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Les progrès de la médecine pourraient expliquer la hausse de la mortalité néonatale précoce en France (INSEE)

Paru dans Petite enfance le vendredi 16 juin 2023.

En France en 2021, alors que 742 000 bébés sont nés, parmi eux quelque 2 700 enfants sont morts avant leur premier anniversaire, explique l'INSEE dans une note sur la mortalité infantile publiée le 14 juin. On compte ainsi 3,7 enfants de moins d’un an décédés pour 1 000 enfants nés vivants.

L'institut national de la statistique et des études économiques constate que la mortalité infantile dans l'hexagone a cessé de baisser depuis une quinzaine d’années, son taux fluctuant entre 3,5 ‰ et 3,9 ‰ (on notera qu'il était de 151 ‰ en 1901). Alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du 20e siècle, elle est depuis 2015 supérieure à la moyenne européenne. A l'échelle du continent en effet, si le rythme est “très faible“ depuis 2012, le taux de mortalité infantile “continue de diminuer en moyenne“, atteignant 3,3 ‰ en 2020.

Et si la baisse “est très forte dans les pays où le taux était le plus élevé“ (-60 % en Roumanie, Chypre, Hongrie, Bulgarie, Pologne...), celle-ci “est aussi marquée dans des pays où la mortalité infantile était déjà basse“. C'est pourquoi la France, qui se trouvait en 3ᵉ position des pays à la mortalité infantile la plus faible en moyenne entre 1996 et 2000, se trouve désormais reléguée à la 20e position.

Le taux de mortalité infantile en France varie cependant selon les territoires. Il est, en moyenne sur la période 2019-2021, de 7,7 ‰ dans les DOM (de 6,7 ‰ à La Réunion à 8,9 ‰ à Mayotte), contre 3,5 ‰ en France métropolitaine. Dans cette dernière, et “peut-être en lien avec une moins bonne santé des mères et un moindre recours aux soins de santé“, précise l'auteur de la note, ce taux se trouve plus élevé en Seine-Saint-Denis (5,4 ‰). Il dépasse les 5 ‰ dans le Jura, l’Indre-et-Loire et le Lot.

Le statisticien Sylvain Papon détaille également la période à laquelle est intervenu le décès. Il constate qu'environ la moitié des décès d’enfants de moins d’un an en 2021 ont lieu moins d’une semaine après la naissance, 23 % entre 7 et 27 jours et 26 % entre 27 jours de vie et un an. Il fait alors valoir que “la concentration des décès de nouveau-nés dans les premiers jours de la vie s’accentue“, avec une mortalité post-néonatale (du 28e jour à moins d’un an) qui continue de baisser (de 1,3 ‰ en 2005 à 1,0 ‰ en 2017 et 2021), tandis que la mortalité néonatale précoce (avant 7 jours de vie) est passée de 1,6 ‰ en 2005 à 1,9 ‰ en 2021.

Cette hausse, explique-t-il, “peut être due aux progrès de la médecine néonatale qui permet aux grands prématurés, qui seraient autrefois mort-nés, et donc non comptabilisés dans les naissances vivantes, de survivre pendant quelques heures ou quelques jours après la naissance“, mais “il est également possible que la hausse de l’âge des femmes à la maternité se traduise par un risque de mortalité néonatale accru, du fait de l’augmentation de la part des naissances à risque“.

A ce titre, il cite le dernier rapport de Santé Publique France faisant état d'une évolution “préoccupante“ de certains indicateurs de santé périnatale (par exemple en Outre-mer), notamment l'accroissement de la proportion de sans-abris parmi les femmes qui accouchent, particulièrement en Île-de-France, de la part des femmes enceintes en surpoids qui augmente également ou encore d'une forte prévalence du tabagisme maternel en France. Enfin, “la part des accouchements couverts par l’assurance maladie recule, contrairement à ceux pris en charge par l’aide médicale de l’État, signe d’une plus grande précarité sociale“.

La note de l'INSEE ici

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