Scolaire » Revue de la presse et des sites

Face à l’offre numérique : des outils mentaux de décryptage, de mise à distance et d’esprit critique (FCPE)

Paru dans Scolaire le mardi 14 avril 2015.

Peu après les tragiques événements de janvier, la ministre de l’éducation nationale annonçait que l’éducation aux médias et à l’information avait une place centrale "pour que les jeunes puissent être en mesure de saisir la réalité des faits, au-delà des images choc et des fausses explications". Concrètement, cette éducation aux médias est appelée à se généraliser de façon transversale, au sein de différentes disciplines; des documentalistes sont à former; la création d’un média -radio, blog, journal…- est encouragée dans chaque collège et lycée. C’est ce rappel qui introduit le dossier "éducation aux médias, former l’esprit critique des élèves" du numéro d’avril de "la revue des parents" éditée par la FCPE (ici).

D’ores et déjà, depuis des années, des enseignants, notamment issus de la pédagogie Freinet, de nombreux documentalistes, certains professeurs ont, comme le mentionne avec humour ce dossier, pris le taureau des médias par les cornes. Depuis 1983, le CLEMI (centre de liaison de l’enseignement et des médias d’information) impulse et/ou appuie des initiatives du terrain, fournit ressources documentaires et pédagogiques, assure des formations, accompagne la presse jeune, organise la semaine de la presse et des médias dans l’école qui touche chaque année plus de 3 millions 500 000 élèves et la journée du direct qui repose sur des productions d'actualité réalisées par des élèves.

Seule une minorité d'élèves bénéficie d’une éducation aux médias

Malgré tout, seule une minorité d'élèves bénéficie d’une éducation aux médias. La formation des enseignants, elle, se fait au compte-gouttes à travers des modules facultatifs proposés par certaines ESPE (écoles supérieures du professorat et de l’éducation). Contrairement à d’autres pays européens, la France a pris du retard en ce domaine. "En moyenne, les jeunes passent 1 500 heures par an devant un écran, 850 heures devant leurs professeurs et 50 heures par an à discuter en tête-à-tête avec leurs parents" explique Divina Frau-Meigs, sociologue des médias et directrice du CLEMI. Pour Laurence Corroy, spécialiste des médias et maître de conférences à la Sorbonne, "l’éducation nationale aujourd’hui est construite pour des enfants qui ont déjà un socle culturel alors qu’en réalité tous ne l’ont pas. Il y a une inégalité, non d’accès aux médias mais de lecture et de compréhension. Les jeunes ne sont pas tous égaux dans la recherche d’informations pour distinguer une bonne source d’une mauvaise, comparer des informations et des traitements d’opinions différentes. Tout cela s’apprend."

Avec Internet, les blogs et les réseaux sociaux, les jeunes sont devenus des producteurs d’informations, commentent, partagent, s’affichent et se positionnent. Pour Laurence Corroy, "il est urgent de développer des outils mentaux de décryptage, de mise à distance et d’esprit critique face à toute cette offre numérique". L’éducation aux médias a justement l’avantage de pouvoir utiliser le faire, l’agir. "Pour les élèves qui vivent cette expérience se posent immédiatement des questions éthiques, démocratiques et déontologiques... Écrire dans un journal ou s’atteler à produire de l’information, c’est comprendre aussi qu’on peut parler de ses maux avec des mots."

Laisser une place aux questions des élèves

Pour Divina Frau-Meigs, "une des grandes faiblesses de l’éducation nationale est d’occuper cette position d’autorité qui laisse peu de place aux questions des élèves, en partant du postulat que les élèves doivent accepter les résultats sans questionner. Il faut favoriser ces formats éducatifs qui permettent d’être dans la libération de la parole des jeunes. C’est ce droit à la question et à la formulation publique qui permettrait de faire un pas en avant."

"Pour former des citoyens avertis et lucides, l’éducation aux médias peut-elle être cependant suffisante?" interroge le dossier. Il tente une réponse en citant des propos d’Edgar Morin : "comme les illusions, les incertitudes, les incompréhensions progressent, on devrait penser à l’urgence de créer un enseignement propre à les affronter".

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