Lycée - enseignement supérieur : les syndicats mettent en garde contre toute solution simpliste
Paru dans Scolaire, Orientation le vendredi 06 février 2015.
"Nous n'assistons jamais à des cursus linéaires depuis les voeux émis sur APB (le système informatisé d'orientation des futurs bacheliers dans l'enseignement supérieur, ndlr) et la réalité des études." Ce constat du SNES (le syndicat FSU de second degré) faisait sans doute consensus, hier 5 février, parmi les syndcats et associations d'enseignants entendus pas la "mission d’information sur les liens entre le lycée et l’enseignement supérieur" (Assemblée nationale) qui soulignent une "énorme méconnaissance" entre les deux niveaux d'enseignement. Autre point de consensus, la défense et illustration des BTS. Le SNES "ne se reconnaît pas dans la formule bac-3/bac+3" qui fait l'impasse sur ce "bac+2" que "de nombreux lycéens cherchent à valider".
Tous sont d'ailleurs inquiets de la mission confiée par Geneviève Fioraso à Christian Lerminiaux. La secrétaire d'Etat a chargé l'ancien directeur de l'université de technologie de Troyes d'une mission sur la création d'une nouvelle filière pour les bacheliers professionnels. Pourquoi créer un BPS, un "brevet professionnel supérieur", l'équivalent du BTS pour les bacheliers professionnels, qui ne répond pas "à une demande des professions". "Où? Quelle place dans le registre des diplômes ? pour répondre à quels réels besoins ?" résume le SNETAA. Le syndicat FO de l'enseignement professionnel y voit une volonté de "mettre à côté" cette voie. Mieux vaudrait travailler à une meilleure réussite des bacheliers professionnels en BTS. D'ailleurs, pour l'APROTECT (l'association des professeurs techniques chefs de travaux), plus il y a de bacheliers professionnels, plus ils réussissent.
Un échec de la réforme Chatel
Autre point de consensus, la réforme Chatel du lycée a échoué à rééquilibrer les séries de l'enseignement général ou à créer des passerelles entre elles. Comme l'explique le SNALC (syndicat FGAF des lycées et collèges), l'accompagnement personnalisé ne répond pas aux besoins des élèves puisqu'il est utilisé comme une variable d'ajustement des emplois du temps des enseignants, et les enseignements d'exploration sont perçus comme "secondaires". Et tous dénoncent la réforme de la série STI2D (la série industrielle du lycée technologique), mal pilotée, qui a provoqué un échec lourd pour les élèves qui poursuivent en STS ou IUT et une perte d'identité des enseignants, devenus "professeurs de tout" et non plus d'une spécialité.
En revanche, la question de l'apprentissage divise. Pour le SNETAA, c'est "la pire des solutions", et d'ailleurs "le système dual allemand ne fonctionne pas", alors que pour le SNPCT (le syndicat UNSA des chefs de travaux), la mixité des publics, sous statut scolaire, d'apprentis ou de stagiaires de la formation continue est "une richesse". Mais tous sont soucieux d'éviter les sorties sans qualification, à tous les niveaux, du CAP au BTS, et cette préoccupation est peut-être plus prégnante que celle des poursuites d'études au-delà du bac+2.