F. Hollande : "Les enfances perdues, c'est le rôle de l'Ecole de les rattraper"
Paru dans Scolaire le mercredi 21 janvier 2015.
François Hollande annonce des "assises" de l'éducation "avant la fin de l'année scolaire". Le président de la République présentait, ce 21 janvier, ses voeux au monde éducatif. Son grand discours, 50 minutes, n'a donné lieu qu'à peu d'annonces concrètes, mais le chef de l'Etat a martelé une conception de l'Ecole, qui doit à la fois "transmettre des savoirs" et "la force de nos valeurs" et qui doit "faire aimer la République". Il s'agit de retrouver l'esprit de la lettre de Jules Ferry aux instituteurs.
A noter parmi les annonces, outre ces assises qui doivent inscrire dans le long terme les mesures à prendre et marquer un "acte II" de la refondation, F. Hollande évoque "des mesures immédiates", et la mise en place "d'un enseignement laïc du fait religieux", mais aussi une éducation "aux médias", "à l'information" pour apprendre "à décrypter", à "faire la part des choses". Il assortit son propos d'un volet sur l'autorité du maître, sans lequel il n'y a pas de transmission, et qui n'est pas "un fonctionnaire comme les autres". Les élèves lui doivent le respect et "tout comportement mettant en cause les valeurs de la République" devra être signalé, "aucun incident ne sera laissé sans suite". Le président en appelle d'ailleurs aux chefs d'établissement pour que soient détectés et signalés, s'il le faut à la police, ou transmis à la Justice, tous les "signes précurseurs" de la radicalisation. Il demande aussi que les familles signent le règlement intérieur et la charte de la laïcité. Et Le 9 décembre, journée de la laïcité, sera célébrée dans tous les établissements, les travaux qui y prépareront les élèves seront inscrits dans le projet d'école.
Un plan exceptionnel pour la formation continue des enseignants
Le président annonce d'ailleurs un "plan exceptionnel" pour la formation continue des enseignants à la laïcité et au fait religieux, la formation initiale sera "améliorée" et les concours de recrutement devront prendre en compte "la capacité à transmettre ces principes". Dans les ESPE (écoles supérieures du professorat et de l'éducation), "toutes les mesures correctrices seront prises".
L'Ecole ne doit toutefois pas se considérer comme une "citadelle assiégée", "isolée". Le président demande qu'à l'image de la réserve qui existe pour l'armée soit créée dans chaque académie une "réserve citoyenne" permettant de mobiliser des journalistes, des avocats, des artistes... pour que écoles, collectivités, associations, élus, entreprises "travaillent ensemble".
Autre "chantier prioritaire", la maîtrise du français, et la détection, dès le cours élémentaire, des élèves qui sont en difficulté, afin que chacun soit aidé. Car, dit-il, "l'imaginaire, c'est la lecture et l'écriture". Le président annonce encore une augmentation de 20 % (soit 45 millions d'€) des fonds sociaux, et de nouveaux moyens pour lutter contre le décrochage.
La confirmation de la priorité à l'éducation
F. Hollande a aussi à coeur de rappeler ce qui a été fait depuis 2012. Il confirme les 60 000 recrutements, il justifie la réforme de l'éducation prioritaire, même si "il a fallu faire des choix". Il se félicite de l'ouverture de classes pour les moins de 3 ans, de l'accueil des élèves en situation de handicap, de la réforme des rythmes, et il attend la réforme de l'évaluation, même s'il considère que l'école doit "continuer à noter", les familles et les élèves ayant besoin d'informations. Elle ne doit pourtant "pas blesser", elle doit de même "orienter, pas écarter".
La réforme du collège sera très prochainement annoncée, tout comme le sera le "grand plan numérique". Le CSP (conseil supérieur des programmes) fera des propositions sur "les sciences du numérique" et l'apprentissage "du codage dès l'école primaire".
Si le président a conclu ses voeux en s'adressant aux enseignants et à l'ensemble des personnels de l'éducation avec cette formule, "la République a besoin de vous", il avait auparavant souligné combien "l'école est attendue", combien la société place en elle ses espoirs, "car tant de choses se jouent dès l'enfance, la petite enfance", mais aussi parce qu'on a "toujours une chance, une possibilité d'accomplir son destin", et que, "des enfances perdues, c'est le rôle de l'Ecole de les rattraper".
La vidéo du discours ici