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Hautes-Pyrénées: l'approche du socle favorisée dans un collège par la mise en œuvre d'évaluations communes interdisciplinaires

Paru dans Scolaire le mardi 17 mars 2015.

Le collège Jean Jaurès de Maubourguet (Hautes-Pyrénées) a mis en place des évaluations communes et interdisciplinaires à chaque niveau d'enseignement, afin de "de développer la cohérence et la progressivité des apprentissages des élèves" mais également de favoriser l'approche du socle commun de connaissances et de compétences auprès des enseignants. Un socle que les élèves de 3e doivent maîtriser pour l'obtention du DNB (Diplôme national du brevet) depuis 2011, mais dont la mise en œuvre reste aujourd'hui très disparate dans les établissements. Ce socle, introduit dans la loi de 2005, a été redéfini dans le cadre de la réforme du collège et adopté par le Conseil supérieur de l'éducation le 12 mars dernier. Il s'intitule désormais "socle commun de connaissances, de compétences et de culture".

Ces évaluations dites "en regards croisés", s'adressent, trois fois par an, en novembre, février et avril, aux élèves de chaque niveau, 6e, 5e et 4e. Instaurées l'année dernière, elles ont concerné progressivement l'ensemble des disciplines, à l'exception, pour l'instant, de l'EPS (Éducation physique et sportive). À titre d'exemples, elles ont déjà permis de combiner techno-SVT-sciences physiques; français-histoire-géo; maths-SVT-techno; arts plastiques-musique; histoire-géo-anglais; arts plastiques-musique-espagnol. Ces évaluations transversales sont mises en place également à l'oral, en 3e, seul niveau où les devoirs écrits ne sont pas instaurés puisque les élèves ont par ailleurs des brevets blancs. C'est le stage d'observation en entreprise qui donne lieu à une prestation orale, avec une présentation du stage, un argumentaire -"la capacité à argumenter faisant partie des compétences du socle", rappelle le Principal-, et une présentation en langue étrangère de l'un ou l'autre de ces éléments.

De la mise en place d'un système de révisions régulières à l'approche interdisciplinaire

Le dispositif a été instauré suite à une première expérimentation menée dès 2012: la mise en place de devoirs communs, mais disciplinaires au départ. L'initiative est partie d'un constat "basique", explique le Principal, Pascal Moureau: "les enseignants avaient remarqué que les façons d'apprendre des élèves changeaient et qu'ils avaient tendance à mobiliser surtout une mémoire temporaire pour un devoir. Et qu'il ne restait quasiment rien de ce qu'ils avaient appris quelques jours après. Nous avons donc voulu mettre en place un système pour les inciter à réviser régulièrement".

C'est la "lourdeur" du dispositif qui est à l'origine du choix porté sur des devoirs combinant plusieurs disciplines. Le premier a été mis en œuvre en mai 2013. "Au lieu de faire trois devoirs séparés qui mobilisaient une semaine sur quatre ou cinq sessions, on s'est dit pourquoi ne pas créer un devoir qui combinerait deux ou trois disciplines", poursuit le Principal. "Ce qui a permis une mise en place très concrète du socle commun, car les enseignants ont été obligés de sortir d'une approche disciplinaire et de se mettre d'accord sur les critères d'évaluation, les connaissances et les compétences attendues, etc."

L'accompagnement de l'IA-IPR et d'un enseignant de l'ESPE 

Pour ce faire, les enseignants ont bénéficié d'un accompagnement de l'IA-IPR (Inspecteur d'académie-inspecteur pédagogique régional) dès le premier devoir, et d'une FIL (Formation d'initiative locale), animée par une enseignante de l'ESPE (École supérieure du professorat et de l'éducation), proposée fin novembre 2014 pour exploiter les résultats et développer l'analyse des erreurs. Un accompagnement qui s'est "avéré essentiel", selon l'IA-IPR, Brigitte Abisset, "pour expliquer le socle, rassurer, et ne pas perdre de temps" et pour rentrer "dans une démarche de réflexion collective sur leurs devoirs et donc de projet: sur quelles compétences transversales travailler, comment harmoniser la forme, être clair sur le sens, les consignes, etc.?

Ils ont pu également rentrer dans une culture réflexive: qu'a-t-on fait, pourquoi ça a marché, ça n'a pas marché, comment l'améliorer, etc.?". Démarche qui a eu pour principal effet, selon, l'IA-IPR, de faire changer les enseignants "de cible d'analyse". "Ils ne focalisent plus sur l'élève qui doit restituer ce qu'il a appris", explique-t-elle. "Ils attendent de lui qu'il soit capable de mobiliser des capacités et des connaissances. On est donc bien dans le cœur du socle: tu mobilises tes capacités."

Des effets constatés sur les pratiques enseignantes et des "attendus" du côté des élèves

Si l'an passé aucun temps spécifique n'a été dégagé pour la mise en place de ces devoirs communs, cette année la direction a décidé d'utiliser la deuxième journée dédiée à du temps de concertation en plus de la journée de pré-rentrée. "Celle-ci a néanmoins été découpée sur trois temps, de 17h à 19h chaque fois 15 jours avant les devoirs communs, pour éviter de faire manquer des cours aux élèves", précise Pascal Moureau. "Ce temps ne sert pas à créer les devoirs mais à s'entendre sur les barèmes, sur les compétences et connaissances à évaluer et faire le lien avec le socle."

Les acteurs éducatifs notent déjà d'autres effets sur les pratiques en plus du développement d'une approche davantage transversale et d'une "culture réflexive", notamment le développement du travail en équipe.

Concernant les élèves, les acteurs parlent encore d'"attendus", au regard de la durée de l'expérimentation, trop courte, qui ne permet pas encore d'apprécier les effets sur l'apprentissage et la maîtrise du socle. Pour autant, l'IA-IPR estime que le dispositif permettra "le décloisonnement des connaissances et de développer chez les élèves la capacité à toutes les mobiliser". Une première mesure des impacts devrait être faite au travers des évaluations diagnostiques menées à l'entrée en seconde.

Camille Pons

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