La DEPP évalue l'impact de la refondation de l'Ecole sur la scolarisation des enfants de 2 ans en 2013 et 2014
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Orientation le vendredi 03 mai 2013.
Mots clés : petite enfance, scolarisation des 2 ans, effectifs, DEPP, professionnel, décrochage, redoublement
"Si le taux de scolarisation des enfants de 2 ans observé en 2012 (11%) avait été maintenu en 2013, il aurait conduit à une nouvelle baisse de 1000 élèves scolarisés en 2013 et à une stabilisation en 2014, autour d'un nombre total de 90 000 élèves de deux ans scolarisés". Dans sa note d'information sur les "prévisions nationales d'effectifs d'élèves des premier et second degré pour les rentrée 2013 et 2014", la DEPP n'a pas retenu ce scénario. "Les hypothèses retenues pour l'évolution des taux de scolarisation sont une hausse de 0,5 points du taux de scolarisation à deux ans en 2013 et 2014", soit 97 800 élèves scolarisés en 2014.
La DEPP a ainsi voulu prendre en compte les effets de l'un des objectifs de la refondation de l'école : favoriser l'accueil des enfants de moins de 3 ans, alors que leur taux de scolarisation a été divisé par 3 en dix ans, passant de 34% en 2001 à 11% en 2012. Le gouvernement veut ainsi atteindre 30% d'enfants de 2 ans scolarisés dans les dispositifs d'éducation populaire (Eclair et réseaux de réussite scolaire (RSS)) à l'horizon 2017, contre environ 17,5% actuellement. A la rentrée 2012, cet écart correspondait à 18 900 enfants à scolariser, selon les évaluations de la DEPP.
Une réforme qui repose entièrement sur les établissements publics
6800 nouveaux enfants de moins de 3 ans devraient être scolarisés entre 2012 et 2014, soit une augmentation de 6,8%. Cette hausse est près de 7 fois supérieure à celle des effectifs du premier degré (augmentation de 1%) comme du second degré (augmentation de 0,9%) sur la même période.
Le gouvernment ciblant avant tout les zones d'éducation prioritaire, cette augmentation reposera entièrement sur les établissements publics. "Les écoles privées se trouvent rarement dans ces zones", note la DEPP. "A la rentrée 2012, toutes les écoles du premier degré faisant partie des réseaux Eclair ou RSS se trouvent dans le secteur public, à l'exception de deux écoles en Eclair et quatre écoles en RSS". Conséquence : entre 2012 et 2014, les nombre d'élèves de moins de 3 ans scolarisés augmentera de 7.2% dans le public et baissera de 1,4% dans le privé. La part du secteur public dans la scolarisation des enfants de 2 ans devrait passer de 76.1% en 2012 à 78% en 2014.
De nouvelles générations plus nombreuses à tous les niveaux
Plus généralement, dans l'ensemble du premier degré, le nombre d’élèves devrait augmenter de 34 200 en 2013 et de 32 000 en 2014, soit 1% d'augmentation entre 2012 et 2014. Dans le second degré hors post-baccalauréat, le nombre d’élèves devrait augmenter de 35 500 élèves en 2013, puis de 9 100 en 2014, soit 0,9% d'augmentation entre 2012 et 2014.
L'ensemble des hausses constatées sont principalement liées à des effets démographiques. En préélémentaire (hors enfants de moins de 3 ans), la génération des enfants nés en 2010, qui correspond au niveau le plus élevé depuis trente-cinq ans (832 000 naissances enregistrées), remplace celle née en 2007, moins nombreuse. Le nombre d’enfants âgés de trois à cinq ans scolarisés devrait ainsi augmenter de 13 300 en 2013, même si cet "effet de génération" s'inversera en 2014 (- 4000 élèves).
