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Patrick Mayen : "Les formations doivent venir aux établissements pour répondre aux besoins des enseignants"

Paru dans Scolaire le lundi 30 mars 2015.

Patrick Mayen est professeur à l'université de Bourgogne et responsable de l’unité de recherche "développement professionnel et formation" à Agrosup Dijon. Il intervenait lors du colloque de la Chaire Unesco "Former les enseignants au XXIe siècle" organisé les 26 et 27 mars à l’Institut français de l’Education – ENS de Lyon.

ToutEduc : Dans quelles conditions les situations de travail permettent-elles d’apprendre ?

Patrick Mayen : Il y en a plusieurs. Il faut d’abord que les gens se retrouvent dans des situations où il est possible, et où il est nécessaire de faire quelque chose de nouveau ou quelque chose qui demande de raisonner, de réfléchir au-delà de ce qu’ils feraient spontanément. Les garagistes, par exemple, sont régulièrement confrontés à des pannes. Ils doivent faire des diagnostics et disent en apprendre tous les jours. Mais être confronté à des difficultés ne suffit pas. Il faut aussi des lieux ressources. Cela passe entre autres par des espaces de coopération, or le travail des enseignants est solitaire. Tout est organisé le plus souvent comme si l’enseignement était un travail individuel alors que c’est un travail collectif. Dans ce sens leur situation habituelle de travail n’est pas très favorable pour apprendre

ToutEduc : Vous évoquez aussi le changement de perspective…

Patrick Mayen : On a aussi besoin d’être confrontés à des situations qui varient afin de développer des compétences. On a besoin de comprendre le travail des autres enseignants, de découvrir et comprendre la perspective des élèves, de découvrir et de comprendre ce qui se passe avant et après son propre travail. Tout cela suppose de pouvoir travailler hors de la classe.

ToutEduc : Quelle est la part des établissements pour favoriser les situations d’apprentissage ?

Patrick Mayen : Certains ont développé une organisation plus favorable. Les enseignants peuvent ouvrir leurs portes à d’autres collègues. Cela permet de voir comment font les autres, mais aussi de voir leurs élèves différemment. Il y a aussi la possibilité d’aller effectuer quelques heures dans un autre établissement. Il y a de vraies réunions de travail. Chacun organise son enseignement en fonction de celui des autres

ToutEduc : Comment le système actuel peut-il contribuer à ces situations ?

Patrick Mayen : En ne dissociant pas la formation initiale de la formation continue. En invitant les débutants dans les classes, mais aussi avec des espaces de parole, des réunions où on parle du travail. Dans leur formation, les infirmiers travaillent forcément en équipe, et ils apprennent beaucoup du groupe. C’est vrai aussi pour les enseignants. Il y a des pays où sont organisées de vraies réunions de travail sur leur temps de service, avec un encadrement qui permet que ce ne soit pas juste un lieu pour causer, mais un espace de travail, dans lequel on apprend. En outre, les formations doivent venir aux établissements pour répondre à leurs besoins et pas seulement se dérouler en dehors de ceux-ci.

Propos recueillis par Muriel Florin

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