Recherches et publications

La laïcité apaisée, un combat pour la FSU (ouvrage)

Paru dans Scolaire le lundi 18 octobre 2021.

"Quand ses élèves lui demandent s'il est croyant, un professeur de philosophie d'Avignon leur répond qu'il l'est, puisqu'il croit en eux (...). Un professeur est un être humain qui s'efforce de croire en l'humanité (...), ce qui n'est pas toujours facile." Cette anecdote et ce commentaire sont extraits de la contribution d'Evelyne Bechtold, IA-IPR de philosophie et ancienne présidente de l'Institut de recherche de la FSU, à un ouvrage collectif consacré à la laïcité à l'école et qui lance un appel "pour un apaisement nécessaire". Benoît Teste,le secrétaire général de la FSU affirme que la fédération syndicale "sera de ce combat" lorsqu'il s'agit de défendre et promouvoir la laïcité comme un "principe positif" alors qu'elle est "attaquée, dévoyée, instrumentalisée", utilisée comme "un instrument de contrôle et de conformité".

Les contributeurs sont des chercheurs ou les représentants des principaux syndicats de la FSU et ils affirment "la primauté de l'éducation". C'est ainsi que Claire Guéville (SNES) dénonce les nouveaux programmes. "Les ajustements de 2018 concernant l'école et le collège font finalement une part moins grande au thème de la laïcité" et avec les programmes du lycée, modifiés en 2019, "on assiste à une réduction claire des ambitions pédagogiques". Elle ajoute que, "d'une manière générale, la construction de l'esprit critique est maintenant mise au second plan au profit de l'inculcation de valeurs et de règles".

La question est pourtant complexe, comme le montrent Françoise Lantheaume et Charlène Ménard (Lyon-2), puisque "les 'problèmes de laïcité' renvoient majoritairement à des malentendus, à une ignorance de élèves et parfois à une intention familiale d'affirmation de normes religieuses" et que, ajoute Paul Devin (président de l'Institut de recherche de la FSU, "les visions outrancières du séparatisme sont loin de servir et de soutenir la mission d'éducation aux valeurs de la République et de la démocratie (...). Il est vrai que des élèves expriment des incitations à la haine, au racisme et au sexisme, voire tiennent des propos faisant l'apologie du terrorisme", mais "ne devons-nous pas constater, au contraire, que c'est l'attachement de l'ensemble de la communauté scolaire aux valeurs de tolérance et de laïcité qui prédomine largement ?".

Les auteurs ne pensent pourtant pas que tout est facile, même s'ils peuvent dénoncer une présentation partiale des "incidents" qui peuvent troubler une minute de silence ou un temps de débat. En témoigne Anne-Laure Hartmann, professeure en lycée professionnel, qui fait état d'une "séance éprouvante" après l'assassinat de Samuel Paty, du fait d'un élève, Hakim. Les enseignants en réfèrent à la proviseure qui fait remonter. S'ensuit une enquête de police, et l'intervention en classe du procureur de la République : "La démonstration est dynamique, limpide et vivante. Les élèves ont la parole et la prennent (...). Ils en concluent que la liberté d'expression est un bien commun (...). Dans les jours qui suivent, Hakim présente ses excuses (...) et il remercie."

Valérie Sipahimalani (SNES) insiste sur la difficulté théorique, "en particulier sur des sujets de société importants qui demandent une approche complexe. La notion de race n'a de sens en biologie que pour certaines espèces domestiques (le chien par exemple), mais c'est un concept scientifique concernant l'espèce humaine dans d'autres champs (sociologie, histoire) étudiant le racisme, qui n'est pas un objet d'étude des sciences expérimentales". Et il faut bien sûr poser la question de l'absence de mixité sociale, même si, comme l'écrit Jean-Paul Delahaye (Inspecteur général honoraire, Ligue de l'enseignement), "la question sociale n'explique pas toutes nos difficultés".

Il faut aussi rappeler, avec Nicolas Cadène, ce qui a été fait avant que J-M Blanquer ne soit ministre, l'installation de "référents laïcité" en 2014, l'instauration de la "Journée nationale de la laïcité", la mise en place de l'EMC (enseignement moral et civique), l'abrogation du délit de blasphème en Alsace - Moselle, la charte de la laïcité, l'expérimentation de la "mixité socioculturelle" dans les collèges, le renforcement de la formation des enseignants...

"La laïcité à l'Ecole, pour un apaisement nécessaire", collectif sous la direction de Paul Devin, éditions de l'atelier, 272 p., 19€



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