Petite enfance » Revue de la presse et des sites

Opinions sur l’École et l’éducation, semaine du 22 au 28 avril 2024 (Philippe Watrelot)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le lundi 29 avril 2024.

Le « sursaut d’autorité » que Gabriel Attal appelait de ses vœux lors de son discours sur le parvis de la mairie de Viry-Chatillon (le 18/04) continue à susciter de nombreuses prises de position. La réforme du « choc des savoirs »,  elle aussi, provoque toujours des réactions.
Mais la semaine est marquée par l’éviction du politiste Alain Policar du conseil des sages de la laïcité. Cette décision a été provoquée par une interview à RFI et à des tribunes qui ont suivi réclamant sa démission.

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Attal ou la diversion de l’autoritarisme

Lors de son discours à Viry-Châtillon, où le jeune Shamseddine a été battu à mort, Gabriel Attal a fait le choix de l’autorité. Travaux d’intérêt général si les jeunes contestent l’autorité, collège de 8 heures à 18 heures dans les quartiers populaires, contrat d’engagement entre l’établissement, les parents et l’élève (qui n’est pas sans rappeler le règlement intérieur signé par ces mêmes personnes en début d’année), la levée de l’excuse de minorité… Un peu comme à son habitude, le Premier ministre fait le choix de s’attaquer aux conséquences des politiques publiques désastreuses en matière d’éducation plutôt qu’aux causes. Pour Sebastian Roché, politiste et auteur de « La nation inachevée. La jeunesse face à l’école et la police » (Grasset), le Premier ministre est dans une posture de coercition et non d’autorité, et il se défausse de la responsabilité du Président Macron en rejetant la faute sur les parents et les jeunes eux-mêmes. Il rappelle aussi que contrairement aux discours politiques, « nous ne sommes pas face à une recrudescence de la violence au sein de notre société ».
Sébastian Roché - Café pédagogique 22 avril 2024 (ici)

Groupes de niveau : Lettre ouverte aux IPR de lettres
« Nous ne sollicitons pas de conseils sur la meilleure manière de trier nos élèves. Nous rejetons l’idée d’avoir à le faire. » Dans de nombreuses académies se déploient ou s’annoncent des formations pédagogiques sur la mise en œuvre l’an prochain des « groupes de niveau » au collège. Pour exprimer leur refus, leurs inquiétudes, leur épuisement, des enseignant.es de lettres de l’académie d’Orléans-Tours ont écrit à leurs IA-IPR une lettre forte, à diffuser et personnaliser selon convenance. Le message sera-t-il reçu et entendu ? Ce geste de résistance passive à la violence que le « choc des savoirs » exerce sur les équipes de collège fera-t-il mouvement ? L’Education nationale peut-elle imaginer recruter des enseignant·es au moment même où elle brutalise ainsi ses acteurs et actrices ?
Tribune parue dans le Café pédagogique 22 avril 2024 (ici)

Le discours à la jeunesse de Gabriel Attal
Laurence De Cock revient sur le discours de Gabriel Attal du 18 avril, un discours lors duquel le Premier ministre s’adresse à la population à qui il parle de la jeunesse. « Car le pouvoir ne parle plus directement aux jeunes, il leur demande de bien écouter ce qu’il raconte sur eux », écrit l’historienne pour qui ce discours est « médiocre, démagogique et dangereux ». « Un discours racoleur calqué sur le programme de l’extrême-droite. Une réflexion indigente sur l’autorité uniquement définie sous le prisme de la coercition et de la répression, la seule arme qu’il reste à ceux qui se coupent de plus en plus de la réalité et s’étonnent que plus personne ne les croie».
Tribune parue dans le Café pédagogique le 22 avril 2024 (ici)

Lettre d’adieu à l’autorité disparue
« Chère autorité,
Il n’y en a plus que pour vous. C’est à qui vous hélera, puis vous hâlera jusqu’à la berge. Vous seule semblez capable de nous réarmer contre les fauteurs de troubles imberbes. On vous invoque à tout bout de champ et on vous convoquerait volontiers si vous n’étiez pas aux abonnées absentes depuis si longtemps, laissant pantelantes les nostalgies les plus transies […] »
Luc Le Vaillant Libération le 22 avril 20204 (ici)

Cours d’empathie à l’école : et si on offrait plutôt de vrais cours de morale ?
Après Gabriel Attal, la ministre de l’Education en fonction, Nicole Belloubet, propose de généraliser ces leçons pratiquées dans les écoles danoises. Mais l’empathie permet-elle vraiment de bien agir ?
Par Laetitia Strauch-Bonart – L’Express [€] le 21/04/2024 (ici)

