Rencontres de l'ORME : Un premier prix eTwinning, deux collèges où l'interdisciplinarité passe par le numérique...
Paru dans Scolaire le vendredi 22 mai 2015.
Les rencontres de l'ORME à Marseille sont, comme chaque année, l'occasion de présenter une profusion d'initiatives pédagogiques impliquant le numérique. C'est une ULIS (unité localisée pour l'inclusion scolaire) du collège Lakanal d'Aubagne (Bouches-du-Rhône) qui reçoit à cette occasion le premier prix européen pour un projet eTwinning de langue française, avec une dizaine d'autres classes grecque, portugaise, turque, italienne, espagnole..., qui sont sur "la toile de Pénélope". Alexandra Tillet, l'enseignante spécialisée qui intervient auprès de ces élèves présentant tous des troubles des apprentissages, menait auparavant dans son école primaire un projet Comenius. "Dépitée" de devoir l'abandonner quand elle a été nommée en collège, elle en a trouvé un équivalent virtuel. Pour Marie-Christine Clément-Bonhomme qui est responsable de ce programme pour la France, il s'agit effectivement d' "un Erasmus virtuel", qui a les mêmes objectifs en termes de citoyenneté européenne, mais qui, ne distribuant aucun financement, laisse les enseignants parfaitement libres de définir la durée de leur projet, 15 jours, trois mois, une année..., comme le nombre des partenaires. Chaque élève prenant en charge une partie, l'enseignant peut répondre à ses besoins. "C'est un vecteur de transformation douce des pratiques pédagogiques."
Simon, qui est dyslexique, qui a "beaucoup de mal à se concentrer" et qui "n'aime pas écrire", a travaillé à des affiches sur les dangers de l'Internet. "On écrit beaucoup, mais je n'ai pas à me plaindre. Dans les autres cours, c'est chacun pour soi, là, si j'ai besoin d'un conseil, je peux demander de l'aide à un autre élève, on peut s'aider sans risquer d'être punis." Actuellement, quelque 310 000 enseignants de 35 pays, dont 30 000 Français, sont inscrits sur cette plateforme qui fête son dixième anniversaire. C'est à la fois un réseau social qui permet de trouver des partenaires et "un petit ENT" qui fournit des outils dédiés aux échanges.
A Marseille, le collège de la Belle-de-Mai s'apprête à passer en "REP+". Dans cet établissement difficile, toutes les classes de 6ème sont "à projets interdisciplinaires". Les aînés passant leur brevet cette année, les enseignants ont de "fortes attentes" : les taux de succès et de passage en seconde générale augmenteront-ils ? "Les élèves adhèrent", nous dit Frédéric Lebreton, professeur de mathématiques, qui présente un projet mathématiques et EPS. "Nous n'avions pas de terrain de sport pour mener un projet sur la course d'endurance et l'autoévaluation. Chaque élève doit prédire quelle distance il peut parcourir en un quart d'heure. Il nous fallait baliser une piste sur une surface de 60 mètres sur sept. Les élèves ont couru, mais ils ont vite coupé les angles, et la distance parcourue ne correspondait pas au périmètre d'un rectangle, comme ils l'avaient d'abord cru. Ils ont compris qu'ils avaient deux lignes droites et deux demi-cercles. Comment calculer un tel périmètre ? Par tâtonnements successifs, en travaillant avec géogebra, un logiciel de géométrie dynamique, mais aussi en enroulant un fil sur une bobine, ils ont fini par établir un rapport entre la circonférence du cercle et le diamètre, et ils ont découvert l'existence d'un rapport situé entre 3 et 4... Ils ont vu comment affiner le calcul... Ils ont aussi construit une mini base de données pour comparer les performances attendues et les performances réalisées."
Pour la liaison CM1-CM2-6ème, le professeur de mathématiques travaille avec son collègue de SVT sur le compostage, la chaîne alimentaire, les énergies renouvelables..."Ils acquièrent des compétences, la capacité à résoudre des problème." Les élèves travaillent en petites équipes autonomes sur ordinateurs, sans se laisser perturber par les visiteurs, comme ToutEduc a pu le constater.
Au collège de Rognes (Bouches-du-Rhône) aussi, les élèves travaillent en équipes. Une classe de troisième a présenté le travail mené à la fois en histoire, en anglais, en français, en arts plastiques, en musique... pour le centenaire de la guerre de 14-18, avec les affiches en hommage au grand père de leur professeur de techologie et à l'arrière-arrière grand-père d'une élève, et la réalisation de vidéos mêlant des images d'hier, de l'enfer, et d'aujourd'hui, avec des chansons d'époque. Ils ont aussi écrit des lettres de poilus fictifs, inventé des slogans patriotiques... Eux aussi témoignent d'une forte implication dans ce travail scolaire.
Le site eTwinning ici
Le site de la Toile de Pénélope ici
Le site du collège de La Belle de Mai ici
Le site du collège "Les Garrigues" à Rognes ici
le site des rencontres de l'ORME ici