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Innovation : sortir de la solitude (rapport du CNIRE)

Paru dans Scolaire le lundi 10 novembre 2014.

"L’innovation est une forme (...) d’augmentation de la capacité d’agir" pour les enseignants, estime le CNIRE. Celui-ci vient de rendre son rapport à Najat Vallaud-Belkacem et le ministère de l'Education nationale l'a aussitôt publié. Le Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative montre notamment qu' "en sortant des cadres et des prescriptions pour répondre aux situations, par la recherche de l’efficacité, par la construction d’un projet et sa mise en œuvre, les acteurs acquièrent pouvoir et liberté (...) Elle devient alors presque une vertu : elle comporte une dimension d’accomplissement ou de réalisation professionnelles et personnelles (...) Les équipes font souvent état de l’engagement accru des enseignants, de l’augmentation de l’intérêt pour le travail et d’une motivation retrouvée." Ces enseignants ou ces équipes justifient pourtant leurs pratiques innovantes "par la nécessité ou la volonté de faire face aux difficultés des élèves, voire de s’adapter à la réalité sociale ou à l’environnement de l’établissement, comme si, au fond, il n’y avait guère le choix et que l’innovation s’imposait".

Paradoxalement, "ces innovations et expérimentations se heurtent à de nombreux obstacles" et les enseignants ou les équipes qui s'y engagent connaissent une "solitude assez grande"."Les hiérarchies institutionnelles n’ont guère confiance dans les acteurs et dans leurs capacités professionnelles d’innover de façon efficace, ce qu’elles manifestent par des injonctions contradictoires, souhaitant théoriquement des acteurs plus autonomes et créatifs, tout en cherchant à les contrôler et à maintenir leur pouvoir."

Les innovations engendrent du désordre

L’institution peut même "leur être hostile" tout comme leurs collègues : "les innovations perturbent des situations ou des fonctionnements, notamment des fonctionnements individuels au profit de collectifs (...) les innovations engendrent du désordre. Elles peuvent être alors sanctionnées par la 'communauté', comme une déviance et provoquer une mise à l’écart."

C'est pourquoi "l’idée de la bienveillance s’est imposée" aux membres du CNIRE. Elle s'applique d'abord aux élèves dont "il faut prendre au sérieux les témoignages récurrents sur le sentiment d’avoir été à telle ou telle occasion 'humiliés' par l’Ecole ou les enseignants". Le Conseil y voit "un facteur essentiel du décrochage" car l’humiliation "ne laisse guère d’autre possibilité que de sortir du jeu afin de maintenir un minimum d’estime de soi". Et ses premières préconisations portent sur l'inscription de la bienveillance, de l'absence d'humiliation dans les projets des équipes pédagogiques. 

Renforcer le soutien aux équipes

Mais, du côté des enseignants, il faudrait aussi "reconfigurer la mission des Inspecteurs vers le soutien aux équipes", "former des accompagnateurs d’équipes innovantes en plus grand nombre", "attribuer prioritairement les moyens de formation aux équipes en réflexion professionnelle, (...) renforcer le soutien aux équipes".

A noter encore parmi les 25 propositions du CNIRE, "Faire de la sanction un acte éducatif positif", "Promouvoir les temps de concertation et d’échanges avec les élèves", "Réorganiser la semaine type de travail des enseignants et des acteurs de l’éducation afin de créer de la souplesse, de favoriser le travail collectif et de permettre les rencontres avec les parents", "Créer les espaces physiques et numériques d’échanges et de communications", "Renforcer le rôle du conseil pédagogique en tant qu’instance de concertation et de régulation", "Inscrire l’initiation aux démarches de projet et le travail coopératif en équipe dans les formations et les concours de recrutement", élire le président du conseil d’administration du collège ou du lycée "parmi les partenaires ou les personnalités extérieures"...

Le rapport est téléchargeable sur le site du ministère, ici

Le ministère annonce d'autre part que les équipes enseignantes ont jusqu'au 15 janvier pour envoyer leur projet et participer à la prochaine journée de l'innovation, le 25 mars 2015 au Lycée technologique Diderot à Paris. Il rappelle que la base Expérithèque recense déjà 3 700 actions d'équipes "engagées dans des pratiques partagées" pour changer "à bas bruit l'école pour la rendre plus efficace (ici).

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