de Paris qui l'ont obtenu au mois de mai dernier, aura lieu ce mercredi 23 dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, un autre témoignage de la volonté de l'institution de mettre en lumière le travail fait avec ces élèves. A noter également l'organisation par le musée de l'histoire de l'immigration, samedi 12, d'une journée appelée "Migrations : 12 heures pour changer de regard" (ici)