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"Les enseignants ont toujours le pressentiment d’un coup fourré" (Blanche Lochmann, Société des agrégés)

Paru dans Scolaire le mercredi 25 mars 2015.

"Les enseignants ne sont pas hostiles à toute réforme, mais ils ont toujours le pressentiment d’un coup fourré" estime Blanche Lochmann, la présidente de la Société des agrégés. Mercredi 25 mars, lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes éducation-recherche (Ajéduc), elle a été interrogée sur la future réforme du collège.

Concernant la place des langues anciennes dans cette réforme, Blanche Lochman (elle-même agrégée en lettre classique NDLR) appréhende un "appauvrissement" et un enseignement "flou". Le projet de grille horaire dévoilé récemment ne prévoyant pas d’heures dédiées à ces disciplines, qui seraient intégrées aux EPI (enseignements pratiques interdisciplinaires), il y a selon elle un risque de "perdre l'apprentissage des bases de ces langues", et de tomber "dans un mélange de lettres, de civilisation et d’histoire, sans progression dans l’enseignement et dans la difficulté".

La présidente de la Société des agrégés s’est attachée à rappeler l’utilité, contemporaine, des lettres anciennes. Italie, Belgique, Allemagne, etc. , accordent selon elle beaucoup d’importance à ces langues. Celles-ci peuvent donc servir de "pont" entre les pays. A l’heure des réflexions sur la laïcité, la liberté d’expression ou la démocratie, latin et grec sont aussi en mesure "d’unir et mettre a égalité tous les élèves" explique-t-elle , "de réfléchir de façon détachée à ces questions", ainsi que "d’aborder les cultures du bassin méditerranéen". Le latin permet enfin de "donner un colonne vertébrale au français", de faciliter sa pratique et son apprentissage.

"On organise la pénurie dans toutes les disciplines"

Selon Blanche Lochmann, les enseignants se retrouvent pris "entre des annonces et objectifs ministériels nobles", la communication "qui les transforme en liste à puces compliquée", et leur réalisation concrète, souvent décevante. Elle prend pour exemple les annonces sur "l’accompagnement personnalisé de tous les élèves", devenu dans les établissements un accompagnement "par groupe de 30 élèves". "Les inspections le justifient aujourd'hui en expliquant que personnalisé ne signifie pas individualisé".

La ministre de l’Education nationale "défend sa réforme en insistant sur les postes créés" mais ceux-là "ne sont pas forcement la traduction de la dotation horaire dans les établissements". "On organise la pénurie dans toutes les disciplines" estime-t-elle, dans la mesure où les chefs d’établissement recoivent parfois une dotation horaire globale (DHG) minorée, provoquant une "concurrence, entre disciplines et entre professeurs". Elle donne l’exemple d’un établissement où un choix a dû être fait entre "latin et comédie musicale".

Pour une publication des dotations horaires globales

Face à cette situation "d’inégalité" entre établissements, Blanche Lochman souhaite que les dotations horaires globales soient rendues publiques, "afin de voir si cela correspond bien aux priorités affichées" par le ministère, "si les moyens que la réforme demande sont bien là".

Ce serait aussi l’occasion "d’informer le citoyen sur la manière avec laquelle sont utilisés ses impôts au sein de l’Education nationale". Ce serait enfin, et surtout, un premier pas pour s’attaquer à cette pénurie d’heures dans certains établissements, et apaiser des enseignants souvent "à fleur de peau" et pris "d’une sorte de fureur qui peut paraître étrange vue de l’extérieur".

Séverin Graveleau

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