L’implication des parents améliore-t-elle les résultats des élèves ? (Education et formations, DEPP)
Paru dans Scolaire le mardi 02 décembre 2014.
La mesure des effets de l’implication parentale sur les performances des élèves est un exercice délicat qui "nécessite d’établir un jeu d’hypothèses permettant d’éclairer la boîte noire des effets propres de l’engagement des parents". Dans un article consacré à l'implication des parents dans la réussite éducative à l’école (Education formations), Robert Rakocevic détaille les données récoltées à partir de l’enquête PISA 2009 sur quatre dispositifs nationaux qui visent à mesurer et à améliorer l’implication des parents (France, Royaume-Uni, Finlande, Suède) mais il laisse entrevoir la difficulté d’établir les questionnaires pertinents pour mesurer et proposer une amélioration de l’engagement parental, du fait de l’entrelacs de rapports structuraux voire culturels selon les pays.
Car "l’engagement des parents a-t-il un effet sur la réussite scolaire des élèves ou sur tout autre domaine sur lequel il est censé agir ?" La réponse est paradoxale, "les résultats de l’enquête PISA 2009 montrent que les élèves davantage aidés par leurs parents à faire leurs devoirs obtiennent en moyenne de moins bons résultats au test en compréhension de l’écrit."
Des biais statistiques
Pourtant les parents de ces élèves s’impliquent aussi en prenant l’initiative de rencontrer les enseignants. "En réalité, explique l’auteur, les parents sollicitent davantage l’école lorsque leur enfant a déjà de moins bons résultats et a donc le plus besoin d’être aidés." Mais les élèves avec lesquels les parents partagent des activités liées à la langue dans la petite enfance "ont une meilleure compréhension de l’écrit lorsqu’ils atteignent 15 ans"… Cela vaut "pour la lecture de livres et pour les conversations", lorsque les parents demandent au jeune enfant de réfléchir sur ses expériences" et qu'ils sont à la fois soucieux de règles et en même temps chaleureux. Avec cet autre constat "ceci est vrai dans tous les milieux sociaux".
Ensuite, lorsque l’élève a 15 ans d’autres formes d’investissement continueront d’influencer positivement. "Ceci vaut surtout pour le fait de discuter avec son enfant sur des sujets politiques et sociaux" (à cet égard Italie, Portugal et Danemark constituent des exemples européens probants, comme la Nouvelle-Zélande et la Corée du Sud). Des activités similaires "comme les discussions sur des livres, films et programmes de télévision" donnent des résultats comparables.
Manque de rigueur des évaluations
Toutefois, avertit l’auteur, l’implication parentale positivement corrélée aux résultats de l’élève est loin d’être mesurée systématiquement. Avec Homework, le dispositif spécifique qui s’adresse aux parents au Royaume-Uni, avec des solutions numériques innovantes, les parents du Sussex s’engagent davantage mais "aucun protocole rigoureux n’est mis en place pour déterminer les acquis des élèves en mathématiques", la recherche constatant "un possible" effet positif. Dans "Lis moi quelque chose papa" conçu pour les familles ouvrières en Suède (améliorer les habitudes de lecture en améliorant celles des pères), "l’activité de lecture est mesurée (nombre de livres lus avant et après l’intervention) et non la maîtrise de l’écrit, que ce soit chez le père ou chez l’enfant, pas plus que le niveau d’engagement civique des parents".
Les questionnaires pour des dispositifs comme "La mallette des parents" en France doivent donc être améliorés, nous dit en filigrane R. Rakocevic car "ils laissent en partie dans l’ombre une implication tout aussi importante des familles populaires" alors que se vérifie que "les parents économiquement et culturellement favorisés s’engagent en moyenne plus que les parents défavorisés dans la plupart des activités" même s’il faut garder à l’esprit l'intérêt que portent au dialogue avec les enseignants les familles modestes au Danemark.
L’Implication des parents in Education et Formations n° 85, nov. 2104, MEN, prix : 13 euros.