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L’idéal joue le rôle d' "un exosquelette pour les jeunes" (colloque)

Paru dans Scolaire, Périscolaire, Justice, Orientation le jeudi 26 mars 2015.

Pour le psychologue et psychanalyste Jacques Arènes, la jeunesse doit faire face, dans la société contemporaine, au "basculement de l’offre de sens vers une demande de sens". Il intervenait mercredi 25 mars en clôture d'un colloque organisé par le CEFRELCO sur "les jeunes et la religion" et était invité à apporter une approche psychique du fait religieux chez les jeunes.

Le psychanalyste reprend le constat exprimé par de nombreux intervenants du colloque : un "certain type d’autorité est en train de s’effacer aujourd’hui". Religions, lois républicaines ou traditions, "les grandes institutions qui pourvoient le sens" sont beaucoup moins présentes aujourd’hui, et leur impact dans la vie sociale est "plus diffus". Elles entrent par ailleurs en concurrence avec d’autres autorités et influences "moins explicites, hiérarchiques ou conventionnelles". Reprenant les propos de la philosophe Hannah Arendt, Jacques Arènes estime qu’on assiste à une "perte des assises du monde" qui oblige les individus à "trouver eux-mêmes leur place dans le collectif", à "exister et être reconnus, comme ils le peuvent, sur la scène sociale".

L’adolescence : entre dé-idéalisation et ré-idéalisation

Dans un monde "où chacun doit dorénavant définir lui-même sa trajectoire de sens donc, entre autres, sa trajectoire religieuse", l’adolescent confronté à cette "auto-portance" doit faire face, en plus, à une période personnelle de "dé-idéalisation" de ce que ses parents lui ont transmis afin de se réapproprier un idéal "qui serait sien". Contrairement à ce qu’on pourrait penser, "il est par ailleurs à un moment de sa vie où l’angoisse d’abandon est très importante".

Là où la majorité des adultes s’approprie un ou plusieurs idéaux "de manière interne, pour donner un sens à leur vie", l’adolescent utilise cet idéal "comme un objet extérieur" lui servant de "tapis narcissique" pour affirmer son identité. Pour le spécialiste, l’idéal devient alors chez le jeune un "exosquelette qui l’aide à tenir dans sa vie".

Entre adhésion forte et désolidarisation rapide

Il en résulte des postures radicales, voire parfois fondamentalistes, "plus clivées, solitaires, et surtout plus morcelées". "Les jeunes sont hébergés par ces grandes idéologies, auxquelles ils peuvent avoir une adhésion totale, rapide, extrême, suivie d’une désolidarisation tout aussi brutale".

Pour Jacques Arènes, "la posture du fondamentaliste a à voir avec la question de l’étranger, qui peut contaminer ma pensée, et avec celle de l’étrangeté". Beaucoup de jeunes ont à gérer cette nouvelle étrangeté "de se sentir hors de soi, de sa vie ou de son destin, d’avoir le sentiment de n’être pas vivant". "Il me semble que le désir de tuer, c’est aussi parfois pour eux une manière de montrer et de sentir qu’ils sont bien vivants."

Et de citer l’écrivain américain Don DeLillo : "Seul le fanatique, celui qui est prêt à tuer et à mourir pour sa foi est pris au sérieux dans notre société."

Voir aussi ToutEduc ici

Le site du CEFRELCO ici

 

 

Séverin Graveleau

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