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"La réforme du collège ne changera strictement rien" (B. Apparu, interview)

Paru dans Scolaire le jeudi 28 mai 2015.

La réforme du collège a donné lieu à un intense débat parlementaire, et dans l'opposition, Bruno Le Maire a, à cette occasion, dévoilé sa vision de l'Ecole. Nous avons demandé à son collègue Benoist Apparu, député UMP comme lui, mais réputé proche d'Alain Juppé, comment il se situait.

ToutEduc : Quel jugement portez-vous sur cette réforme ?

Benoist Apparu : Elle ne casse pas trois pattes à un canard, pour reprendre l'expression consacrée. Elle a des aspects positifs, d'autres négatifs, c'est une réforme de plus, ce n'est pas elle qui nous permettra de remonter dans le classement PISA ni de rattraper les décrocheurs... Elle ne changera strictement rien. De plus, je ne suis pas sûr qu'elle constitue un tout cohérent avec les nouveaux programmes et le nouveau socle. 

ToutEduc : Le débat sur le collège n'a-t-il pas obligé la Droite à dévoiler son projet pour l'éducation plus tôt qu'elle ne l'avait prévu ?

Benoist Apparu : Non, il est dans le rôle de l'opposition de réagir, nous n'avons pas dévoilé nos batteries pour autant.

ToutEduc : Bruno Le Maire n'a-t-il pas promu un autre collège, sélectif dès la sixième, avec, "pour les nuls", un ensemble très réduit de disciplines ? 

Benoist Apparu : Ne caricaturez pas son projet. Il veut un tronc commun. Celui-ci va aujourd'hui jusqu'en 3ème, il estime qu'il faut le raccourcir. Il n'a pas dit de combien d'années, mais il me semble que c'est plutôt en fin de cinquième qu'il envisage d'avancer le palier d'orientation. Je ne partage pas son analyse. Je pense qu'il faut un tronc commun jusqu'en fin de 3ème, et le socle commun tel qu'il vient d'être adopté me convient. En revanche, si le programme est universel, ça n'a pas de sens d'avoir la même structure d’organisation dans un collège rural de 200 élèves, dans un collège de centre-ville de 600 élèves, ou dans un collège de la périphérie urbaine...

Je propose de donner à chaque établissement la possibilité de gérer la DHG annualisée et véritablement globalisée c'est-à-dire non disciplinaire et non maquettée au plan national. Aujourd’hui cette DHG est fixe selon les matières. L’équipe pédagogique devrait pouvoir répartir comme elle le juge utile les horaires de maths, par exemple, pour répondre aux spécificités des élèves (ou pour conduire un projet). Et si trois élèves ont besoin de 10h de français en petit groupe, le collège prend 10h sur la DHG. C'est comme cela qu'on préviendra le décrochage.

ToutEduc : Ne trouvez-vous pas le débat caricatural ?

Benoist Apparu : Ne confondons pas le jeu politique et le débat de fond. Le gouvernement a fait des erreurs, même si elles ne sont pas tragiques, et l'opposition prend en charge la contestation, c'est son rôle. Mais je vous accorde que ce n'est pas toujours très glorieux, comme ce n'est pas très glorieux de la part de la ministre de dire que nous avons "saccagé" l'Ecole. Le débat public ne gagne rien à cette caricature permanente.

Propos recueillis par P Bouchard et relus par B. Apparu

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