Formation des enseignants, l’AIRDF s’inquiète
La section française de l’Association internationale pour la recherche en didactique du français (AIRDF) a tenu à exprimer sa grande inquiétude au sujet de la réforme annoncée de la formation des enseignants et la création des écoles normales supérieures du Professorat (ENSP).
Le Café pédagogique le 22 avril 2024 (ici)

Dérives de l’enseignement privé : « Il devient urgent de mieux réguler ce secteur »
Coautrice d'un rapport sur l’enseignement supérieur privé, la députée du Val-d’Oise Estelle Folest pointe les dérives nombreuses de ce secteur.
Le Point le 22/04/2024  (ici)

Le redoublement et le vieux monde
« Le redoublement a tout d’une question piège. Plusieurs raisons l’expliquent. Tout d’abord, elle peut être posée au prisme de différents enjeux. Pédagogique, en se demandant si le redoublement permettra à l’élève concerné de réussir davantage l’année suivante. Symbolique, en imaginant que cela redonnera du pouvoir aux enseignants et que cela contraindra davantage les élèves s’imaginant n’avoir de comptes à rendre à personne (en renforçant l’institution face aux usagers). Politique, en s’interrogeant sur notre courage à sacrifier les taux de réussite que l’on affiche si fièrement et qui font l’objet de comparaisons internationales permanentes. Économique, en réfléchissant au coût de cette réhabilitation alors que les moyens manquent déjà. Les angles sont nombreux, mais par quoi commencer ? […] »
Par Xavier Riondet, professeur des universités en sciences de l’éducation et de la formation Rennes-II.
L’Humanité (ici)

Les internats d’Attal : d'abord une affaire d'images...
Assimiler échec scolaire et délinquance, internat et prison : avec Attal, tout est possible. Sauf la honte... A force de rentrer dans les pitoyables combines du Premier ministre, de quoi l’Éducation nationale est-elle le nom ?
Bernard Girard – Blog Médiapart le 22 avril 2024 (ici)

Gabriel Attal, on ne lutte pas contre la violence des enfants par la virilité toxique, par Hélène Devynck
Dans son discours sur la violence des mineurs du 18 avril, le Premier ministre a expliqué vouloir maltraiter les enfants «pour leur bien». Une volonté de répondre à la violence par la violence, comme si l’Etat était si faible qu’il devait montrer ses muscles en singeant une puissance guerrière, analyse la journaliste.
Libération [€] le 22 avril 2024 (ici)

Pour lutter contre la violence scolaire, la rhétorique autoritaire de Gabriel Attal
A nouveau, la rhétorique des discours tente de suppléer l’absence d’action et de moyens. A Viry-Châtillon, en annonçant son plan contre la violence scolaire, Gabriel Attal fait le choix de la répression pour masquer une incapacité profonde à améliorer la situation.
Paul Devin - Blog Médiapart le 18 avril 2024 (ici)

L’autre fracture scolaire
L’expression « fracture scolaire » est couramment utilisée pour décrire le fossé qui oppose les établissements « chics » et ceux au public très majoritairement défavorisé. Elle renvoie à une réalité indiscutable comme en atteste, une fois de plus, l’ouvrage récent de François Dubet et Najat Vallaud-Belkacem.
Rappelons qu’à la rentrée 2021, dans l’ensemble des collèges publics ou privés sous contrat, le pourcentage d’enfants d’ouvriers ou d’inactifs s’élève à 58,8 % parmi les 10 % d’établissements les plus défavorisés, tandis qu’il n’est que de 11,9 % dans les 10 % d’établissements les plus favorisés (et encore moins dans les seuls collèges privés). Les élèves vivent donc une « fracture scolaire » bien réelle.
A laquelle semble faire écho une enquête de l’OCDE, publié en 2022, sous le titre « En finir avec la fracture scolaire », résumée récemment dans « L’enseignement à la loupe », avec un titre plus explicite : « Où se trouvent les enseignants expérimentés ». Car il s’agit bien cette fois des enseignants : le phénomène que pointe l’OCDE est la forte concentration des personnels/professeurs les plus expérimentés dans les établissements dont les élèves ont a priori le plus d’atouts pour apprendre sans problème.
Marie Duru-Bellat – Alternatives Économiques le 23 avril 2024 (ici)

