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Les Français sont attachés aux notes, mais sont conscients de leurs effets pervers (APEL-OpinionWay)

Paru dans Scolaire le mardi 18 novembre 2014.

Les notes sont un "bon outil d'évaluation" du travail des élèves, mais elles dépendent aussi de la personnalité de l'enseignant, du comportement de l'élève, du niveau de la classe, de l'atmosphère de l'établissement; elles sont également susceptibles de provoquer des "dommages collatéraux", notamment en termes d'estime de soi, et 73 % des parents sont favorables à une diminution de leur poids "au profit d'autres outils d'évaluation", un pourcentage qui monte à 87 % pour les parents en éducation prioritaire. Ce sont les principaux enseignements d'un sondage "OpinionWay" pour l'APEL (l'Association de parents d’élèves de l’enseignement libre). Le sujet a été choisi l'année dernière, assure sa présidente, mais sa publication, ce 18 novembre, intervient juste après la visite de la ministre de l'Education nationale dans un collège "sans notes" (dont ToutEduc avait déjà évoqué le travail en 2011, ici).

Ce sondage révèle que les mauvaises notes n'ont tendance à "donner envie aux élèves de travailler davantage" que pour 47 % des parents, tandis qu'elles sont décourageantes pour 73 % d'entre eux. Et pour 51 % d'entre eux, une mauvaise note de "change rien" à l'attitude de l'enseignant, qui n'est ni plus, ni moins attentif à l'élève qui a échoué. Eux-mêmes (56 %) ne savent d'ailleurs pas toujours "quels points devraient être à retravailler après une mauvaise note". Et pourtant, l'institut de sondage n'a pas demandé aux parents s'ils étaient favorables à la suppression des notes : "on connaissait déjà la réponse, ils auraient dit non à 80 ou 85 %".

Le socle impose de changer de logique

L'association de parents d'élèves est pour sa part convaincue que "l'évaluation doit permettre à chaque enfant de prendre confiance" et qu'elle "ne doit pas être vécue comme une sanction". Elle milite pour "une évaluation partagée", l'enseignant prenant le temps d'analyser, avec l'élève et ses parents, ses résultats et de construire "un projet personnel pour l'élève". L'APEL propose "une évaluation par compétences qui valorise les qualités de l'élève, ses acquis et lui permette de progresser" et que s'installe un "dialogue régulier", éventuellement via un ENT (environnement numérique de travail). Elle propose aussi que les élèves soient associés à leur évaluation et que, "dès le plus jeune âge", ils soient habitués aux techniques de l'auto-évaluation.

Invité par l'APEL lors de la présentation de ce sondage, le sociologue Pierre Merle souligne que la notation est une invention des Jésuites au XVIème siècle. Cet instrument "révolutionnaire" se substituait aux châtiments corporels, et constituait un outil de promotion sociale par la méritocratie, ce que combattait l'aristocratie. Celle-ci l'a emporté sur l'ordre religieux. La notation a été reprise lors de la Révolution française. Mais depuis 1930, toutes les études scientifiques ont montré "les écarts considérables" de notation, dans toutes les disciplines, y compris les mathématiques, et quelle que soit la précision du barème de la correction.

Et cet outil, qui permet de classer les élèves et de constater les réussites comme les échecs est-il encore pertinent alors que l'Education nationale se donne pour objectif de faire réussir tous les élèves, au moins jusqu'à l'acquisition du socle commmun?  Pour le sociologue, il faut passer à une autre logique que celle de sa sélection.

Le site de l'APEL, ici

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