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L'enseignement professionnel attend que le ministère s'inquiète de son avenir (SNUEP-FSU)

Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 28 août 2015.

"On nous empêche de travailler", "nous sommes les grands oubliés des groupes de travail sur les métiers", la réforme de la taxe professionnelle fait que, dans certains lycées, "on n'a plus les moyens d'acheter la matière pour les travaux en atelier des élèves"... Le SNUEP tenait, ce 28 août, sa conférence de presse de rentrée, et le ton général hésitait entre l'amertume et l'espoir. Le cabinet de la ministre lui aurait promis "des surprises" à venir prochainement. Aurélie Lorrain-Itty, récemment nommée comme conseillère chargée "de la mobilisation pour l'enseignement et l'insertion professionnels", vient de l'IGAS (l'inspection des affaires sociales) et fait preuve d'une réelle sensibilité aux difficultés des élèves de cette voie.

En attendant des annonces et l'ouverture de discussions à l'automne sur le lycée, y compris professionnel, le syndicat FSU de l'enseignement professionnel liste les problèmes, avec le sentiment de n'être pas entendu de l'opinion publique ni des politiques qui n'ont d'yeux que pour l'apprentissage, alors que celui-ci, très dépendant de la conjoncture et du marché du travail, est en baisse, y compris pour les sections implantées dans les établissements scolaires. Il attend donc de bénéficier de la priorité évoquée par V. Peillon, laquelle "s'est peu à peu diluée", un paradoxe à l'heure où l'accent est mis sur la lutte contre le décrochage et l'échec scolaire. Les 4 000 postes qui, dans la partie programmation de la loi 2013, devaient aller à l'enseignement professionnel n'ont-ils pas été affectés aux collèges ?

Le bac en 3 ans n'a pas atteint ses objectifs

En ce qui concerne la réforme de 2009 du cursus menant au bac, ramené de 4 à 3 ans, "elle n'a pas atteint ses objectifs", comme en témoigne "la chute des résultats au bac" et la baisse du niveau. De plus, sa mise en place a réduit à rien les classes passerelles qui permettaient aux élèves de rejoindre l'enseignement technologique : "on est en train de cylindrer la formation des ouvriers qualifiés." La DGESCO (la direction de l'enseignement scolaire) refuserait d'envisager un retour aux 4 ans, mais reconnaîtrait que "le bilan est mitigé" et pourrait envisager des aménagements. Le ministère s'inquièterait aussi du niveau du CAP qui ne jouerait plus bien son rôle en termes d'insertion professionnelle. Le SNUEP attend par ailleurs un bilan des spécialités GA (gestion administration, résultat de la fusion du baccalauréat comptabilité et du baccalauréat secrétariat) et ASSP (accompagnement, soins et services à la personne). Il devrait être établi par une société indépendante du ministère.

Le syndicat regrette par ailleurs que le ministère soit "en train de lâcher l'offre de formation aux régions" alors que la réflexion sur la demande et sur l'offre de formation constitue un outil de lutte contre le décrochage d'élèves affectés dans des sections qui ne correspondent pas à leurs voeux. De plus, alors qu'ils s'adressent à des publics difficiles, les enseignants ont, dans les disciplines générales, jusqu'à 30 élèves devant eux. Le ministère reconnaîtrait que cela fait problème. Les enseignants constatent de plus qu'ils ne bénéficient pas de la pondération (1,1 heure pour une) qui s'applique aux obligations de service de leurs collègues des lycées d'enseignement général et technologique.

Une formation initiale très lacunaire

Ils s'inquiètent par ailleurs des conditions de leur formation. Beaucoup de candidats au CAPLP sont des contractuels qui demandent leur titularisation ou des professionnels en reconversion. Comme ils ont une expérience professionnelle et qu'ils sont dans des disciplines qui n'ont pas de master, ils n'ont pas droit à une décharge pour l'année de ESPE et font directement 18h devant élèves. Il faudrait envisager de créer des BTS, des licences pro pour certains métiers et des masters non pas de coiffure, mais d'enseignement de la coiffure, pour prendre un exemple parlant. Il faudrait en attendant aider les contractuels à préparer l'épreuve de RAEP (reconnaissance des acquis de l'expérience professionnelle) à laquelle beaucoup échouent faute d'en connaître les règles.

Se pose de plus la question de formations qui ne correspondent pas aux enseignements. Ainsi les titulaires du CAPLP de biotechnologies (96 reçus pour 250 postes cette année) doivent enseigner de nombreuses disciplines qu'ils n'ont pas étudiées.

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