Redoublement : sa suppression permettrait de faire des économies, mais à long terme seulement
Paru dans Scolaire le mardi 27 janvier 2015.
Le coût du redoublement dans le primaire et le secondaire est évalué à 2 milliards d’euros (hors classes diplômantes), dont la moitié pour l'enseignement obligatoire (école primaire et collège) selon une étude confiée par le CNESCO à l'Institut des politiques publiques. Le Conseil national d'évaluation du système scolaire publie ce résultat alors qu'il lance la conférence de consensus sur le redoublement, et il précise que le calcul porte sur les dépenses de l'Etat et des collectivités territoriales. L'étude montre aussi que les élèves qui ont redoublé une fois restent un an de plus dans le système scolaire, autrement dit que leur redoublement ne leur permet pas d'aller plus loin que s'ils n'avaient pas redoublé. En revanche, a probabilité qu'ils soient orientés vers la voie professionnelle plutôt que vers la voie générale et technologique est plus forte.
Mais, ajoute ce CNESCO, l'économie qui serait réalisée par la suppression pure et simple du redoublement en 2015 ne serait disponible "qu'à l’issue d’une période transitoire relativement longue", soit en 2027, selon le CNESCO. "En effet, à court terme, un élève de CM2 qui ne redouble plus ne réduit pas la dépense éducative (il coûte une année de 6ème au lieu d’une année de CM2)" et "l’économie qui résulte d’une sortie plus rapide du système scolaire n’est réalisée qu’à la fin de chaque carrière scolaire". La suppression du redoublement coûterait même, la première année "près de 20 millions d'euros" et "les premières économies budgétaires (237 millions d'euros) apparaissent deux ans plus tard ".
Le dossier de presse du CNESCO cite, parmi d'autres exemples d'établissements innovants qui ont mis en place des stratégies de réduction du redoublement, le collège Anatole France (Les Clayes-sous-Bois, Yvelines) avec un temps d’accueil le matin, des études surveillées le soir, un projet en groupe durant une semaine toutes les 5-6 semaines, des enseignements par pôles "afin de décloisonner les disciplines, des ateliers transdisciplinaires, des formats de cours différents, la généralisation du tutorat (...), un bulletin repensé pour faire apparaitre les points d’appui des élèves, des présentations régulières des travaux aux parents d’élèves en soirée, un questionnaire de satisfaction."
Les mesures alternatives pour éviter le redoublement
Le CNESCO présente de plus une synthèse des trois rapports qu'il a déjà publiés sur le redoublement dont les recherches mettent en évidence les "effets contrastés entre le court et long terme", mais qui a "toujours un effet neégatif sur les trajectoires scolaires et demeure le meilleur déterminant du décrochage". Pourtant, les enseignants et les parents "restent attachés au redoublement". Des alternatives existent pourtant, comme "la possibilité de passer des épreuves supplémentaires en fin d’année scolaire pour rattraper les cours pour lesquels les notes ont été jugées trop faibles", le passage dans la classe supérieure avec un programme de rattrapage dans une matière, des écoles d’été avec un examen en septembre, l'organisation pluriannuelle des programmes scolaires, le "looping, qui consiste, pour une même classe, aà conserver le même enseignant pendant plusieurs années", la réduction des effectifs pour les élèves défavorisés, en élémentaire et en maternelle, le tutorat et le soutien scolaire précoce, dès la maternelle ..
Le CNESCO constate que les collégiens et les lyces sont favorables à la recherche de solutions alternatives, très conscients des effets psycho-sociaux négatifs du redoublement, qui "démotive" et "entraîne un sentiment d'infériorité", mais qu'ils n'en sont pas moins "attachés au redoublement", surtout s'ils sont bons élèves, déjà au lycée, et c'est davantage vrai pour les filles que pour les garçons. "80 % des élèves perçoivent le redoublement comme une seconde chance", mais 35 % des redoublants disent avoir eu envie d’arrêter l’école.