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Egalité enseignantes - enseignants. Une discrimination invisible ? (colloque du SNES)

Paru dans Scolaire le jeudi 26 mars 2015.

"Chez nous, il n’y aurait personne pour assister à ce genre de débat" a regretté Trudy Kerterien, une syndicaliste des Pays-Bas, lorsqu’elle est intervenue au colloque organisé, le 26 mars, à Paris, par le SNES (syndicat FSU du second degré) sur le thème "Enseignantes, enseignants, le mythe de l’égalité". "Aux Pays-Bas, les inégalités entre enseignantes et enseignants sont flagrantes aussi bien au niveau des salaires que des perspectives de carrière", a affirmé Trudy Kerterien. "Mais, elles sont tolérées. Les établissements offrent systématiquement des temps partiels aux femmes. A cause du coût très élevé des crèches, les femmes cherchent plutôt à rester à la maison".

Alexandra Cornea, une syndicaliste de Roumanie, a elle-aussi souligné que "les femmes assurent beaucoup plus de responsabilités dans l’école mais trouvent ça normal. Si elles sont très présentes dans l’école, elles sont pratiquement absentes dans les échelons élevés de l’administration de l’éducation. Notre rôle syndical est d’essayer de changer les mentalités et de lutter contre les stéréotypes".

Des différences cachées

En organisant ce colloque, le SNES-FSU a souhaité "déconstruire le mythe de l’égalité femmes-hommes dans une profession qui se vit comme égalitaire" notamment à partir des travaux de recherche menés par Julie Jarty, sociologue et maîtresse de conférences à l’Université de Toulouse-Le Mirail, et par Dominique Cau-Bareille, ergonome et maîtresse de conférences à Lyon-II.

Cette recherche, intitulée "Trajectoires et rapports de genre chez les enseignant-e-s du second degré" montre clairement, selon Julie Jarty, que "les différences entre enseignantes et enseignants persistent même si elles sont cachées". Elle constate "un surinvestissement des femmes pour équilibrer leur vie privée et leur vie professionnelle, un sentiment de débordement, un stress dont elles n’osent pas parler de crainte de ne pas avoir l’emploi du temps qu’elles souhaitent". Même handicap au niveau des concours : "l’agrégation est un tremplin efficace mais problématique pour les femmes, elles préfèrent ne pas la tenter". L’éducation nationale reste "une organisation genrée" pour Julie Jarty. "Les femmes sont souvent victimes de harcèlements explicites ou implicites, dans des micro-situations répétées de sexisme ou de misogynie".

Les problèmes du temps partiel

Pour Dominique Cau-Bareille, "la baisse des moyens dans les établissements, l’engagement des enseignant-e-s dans de nombreux projets, notamment avec les régions, la participation à de plus en plus d’évaluations, rendent le surengagement difficile et particulièrement pour les femmes". Prenant l’exemple du temps partiel, elle constate qu’il est "une source de tension et de sentiment de culpabilité". Elle ajoute : "Les femmes sont l’objet de représailles, d’une perte de considération de la part de la hiérarchie, et elles hésitent à se plaindre".

Face à "l’invisibilité des discriminations", Dominique Cau-Bareille suggère notamment : "une sensibilisation de la direction des établissements au temps partiel, une mise à plat des critères participant à la note administrative, une formation des représentants syndicaux et des personnels de l’éducation nationale à la dimension du genre".

 

 

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