A quelles conditions l'évaluation des performances des élèves est-elle fiable ? (Revue Education & Formations)
Paru dans Scolaire, Orientation le mardi 26 mai 2015.
"L’évolution des scores au test de compréhension (traitement de phrases lacunaires et lecture silencieuse) est peu sensible à l’environnement familial et scolaire de l’élève. (…) En revanche, pour les épreuves de mémoire encyclopédique et de mathématiques, le collège aurait tendance à accroître les inégalités sociales." C’est la conclusion d’un article de Linda Ben Ali et Ronan Vourc’h du bureau de l’évaluation de la DEPP (le service statistique de l'Education nationale) qui s’appuie sur l’exploitation des données du panel d’élèves du second degré, initié en 2007, sur les évolutions des acquis cognitifs entre la sixième et la troisième.
En présentant le double numéro (86-87) de la revue Education&Formations qui contient treize articles sur le thème de l’évaluation des acquis élèves, des jeunes et des adultes, Catherine Moisan, directrice de l’évaluation, de la prospective et de la performance, a tenu à revenir sur la notion d’évaluation : "Les formes d’évaluation sont multiples. Evaluation des élèves dans la classe, évaluation certificative, formative, évaluation diagnostique, auto-évaluation… Très clairement, ce double numéro porte sur les évaluations standardisées."
Qu’est-ce qu’une évaluation standardisée ? Sur quelle méthode repose-t-elle ? Depuis quand pratique-t-on ce genre d’évaluation en France et à l’étranger ? A quoi sert-elle ? Cet ouvrage propose des éclairages utiles à la compréhension d’un certain nombre d’évaluations connues comme PISA (Programme for International student assessment) créé en 2000 ou CEDRE (Cycle des évaluations disciplinaires réalisées sur échantillons) lancé en 2003 et PIRLS (Progress in international reading literacy study) qui débute en 2001 ou encore LEC (Lire, écrire compter) dont les premiers résultats datent de 1987
Du papier au numérique
"Une évaluation sous forme numérique est-elle comparable à une évaluation papier-crayon ?", s’interrogent Pascal Bessoneau, Philippe Arzoumanian et Jean-Marc Pastor. Une expérience menée sur les compétences de base en français et en mathématiques en fin de primaire, fait apparaître "qu’en mathématiques comme en orthographe, peu de différences entre les taux de réussite selon les supports sont observées". Une autre expérience menée au collège constate qu’en mathématiques "les items sont moins bien réussis sur support numérique". Mais, selon les auteurs, il ne faut pas en tirer des conclusions hâtives : "L’évaluation sur support numérique en mathématiques serait pertinente à condition de prendre en compte l’environnement numérique dans la construction des items, de mettre à disposition des élèves des outils (tableur, logiciel de géométrie dynamique, grapheur, etc…) pour résoudre des problèmes selon les méthodes préconisées par les programmes officiels et de les utiliser dans le contexte habituel de la classe."
Constatant que les évaluations CEDRE de 2004 et de 2010 en anglais ont démontré que "les résultats des élèves de fin de CM2 sont en hausse significative, alors que ceux des élèves de fin de troisième affichent une tendance inverse", Sylvie Beuzon, Emile Garcia et Corinne Marchois en concluent qu’à l’école, il semble que trois facteurs aient joué un rôle prépondérant : "les efforts de formation continue pour les enseignants d’une part, un contact plus fréquent des élèves avec la langue anglaise en dehors du cadre scolaire d’autre part et enfin la volonté grandissante des parents de voir leur enfant mieux maîtriser l’anglais". En revanche, au collège, "à peine deux élèves sur dix ont une perception positive de leur performances en anglais ; ils ne se sentent pas encouragés par leurs enseignants. Les nouvelles technologies sont encore trop rarement utilisées en classe et contrairement à l’école l’exposition à la langue en dehors du cadre scolaire reste trop faible."
"Evaluation des acquis :principes, méthodologie, résultats", Revue Education & Formations, n° 86-87, mai 2015, 13€, téléchargeable sur www ;education.gouv.fr