Salon de l’Éducation: N. Vallaud-Belkacem confirme la réforme de la répartition des moyens donnés aux établissements
Paru dans Scolaire le vendredi 28 novembre 2014.
"Dès janvier 2015, je présenterai une réforme qui permettra aux écoles, collèges, lycées de recevoir des moyens proportionnés aux effectifs mais aussi aux situations économiques et sociales des élèves". C'est l'une des annonces faites par la ministre de l'Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, Najat Vallaud-Belkacem, ce vendredi 28 novembre 2014, à l'occasion de la rencontre nationale organisée par la Ligue de l'enseignement sur le thème "Refondation de l’École: deux ans... Et après?", dans le cadre de la 16e édition du salon européen de l'éducation qui se tient à Paris jusqu'au 30 novembre.
Cette réforme de répartition des moyens doit pallier selon elle un système devenu "aveugle" aux réalités économiques et sociales des élèves et répondre à l'un des objectifs qu'elle s'est fixés en arrivant au ministère, celui de "faire reculer les déterminismes sociaux dans l’École", en "donnant plus à ceux qui ont le moins".
Cette réforme d'allocations des moyens doit notamment constituer une alternative pour ceux qui ne seront pas inscrits en REP (Réseaux d'éducation prioritaires) dans le cadre de la nouvelle carte de l'éducation prioritaire qui est en train de se mettre en place. "À côté des 350 millions dédiés aux REP, nous veillerons à ce que chaque établissement se voie doté de moyens adaptés aux freins sociaux qu'il rencontre", a-t-elle souligné, en prolongement des annonces déjà faites le 17 novembre dernier (ici).
La ministre a rappelé les résultats de l'enquête PISA et égrainé un certain nombre de constats chiffrés, parmi lesquels le fait qu'aujourd'hui encore un enfant d'ouvrier a deux fois moins de chances qu'un enfant de cadre d'avoir un bac général ou encore de décrocher un diplôme d'enseignement supérieur.
Droit d'accès aux bacheliers issus de milieux défavorisés à des filières universitaires sélectives
Dans cette même logique "d'exigence d'égalité", elle a annoncé également qu'elle proposerait à des bacheliers issus de milieux sociaux défavorisés "un droit d'accès à une filière sélective de l'enseignement supérieur", et qu'elle était "prête", pour les écoles rurales isolées, "fragiles mais indispensables", "à garantir le maintien de tout ou partie des postes, même si les effectifs baiss[ai]ent, à condition que les établissements acceptent de s'inscrire dans une réorganisation en créant des regroupements pédagogiques intercommunaux", ce qu'elle avait également annoncé le 17 novembre dernier.
La ministre a fait un état des lieux de la mesure "scolarisation des moins de trois ans" qui, selon elle, "a, depuis 2012, crû de manière importante". Aujourd'hui, le taux serait de 20 % au niveau national, et "l'objectif de 30 % atteint déjà dans certains territoires, comme en Nord-Pas-de-Calais".
Nouveau collège : un tronc commun mais aussi des différenciations pédagogiques
Enfin, en plus d'annoncer la programmation, dès le 1er semestre 2015, de la formation des enseignants de maternelle dont les nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée 2015, et celle, en 2015-2016, des enseignants des écoles élémentaires dont les nouveaux programmes entreront en vigueur à la rentrée 2016, elle a donné les grandes lignes qui préfigurent le nouveau collège. Un collège dont, estime-t-elle, "l'organisation pour l'instant n'est pas adaptée aux élèves qui arrivent, en difficulté, en 6e". Cette réforme du collège, qui sera lancée en 2015, indique-t-elle, sera bâtie autour d'un tronc commun "le plus large et le plus global possible" -parce que les systèmes éducatifs "les plus performants" sont bâtis autour de ce tronc commun-, mais aussi autour de "pratiques différenciées, pour permettre notamment la prise en charge de ceux qui sont en difficulté".
Dans la même logique, il est prévu de former les enseignants afin qu'ils sachent détecter et prévenir les situations de décrochage, et de mettre en place des dispositifs spécifiques, comme l'inscription de décrocheurs dans des actions de service civique avant de les faire revenir dans l'établissement, des dispositifs de tutorat, etc.
Un numéro d'assistance dédié aux parents pour les informer sur les dispositifs d'accompagnement
Dans le cadre de cette réforme du collège, sera également mis en place "un numéro d'assistance et d'information pour les parents pour qu'ils soient informés sur les dispositifs d'accompagnement", et organisée "une semaine de la persévérance scolaire" notamment pour valoriser le Collectif des associations partenaires de l’école publique (CAPE). L'objectif de ces mesures étant "de diviser par deux, d'ici 2017, le nombre de jeunes qui sortent sans qualification du système scolaire".
Enfin, en matière d'évaluation, la ministre a évoqué l'exemple du collège de Vic-Fezensac (Gers) qu'elle a visité récemment et où "le nombre de décrocheurs est passé en quelques années de 20 à 10%, avec un taux de réussite au DNB (diplôme national du brevet) toujours aussi élevé, grâce à la mise en place d'un système d'évaluation par compétences".
Une convention a par ailleurs été signée à la fin de l'intervention de Najat Vallaud-Belkacem, entre la ministre, le réseau national des ÉSPE (Écoles supérieures du professorat et de l’éducation) et le CAPE, qui permet d'associer ce dernier partenaire à la mission de formation des professionnels de l'enseignement, de l'éducation et de la formation, et de renforcer les ouvertures et rapprochements "tout autant dans la formation initiale et continue de tous les personnels de l'éducation nationale que dans l'extension aux autres métiers de l’éducation, de la formation, de l’animation et du sport tant dans le champ associatif que dans la fonction publique territoriale".
Camille Pons