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Lycée - enseignement supérieur : Des systèmes plus "flexibles" pour "rendre les choix d’orientation moins discriminants"

Paru dans Scolaire, Orientation le jeudi 09 avril 2015.
Mots clés : orientation, bac+3, bac-3, supérieur

"Puisque les injonctions ponctuelles ne fonctionnent pas, va-t-il falloir intégrer dans la loi le continuum bac-3/bac+3, comme la loi de refondation de l’école l’a fait pour le lien école-collège ?" s’interrogeait le député (SRC) Emeric Bréhier, rapporteur de la mission d’information sur la liaison entre le lycée et l’enseignement supérieur, suite aux auditions du mercredi 8 avril.

Constat partagé par les différents intervenants, et déjà abordé lors des précédentes auditions : les filières du secondaire français, tubulaires, sont une exception au niveau international, et un "facteur de discontinuité" avec le supérieur. Pour Laure Endrizzi, chargée d’études et de recherche à l’IFE (Institut français de l’Education), "la tendance à l’étranger est clairement à aller vers des systèmes plus flexibles qui rendent les choix d’orientation moins discriminants". Favoriser la continuité entre le lycée et l’enseignement supérieur passe donc dans le secondaire par "une proposition de formations peu spécialisées, qui s’appuient sur des contenus décrits dans des référentiels de compétences". Il faut aussi selon elle miser sur "des formation modulaires", qui privilégient une validation par crédits capitalisables, comme cela se fait depuis longemps au Quebec ou en Suède.

Des combinaisons d'options

A l’étranger, l’enseignement général comporte des programmes d’études "généralement plutôt composés de combinaisons d’options". Le poids et la diversité de ces matières à option par rapport aux matières communes obligatoires varie cependant d’un pays à l’autre. Le bac à la française comporte, toutes filières confondues, entre 12 et 16 épreuves communes, "contre 4 ou 5 en Allemagne, 5 en Suisse, 2 au Québec ou 3 en Suède". Conséquence : cadré ainsi nationalement via des épreuves standardisées, alors que le contrôle continu est prééminent à l’étranger, le bac "fonctionne comme une fin en soi" en tant que premier grade universitaire et "ne prépare ni l’accès au marché du travail, ni celui à l’enseignement supérieur".

Pour Pierre Desbiolles, IGEN (inspecteur général de l'Education nationale), il faut en effet "questionner les héritages" et en particulier la "multiplication des épreuves terminales au bac". Il en donne un exemple : selon lui si on veut véritablement évaluer les compétences scientifiques de la série S, qui permet surtout aujourd’hui aux meilleurs élèves "de reculer l’heure du choix d’orientation", pourquoi ne pas garder "3 épreuves terminales nationales (SVT, Math, Physique-Chimie) avec un contrôle continu sur le reste des compétences ?"

Prérequis, passerelles et mobilité dans le supérieur

A la question, récurrente durant les auditions, du député Emeric Bréhier sur l’opportunité d’instaurer des "prérequis" dans l’accès à l’enseignement supérieur, Jean-Richard Cytermann, chef du service de l’IGAENR (inspection générale), rappelle que "tout le secondaire est organisé dans une division en séries" alors que l’entrée dans le supérieur "remet tout à zéro puisque le bac y donne accès de manière indifférenciée". Il précise qu’on "favorise une spécialisation au lycée puis on contredit immédiatement cela dans l’accès au supérieur". Dans ce cadre là "aller vers des prérequis qui ne soient pas une sélection" lui paraît "quelque chose de raisonnable". Il estime le chantier du bac-3/bac+3 sur la bonne voie puisqu’il "n’y a jamais eu un travail de coopération aussi intense entre la direction de l’enseignement scolaire et celle de l’enseignement supérieur". Problème : toutes les politiques mises en place "ont raisonné plus en termes de régulation des flux que de pédagogie".

Alain Plaud, inspecteur général à l’IGAENR, note ainsi les résultats "mitigés" de l’instauration des quotas de bacheliers professionnels en STS et IUT. Il les explique par "l’inertie" des systèmes d’orientation, la résistance des équipes enseignantes craignant "un nivellement pas le bas", ainsi que les "représentations" des jeunes bacheliers. Mais surtout par la "volatilité et la mobilité croissante" des néobacheliers, "un entrant sur 5 en BTS n’est pas un néo-bachelier, un sur 10 pour les IUT". Il estime que "la réflexion mécaniste basée sur la régulation des flux ne fonctionne pas face à cette volatilité", "l’un des grands enjeux de demain, ce sont donc les passerelles". La chercheuse Laure Endrizzy évoquait justement quelques instants plus tôt l’exemple de l’Allemagne, au système aussi très "segmenté et morcelé", mais dans lequel des possibilités multiples de passerelles entre tous les types de formation existent, du professionnel vers le général et vice-versa. "Ils ont même des écoles spécialisées chargées de faire la transition de l’un vers l’autre". Mais selon elle, les possibilités de navigation dans le système sont très souvent bien plus explicite qu’en France, "la démarche pour passer de telle formation à telle autre est inscrite dans les textes et dans la loi".

Le nécessaire développement de ces passerelles fait l’unanimité parmi les intervenants. Reprenant la notion d’école "bienveillante", chère à l’ancien ministre Vincent Peillon, Pierre Desbiolles conclut ainsi : "Il faut donner confiance aux élèves dans leur capacité à s’adapter, à évoluer. Leur expliquer : si vous vous engagez sur ce chemin, l’institution vous soutiendra. Et si vous vous trompez tout n’est pas perdu, vous pourrez faire autre chose".

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