Les écoles toulousaines du quartier Empalot mobilisées contre leur sortie programmée de la carte de l'éducation prioritaire
Paru dans Scolaire le mercredi 12 novembre 2014.
Ils étaient déjà plus de 200 en tout début d'après-midi, des enseignants, directeurs d'école et parents parfois accompagnés de leurs enfants, rassemblés ce mercredi 12 novembre 2014, afin de conduire une "grande marche pour la défense des écoles d'Empalot" dans le quartier du même nom à Toulouse. Ce quartier, actuellement classé en réseau ECLAIR, doit sortir à la rentrée prochaine du dispositif de réseau d'éducation prioritaire revu dans le cadre de la loi de refondation de l'École. "Une absurdité" s'insurge la porte-parole des parents d'élèves, Cécile Sénamaud, au regard notamment "des conditions sociales des élèves, du nombre de boursiers, des résultats à l'entrée en 6e", critères qui justifient, selon elle, "le classement en REP+!"
"Les nouveaux fonctionnements des réseaux d'éducation prioritaire font qu'ils sont structurés autour d'un collège", explique-t-elle. "Or il n'y a pas de collège dans le quartier et tous nos enfants sont envoyés dans trois collèges qui sont hors réseau, ce qui favorise d'ailleurs la mixité. Résultat de celle logique mécanique, nous sortons du dispositif!"
Informées "officieusement" de ce déclassement par le SNUIPP 31 le lundi 3 novembre dernier, les écoles ont entamé "le branle-bas de combat" dès le jeudi suivant en organisant un rassemblement devant le rectorat. 80 personnes y ont participé, selon la représentante des parents d'élèves, les directrices des 5 écoles du secteur (3 maternelles et 2 élémentaires qui scolarisent près de 600 élèves) ayant été reçues par l'IEN, alors que les parents d'élèves et représentants syndicaux l'étaient par ailleurs par le secrétaire général du rectorat. Ils ont chacun "confirmé la sortie du dispositif". La mobilisation s'est poursuivie avec des blocages d'écoles, le vendredi et le lundi qui ont suivi, la première en présence du député de Haute-Garonne Christophe Borgel et du conseiller général Patrick Pignard, qui soutiennent le mouvement. Une pétition en ligne depuis le 4 novembre a permis par ailleurs de recueillir 440 signatures.
L'Académie promet de maintenir les moyens mais l'absence de garantie et un arbitrage annuel ne satisfont pas les manifestants
En réponse aux revendications, l'inspection et le rectorat ont promis de maintenir les moyens. "Sans écrit, donc sans garantie", dénoncent les acteurs du mouvement. "De plus", argumente Christophe Suquet, enseignant de l'une des écoles élémentaires et représentant de Sud Éducation, "même si l'on garde les mêmes moyens pour les personnels de l'Éducation nationale, cela ne concerne pas les primes des employés municipaux ou encore les financements de la mairie pour les associations. Par ailleurs, les budgets sont arrêtés annuellement, ce qui n'offre aucune garantie pour les années suivantes, alors que l'entrée en REP+ garantit des moyens sur 4 ans!"
La sortie du dispositif aura aussi à terme des conséquences "sur la motivation et la stabilité des équipes enseignantes". Plus de maîtres surnuméraires, des classes de 30 élèves au lieu de 20 à 25, plus de dispositif pour la scolarisation des moins de trois ans, de primes pour les personnels municipaux, de régimes indemnitaires revalorisés pour les enseignants, de financements spécifiques pour les associations de quartier... Le club de football a d'ailleurs défilé ce jour avec les manifestants. "Demandez à n'importe quel enseignant", interpelle encore Christophe Suquet. "On ne peut pas aider des élèves en difficulté à 30 par classe. On ne veut pas travailler dans ces conditions et si cela reste en l'état, nous quitterons le quartier !"
Deux courriers dont un adressé à la ministre de l’Éducation nationale
À ce jour, et jusqu'aux décisions ministérielles, repoussées d'un mois, à mi-décembre, les manifestants disent vouloir continuer le mouvement. Pour eux, il est indispensable que le ministère revoie sa méthode pour redéfinir la carte scolaire. "Ils font des règles absurdes, à eux de les résoudre", argue encore Cécile Sénamaud. "Qu'ils se débrouillent avec leur tambouille!" Une réunion est prévue ce vendredi 14 novembre à midi à l'école Daste et les parents envisagent le blocage de l'école Jean Moulin le lundi 17.
Deux courriers ont été envoyés, l'un signé par la FCPE au rectorat de l'Académie de Toulouse, le second signé par le député, à la ministre de l’Éducation nationale. Selon le représentant de Sud Éducation, la question d'Empalot doit par ailleurs être soulevée ce mercredi après-midi à l'Assemblée nationale.
À Toulouse, une autre école serait concernée par la sortie du dispositif, l'école Littré, en même temps que 8 ou 9 autres secteurs de l'académie, selon Cécile Sénamaud.
Camille Pons