A la Réunion, avec moins d'offre d'accueil, les parents gardent davantage leurs enfants de moins de 3 ans (INSEE)
Paru dans Petite enfance le lundi 02 septembre 2024.
A La Réunion, “les besoins et pratiques des familles en matière de modes de garde constituent un enjeu local majeur“ estiment Yann Caenen et Jamel Mekkaoui dans une note de l'INSEE dédiée aux spécificités de l'accueil dans le département d'Outre-mer.
Les statisticiens du ministère de la santé et de l'institut des études économiques indiquent en effet que la fécondité “demeure élevée“ sur l'île depuis les années 1990, avec 2,5 enfants par femme. De ce fait, sont comptabilisées 13 % de familles avec enfant(s) de moins de trois ans, contre 10 % dans l’Hexagone.
Garde
Ainsi en 2021, sur l'île, 75 % des enfants de moins de 3 ans étaient gardés “principalement“ en semaine par leurs parents, contre 56 % dans l’Hexagone. Et ils sont encore 44 % à être gardés “exclusivement“ par leurs parents en semaine (versus 34 % au niveau national). Comme en métropole, le recours aux grands-parents ou autres membres de la famille comme mode de garde principal est rare à La Réunion (4 %), mais plutôt complémentaire (21 % contre 15 %) ; ce recours dure 11h en moyenne pour les enfants concernés (soit 3 heures de plus par semaine).
Dès lors, 13 % des jeunes enfants sont gardés principalement en établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE) contre 18 % au niveau national, tandis que 5 % seulement sont confiés à une assistante maternelle, contre 20 % dans l’Hexagone. Quel que soit le mode d'accueil, ils y restent 35h15 en moyenne par semaine, soit environ 2 heures 30 de moins que ce qui est observé en France hexagonale.
Mais si ces écarts sont “en lien avec un taux d’emploi nettement plus faible sur l’île“, que ce soit chez les mères d’un enfant de moins de trois ans (44 % versus 62 % en métropole) ou dans l’ensemble de la population active (49 % des 15-64 ans contre 68 %), l'INSEE explique que “cumuler emploi et garde d’enfant en semaine est aussi plus fréquent“ à La Réunion.
Cumul
Par exemple, 59 % des enfants âgés de moins de trois ans dont la mère est “employée ou ouvrière“ en emploi sont gardés en semaine à titre principal par leurs parents, soit 12 points de plus que chez les cadres ou professions intermédiaires. Pour les analystes, “cela tient en partie aux caractéristiques des emplois sur l’île, davantage peu qualifiés et à temps partiel, qui peuvent conduire les familles concernées à privilégier des modes de garde informels, moins coûteux.“ Ainsi même lorsque les deux parents travaillent, la proportion d’enfants âgés de moins de trois ans gardés principalement en semaine par leurs parents est aussi beaucoup plus élevée à La Réunion que dans l’Hexagone (52 % contre 29 %).
Autre donnée majeure, la part de familles monoparentales “est particulièrement élevée à La Réunion“, représentant 40 % des familles avec enfant(s) de moins de trois ans (contre 10 % dans l’Hexagone). Et parmi celles-ci, “77 % des enfants de moins de trois ans sont gardés principalement en semaine par leur parent solo (la mère dans la quasi-totalité des cas) contre 62 % dans l’Hexagone“.
Offre
L'offre présente sur l'île contraint en partie les choix des parents, comme c'est le cas en métropole : 36 % des enfants seraient gardés à titre principal dans des modes de garde formels (soit +18 points par rapport à la proportion observée), versus 58 % dans l’Hexagone (+20 points). A peine plus de la moitié des jeunes enfants de l'île seraient gardés “à titre principal“ par leurs parents (53 % contre 75 %).
Il faut dire que La Réunion offrait en 2022 un potentiel de 40,4 places pour 100 enfants de moins de trois ans (tous modes de garde confondus), une capacité “bien inférieure à la moyenne nationale“ (59,4 places), malgré une hausse de 6,9 points depuis 2017.
En conséquence, l'INSEE constate que depuis 2013 l'accueil en micro-crèches s'est particulièrement développé, en particulier des établissements pour lesquels les familles “doivent avancer l'intégralité du coût de la garde“. De quoi amener les familles aux revenus plus modestes “à recourir à des contrats d’accueil à temps partiel en micro-crèche et s’organiser avec leur réseau familial le reste du temps dans la semaine“.
La note ici