Scolaire » Actualité

LV2 dès la 5e : l'Académie de Toulouse l'a déjà mise en place dès la rentrée 2014 dans tous les collèges

Paru dans Scolaire le jeudi 12 mars 2015.

Alors que l'apprentissage d'une deuxième langue vivante (LV2) dès la 5e est inscrite dans la réforme du collège présentée ce mercredi 11 mars 2015 en Conseil des ministres par Najat Vallaud-Belkacem, la ministre de l'Éducation nationale, l'Académie de Toulouse teste ce dispositif depuis la rentrée 2014 dans l'ensemble des collèges, publics et privés, auprès de respectivement 112 000 et 23 514 élèves répartis dans 320 établissements. Un dispositif mis en place "avec l'autorisation du cabinet du ministère, à titre dérogatoire", explique la rectrice de l'Académie, Hélène Bernard, puisque c'est la seule académie à proposer actuellement cette LV2 dès la 5e avec celle de Rennes, qui la propose de son côté sur la base du volontariat. Ce dispositif devrait faire l'objet, dans le cadre de la réforme du collège, "d'un intérêt particulier" de la part du ministère, avec qui l'académie a prévu de partager les "attendus" et les "résultats", partiels dès la fin de cette première année scolaire et complets d'ici 4 ans.

Initié selon la rectrice, par son prédécesseur, Olivier Dugrip, ce projet a été entériné en décembre 2013 et répond, explique-t-elle, à deux enjeux principaux: "un souci d'égalité de traitement en matière d'apprentissage des langues, mais aussi de cohérence avec la mise en place des nouveaux cycles instaurés par la loi de refondation de l'École."

Le choix de ne plus accorder de financements spécifiques aux classes bilangues

"L'académie avait fait le constat d'une grande hétérogénéité dans l'offre des langues sans aucune autre justification que les diverses politiques menées jusque là, ce qui aboutissait à des inégalités de traitement des élèves, non pas au regard des matières obligatoires mais de ce qui pouvait être proposé en sus", précise Hélène Bernard. "Ainsi, le développement du bilinguisme dès la 6e était extrêmement disparate. On pouvait voir, par exemple, qu'un peu plus de la moitié des élèves du Lot avait la possibilité de suivre deux langues en 6e, contre moins de 4% en Ariège et encore moins en Haute-Garonne. Tout cela n'avait ni queue ni tête!" Pour la rectrice, ce choix permet aussi "d'assurer une cohérence avec les nouveaux cycles instaurés par la loi de refondation". "Le cycle 3 englobe le CM1, le CM2 et la 6e, il était aberrant de démarrer une deuxième langue en 6e sachant que les élèves doivent appréhender désormais une langue vivante dès le primaire, mais logique d'en démarrer une deuxième après le cycle 3, donc dès la 5e", précise-t-elle encore.

Deux heures ont été instaurées en 5e, en plus de l'emploi du temps des collégiens. Parce que ce nouveau dispositif "coûte, en heures et donc en postes", l'Académie a par ailleurs choisi de passer de quatre heures d'anglais obligatoires en 6e à trois heures, et cessé de financer les classes bilangues en 6e "à l'exception des classes bilangues allemandes, l'allemand bénéficiant d'une politique de sauvetage", précise encore la rectrice. Pour autant, les établissements peuvent les conserver mais "sans financement spécifique".

La contestation du SNES mais l'appui de la FCPE

Si le SNES a critiqué le passage à une heure de moins pour la LV1 en 6e et juge insuffisantes les deux heures accordées à la LV2 en 5e, la rectrice assure que ce dispositif a fait l'objet d'une concertation avec les principales fédérations de parents d'élèves et reçu un appui de la FCPE, plutôt "hostile aux classes bilangues", selon elle, et qui voyait dans celles-ci  "une source d'inégalité et un moyen d'évitement de la carte scolaire".

En plus d'un souci d'équité et de cohérence avec la refondation de l'École, la rectrice avance d'autres arguments qui justifient, selon elle, la mise en place d'un tel dispositif: "l'heure hebdomadaire supplémentaire gagnée au final pour l'apprentissage des langues vivantes au collège permet d'instaurer une meilleure progressivité dans l'apprentissage des langues et offre une meilleure exposition aux langues. Le dispositif devrait permettre aux élèves d'atteindre le niveau A2 (du cadre européen commun de référence pour les langues, ndlr) en fin de 3e pour les deux langues."

Des enseignants avaient fait également part de leur inquiétude pour tenir le programme de LV1 en 6e avec une heure hebdomadaire en moins. Pour la rectrice, qui affirme n'avoir noté à ce jour "aucun retour de difficultés concernant la cadence de l'apprentissage", les quatre heures obligatoires en 6e semblent moins justifiées depuis l'instauration de l'initiation à une langue vivante dès le primaire. Les enseignants ont par ailleurs, indique-t-elle, bénéficié d'un accompagnement et de propositions d'encadrement de la part des IA-IPR (inspecteurs d'académie-Inspecteurs pédagogiques régionaux). L'impact au niveau de l'apprentissage en fin de 6e sera évalué dès cet année. L'évaluation globale du dispositif a fait l'objet de l'élaboration d'un protocole par les IA-IPR et les résultats devraient être appréciés dans leur globalité d'ici 2017-2018, indique encore la rectrice.

Camille Pons

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →