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ESPE : un consensus au Sénat pour noter quelques progrès et pointer des difficultés

Paru dans Scolaire le jeudi 23 juillet 2015.

A l'occasion de "la grande mobilisation pour la transmission des valeurs de la République à l’école", "un certain nombre d’ÉSPÉ ont pris conscience qu’elles étaient dans l’incapacité de dispenser des enseignements solides sur les thèmes de la laïcité et du vivre ensemble". C'est l'un des constats de deux sénateurs, Jacques-Bernard Magner (socialiste) et Colette Mélot (Les Républicains) sur les ÉSPÉ (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) alors que premiers étudiants qu'elles ont formés "se retrouveront devant les élèves" à la rentrée.

Les deux auteurs d'un rapport, l'an dernier, sur l'an I des ESPE ont fait un point, hier mercredi 22 juillet, sur la situation actuelle. Ils pointent un certain nombre de difficultés, mais ne remettent pas en cause la nécessité d'une formation professionnelle des enseignants, bien au contraire. Ils plaident d'ailleurs pour "le développement d’une culture commune à l’ensemble des métiers du professorat et de l’éducation". Ils notent aussi des points positifs, notamment "l'attractivité" des ÉSPÉ qui "se maintient", avec une augmentation globale des effectifs "de l’ordre de 4 % pour la rentrée 2014-2015" et la logique "de partenariat et de mutualisation pour les formations à faibles effectifs" dans laquelle se sont inscrites "certaines ÉSPÉ". Par ailleurs, "nombre d’ÉSPÉ se sont employées, avec le soutien des collectivités territoriales, à préserver leur réseau d’antennes sur le territoire académique, en dépit de réels surcoûts budgétaires, dans un objectif de prévention de l’apparition de déserts culturels et universitaires".

Une capacité de gestion problématique

Mais "certaines universités perçoivent encore les ÉSPÉ comme des structures dérogatoires empiétant sur leur autonomie", et elles "craignent que la conclusion d’un contrat d’objectifs et de moyens (COM) n’encourage d’autres entités à en réclamer". Pourtant, "ce document d’orientation politique et budgétaire est indispensable et toutes les ÉSPÉ devraient en être dotées". De même devraient-elles être dotées de "véritables budgets de projet". Or ceux-ci sont "de qualité très inégale selon les académies", "certaines conventions de partenariat avec le rectorat et les universités partenaires ne sont toujours pas signées" et les ÉSPÉ ne bénéficient pas "d’une véritable capacité de gestion qualitative, notamment de leur masse salariale".

La question se pose aussi pour les étudiants, là où les ÉSPÉ doivent collaborer avec plusieurs universités et n'ont pas la maîtrise de leur inscription pédagogique. D'ailleurs, "les liens entre l’ÉSPÉ et les UFR disciplinaires progressent mais parfois laborieusement, l’hégémonie des UFR dans la préparation aux concours du 2nd degré étant encore très forte dans certaines académies".

Des concours à revoir

Les rapporteurs ajoutent que, dans certaines académies, 75 % des fonctionnaires stagiaires pour le 2nd degré ne sont pas issus des masters MEEF (métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation). Ils considèrent donc que "le format du concours doit encore être rénové afin de mieux prendre en compte les exigences de professionnalisation et de culture commune qui constituent la valeur ajoutée du master MEEF". Or les évolutions des épreuves sont "ténues" dans les filières du 2nd degré général. De plus, les ÉSPÉ ne seront pas encouragées à mettre en place "un tronc commun solide" aussi longtemps que les concours ne s'appuieront pas davantage "sur le socle commun des connaissances, de compétences et de culture". Les deux sénateurs s'inquiètent d'ailleurs d' "un morcellement excessif des enseignements du tronc commun" dans certaines ÉSPÉ, tandis que, "dans d’autres, des modules bien trop généralistes ne contribuent pas à la professionnalisation des stagiaires".

Cette professionnalisation suppose de plus que soit poursuivi "l'effort d’intégration des personnels de terrain dans les équipes des ÉSPÉ". Mais "la complexité administrative et organisationnelle, ainsi que la question de la prise en charge du coût financier sont encore des freins à la mise en place de conventions entre ÉSPÉ et rectorats pour donner une base solide à cette participation des professionnels de terrain à la formation de leurs futurs collègues".

A la recherche d'un adossement à la recherche, et d'un continuum

L’adossement à la recherche est indispensable, estiment les deux rapporteurs, mais il est "insuffisant", même si "les ÉSPÉ ont contribué à faire émerger d’intéressantes structures coopératives". Les écoles supérieures du professorat et de l'éducation "comptent à peine 33 % d’enseignants-chercheurs". Les étudiants de M2 se plaignent de la charge de travail que représente la réalisation d'un mémoire "qui doit comporter un contenu de recherche". "Une plus grande harmonisation est encore nécessaire mais d’ores et déjà 19 ÉSPÉ sur 28 ont élaboré des documents de cadrage de ce mémoire."

Autre exigence que pointent les deux rapporteurs, "l’instauration d’un continuum entre la licence et la formation continue", autrement dit en amont et en aval de la formation initiale sur les deux années de master. Ils prennent acte de la mise en extinction du dispositif des EAP (emplois d’avenir professeur) dont ils demandent l'évaluation et ils estiment que "les progrès sont encore maigres" en matière de formation continue. Les ÉSPÉ "restent très dépendantes des 'commandes' du rectorat" et seules "8 académies donnent des moyens à l’ÉSPÉ pour la formation continue dans le 1er degré, et seulement 7 en ce qui concerne le 2nd degré". Les évolutions sont "très balbutiantes, en raison notamment de résistances côté université" en ce qui concerne la formation initiale et continue des enseignants-chercheurs et des enseignants de l’enseignement supérieur"

Le rapport "L'an I des ÉSPÉ : un chantier structurel" est téléchargeable sur le site du Sénat, ici

Contact : secrétariat de la commission des affaires culturelles, ici

 

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