Dans l'élémentaire, les générations postérieures à 2006, très nombreuses, vont remplacer les générations moins nombreuses de 2002 et 2003. Les effectifs dans l’enseignement élémentaire devraient s’accroître deux fois plus vite entre 2013 et 2014 (+31 900 élèves, soit 0,8% d'augmentation) qu'entre 2012 et 2013 (+16 200 élèves, soit 0,4% d'augmentation). L'école élémentaire portera entièrement la hausse des effectifs du premier degré entre 2013 et 2014.
Au collège, les générations d’enfants nés en 2002 et 2003, en âge d’y entrer, sont plus nombreuses que celles qui le quittent (générations 1998 et 1999 respectivement). Les effectifs du premier cycle augmenteront de 0,5% en 2013 puis 0,1% en 2014, après une hausse de 0,9% en 2012. La DEPP note que l'augmentation du nombre d'élèves devrait être amorti par la diminution du taux de redoublement, "dans le prolongement de celle observée ces dernières années", même si "les objectifs retenus l'an dernier dans un exercice assez volontariste n'ont pas été atteints".
Les filières professionnelles, victimes des politiques d'orientation ?
Selon la DEPP, la diminution du taux de redoublement en 3e continuerait de favoriser les passages en seconde générale et technologique (de 61,3% en 2013 à 61,4% en 2014), au détriment de la seconde professionnelle. Cette politique d'orientation expliquerait en partie la hausse des effectifs du second cycle général et technologique en 2013 et 2014 (+ 9 000 et + 8 600 élèves respectivement). "L’orientation constatée en fin de collège favorise ces formations, par des passages toujours un peu plus nombreux en seconde générale et technologique, gagnés sur la baisse des redoublements", relève la DEPP.
Pourtant, l'augmentation des effectifs du second degré entre 2013 et 2014 (+28 407 élèves, soit +0,7%) portera davantage sur les filières professionnelles que sur les filières générale et technologique. Après une baisse de 5,9% entre 2011 et 2012, le second cycle professionnel accueillera 6 233 élèves de plus en 2013, soit une augmentation de 1,2% (contre +0,8% dans le second cycle général et technologique). Selon la DEPP, "cette hausse repose principalement sur la croissance des effectifs de terminale professionnelle et résulte de deux effets principaux. D’une part, ces élèves sont issus d’un premier gros contingent de près de 190 000 élèves, entré en seconde professionnelle en 2011, sans formation concurrentielle puisque l’entrée en BEP venait d’être supprimée ; d’autre part, leurs rangs auront été augmentés en première, en 2012, des derniers élèves issus de terminale BEP des deux spécialités subsistantes."
En revanche, en 2014, suite à la disparition définitive des BEP et l'absence de report des élèves correspondant, le second cycle professionnel perdra 3 600 élèves, soit une baisse de 0,2%.
Baisse du décrochage
Ces fluctuations d'effectifs sont les derniers effets de la mise en place de la réforme de la voie professionnelle, désormais achevée. D'après la DEPP, "les évolutions de la voie professionnelle, par rapport au dernier constat, semblent limitées" car l'ensemble des dispositifs déployés (accompagnement personnalisé, paserelles internes) ont permis aux élèves de se réorienter à l'intérieur de la voie professionnelle.
En particulier, ces dispositifs ont permis de fluidifer le parcours scolaire des élèves et, ainsi, de limiter le taux de décrochage. La DEPP a revu "légèrement à la baisse" les sorties du MEN en cours de formation. "En 2013, le taux serait de 17,4 % en fin de première année de CAP de la voie scolaire, 10,7 % en seconde professionnelle et 10,8 % en première professionnelle." Le taux de redoublement en terminale professionnelle a donc été revu à la hausse "pour tenir compte d'un public de candidats à l'examen plus hétérogène que par le passé", estime la DEPP.
La baisse du décrochage ne se limite pas aux filières professionnelles. Au collège aussi, "la poursuite modérée de la baisse des taux de sorties des formations du ministère de l’éducation nationale est retenue, notamment en fin de la classe de quatrième. En 2014, ce taux serait de 1 %".
La note d'information de la DEPP sur "les prévisions nationales d'effectifs d'élèves des premier et second degrés" est disponible ici.
Raphaël Groulez