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Comment les universités américaines sélectionnent-elles leurs étudiants ? (revue Diversité)

Paru dans Scolaire, Orientation le dimanche 04 juin 2023.

Aux Etats-unis, le taux d’obtention de la licence varie de 20 % pour les Amérindiens, 21 % pour les Hispaniques, 28 % pour les Noirs, 41 % pour les Blancs et 62 % pour les Asiatiques. En Virginie-Occidentale et dans le Mississippi, seuls 22 % des adultes ont au moins une licence, contre 45 % dans le Massachusetts, indique Laura W. Perna (Université de Pennsylvanie) dans le dernier numéro de la revue Diversité qui se demande "où va l'enseignement supérieur" et qui est donc hors du champ de ToutEduc. L'article consacré à "la transition du lycée à l’université" outre-Atlantique permet toutefois de mesurer comment les questions que pose ToutEduc en France trouvent, ou ne trouvent pas, de réponse dans un tout autre contexte. En effet, aux USA, "l’offre universitaire est suffisamment large pour permettre à toutes et tous de poursuivre ses études dans l’enseignement supérieur". Mais le nombre et la variété des options a pour corollaire "la difficulté d’identifier l’établissement qui correspond le mieux aux intérêts de l’étudiant" et pour les établissements, de sélectionner les bons étudiants tout en étant attentifs aux questions de mixité sociale et ethnique.

Parmi les solutions étudiées pour organiser l'affectation des futurs étudiants, la "décision anticipée" : les lycéens soumettent leur candidature à l’automne de l'année de terminale et s’engagent à fréquenter l’établissement s’ils sont admis. Mais les élèves "doivent connaître l’établissement qu’ils souhaitent fréquenter et être en mesure de s’engager à s’inscrire sans connaître le montant de l’aide financière qu’ils recevront". Les lycéens "issus de familles à faibles revenus et d’autres groupes marginalisés sont moins susceptibles de disposer des informations nécessaires et sont plus susceptibles d’avoir besoin d’une aide financière pour payer les frais de scolarité".

Autre solution, prendre en compte l’appartenance ethnique ou raciale dans les décisions d’admission. Mais la Cour suprême pourrait remettre en question cette stratégie. Certains ont suggéré d'instaurer une préférence "pour les étudiants issus de familles à faibles revenus, qui sont les premiers de leur famille à fréquenter un établissement d’enseignement supérieur et dont la richesse familiale est faible ; d’éliminer les préférences pour les enfants d’anciens élèves et de professeurs (...)", mais cela ne devrait pas compenser "l’interdiction de prendre en compte l’appartenance ethnique ou raciale" des candidats, si la Cour tranche en ce sens.

Certaines universités admettent leurs étudiants sans qu'ils aient passé de tests, SAT (Scholastic Assessment Test) ou ACT (American College Test), ce qui leur a permis d'augmenter les taux d'inscriptions de boursiers, d'élèves issus de groupes minoritaires et des femmes. D'autres prônent un "examen holistique" des candidats et "examinent l’ensemble du dossier, en tenant compte de toutes les informations sans donner systématiquement la priorité à une information particulière". D’autres évaluent les résultats scolaires "à la lumière des caractéristiques personnelles", y compris des "opportunités disponibles dans leur famille, leur quartier ou leur lycée". Le fait de fournir des informations sur le lycée fréquenté augmente "la probabilité qu’un responsable des admissions à l’université recommande l’admission d’un candidat de statut socio-économique défavorisé".

A noter également dans ce numéro une interview croisée de Cédric Hugrée et Tristan Poullaouec (sociologues) qui évoquent notamment la situation créée par Parcoursup.

Ce dispositif "a étendu la possibilité de sélectionner les étudiants pour les filières universitaires" alors qu'avec APB, "la sélection à l’entrée à l’université était impossible". La plateforme a "pour effet d’installer une incertitude stressante durant plusieurs mois, pour les élèves de terminale et leur famille (...). Un lycéen sur deux ne sait pas au mois de juin dans quelle ville et quelle formation il pourra étudier à la rentrée". Les deux chercheurs soulignent également "l’échec des dispositifs de lutte contre l’échec à l’université", qu'il s'agisse du plan porté par Valérie Pécresse ou de la loi ORE". Ils ajoutent que la pandémie "a apporté la démonstration par l’exemple de l’absurdité d’un enseignement à distance comme fonctionnement général" alors que le troisième Programme d’investissements d’avenir "mise beaucoup sur les usages numériques pour améliorer la réussite en premier cycle".

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