Alain Boissinot : « Proclamer qu’on va refaire les programmes, c’est d’autant plus tentant que ça ne coûte rien »
Le 5 décembre dernier, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, annonçait la révision des programmes. Il y a quelques jours, le Conseil supérieur des programmes a publié les projets de cycle 1 et 2 en mathématiques et français. Dans cet entretien qu’il accorde au Café pédagogique, Alain Boissinot, ancien directeur général de l’enseignement scolaire, rappelle l’enjeu politique de tels changements. « L’École est non seulement un sujet, mais surtout un projet politique », explique-t-il. « Reconnaître la dimension politique de l’école ne devrait pas consister à laisser libre cours à toutes les pulsions politiciennes. Or beaucoup semblent de nos jours mus davantage par des visées électoralistes que par la volonté de faire vivre le contrat social. Ils se contentent de ressasser des lieux communs souvent bien contestables : par exemple, l’enseignement de l’histoire aurait abandonné la chronologie, alors que celle-ci est parcourue trois fois par les élèves au cours de leur scolarité… ». Pour l’ancien recteur, « S’il est un domaine qu’il faudrait protéger des vagabondages du court terme, c’est bien celui des programmes d’enseignement ».
Café pédagogique 24 avril 2024 (ici)

Les promesses gouvernementales…
Et si ce gouvernement maitrisait l’art des annonces non suivies d’effets ? Dans cette tribune, l’historien Claude Lelièvre revient sur la promesse présidentielle de septembre 2017 : « En 2024, la moitié d’une classe d’âge doit avoir passé, avant ses 25 ans, six mois dans un autre pays européen ».
Claude Lelièvre - Café pédagogique 24 avril 2024 (ici)

Les projets de programme de mathématique des cycles 1 et 2 : Du bon, du mauvais et du très mauvais
Serge Petit, professeur de mathématiques et formateur, revient sur les projets de programmes des cycles 1 et 2 en mathématiques. Pour le spécialiste, si la rédaction des programmes de cycle 1 s’est très nettement améliorée notamment du point de vue de la rigueur mathématique et permet toujours un enseignement par cycle, il n’en est pas du tout de même de ceux du cycle 2. Il signe cette analyse pour le Café pédagogique.
Serge Petit - Café Pédagogique 24 avril 2024 (ici)

Évincé du Conseil des sages de la laïcité, Alain Policar réagit : « L’illusion du pluralisme est écornée »
Le politiste a été démis de ses fonctions au Conseil des sages de la laïcité à cause de ses critiques sur la loi de 2004 interdisant le voile à l’école. Il déplore cette décision qu’il attribue à « des idéologues, partisans d’une laïcité intransigeante ».
Médiapart le 25 avril 2024 (ici)

Évincé du CSL, Alain Policar réagit
Dominique Schnapper, présidente du Conseil des Sages de la Laïcité et des Valeurs de la République (CSL) aura fini par avoir la peau d’Alain Policar, membre du conseil dont la nomination par l’ancien ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye avait fait polémique. À l’opposé d’une vision « intransigeante » de la laïcité portée par « ceux qui la transforment en valeur identitaire et, ainsi, contribuent à valider le soupçon selon lequel certaines parties de la population ne pourraient, en raison de leur foi, se plier à ses exigences » , le sociologue se dit être « fidèle au principe de laïcité en insistant sur sa consubstantielle dimension d’inclusivité ».
Café pédagogique le  26 avril 2024 (ici)

Voici l’interview donnée à RI par Alain Policar et les deux tribunes demandant sa démission. Elles sont antérieures à cette semaine.

France: «L'affaire du lycée Maurice-Ravel illustre les difficultés d'appliquer la loi sur les signes religieux à l'école»
Démission d’un proviseur menacé de mort, plainte déposée au nom de l’État contre une élève, mise en place d’une « force mobile scolaire »... L’affaire du lycée Maurice-Ravel rappelle à quel point il est parfois difficile de faire appliquer la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux ostentatoires dans l’enceinte d’un établissement scolaire. Entretien avec Alain Policar, chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po.
RFI le 5 avril 2024 (ici)

"M. Alain Policar doit démissionner du Conseil des Sages de la Laïcité de l’Éducation nationale"
Lors d'un récent entretien, le politologue Alain Policar a une nouvelle fois tenu des propos qui démontrent sa préférence pour la coexistence des religions face à la laïcité et l'universalisme. Dans une tribune Thomas Schmittel explique, pour Unité Laïque, en quoi cette position est problématique pour un membre du Conseil des sages de la laïcité.
Par Thomas Schmittel Marianne 09/04/2024 (ici)

« Alain Policar doit quitter le Conseil des sages de la laïcité »
Le collectif Vigilance collèges lycées juge que les récents propos tenus par le sociologue, nommé par Pap Ndiaye, « recourt à des arguments utilisés par l’entrisme islamiste ».
Par le collectif Vigilance collèges lycées – Le Point  le 17/04/2024 (ici)

Son projet d’écoles avec Veolia, son bilan au ministère : Jean-Michel Blanquer se confie
Dans une interview à Ouest-France, Jean-Michel Blanquer détaille sa nouvelle activité : ouvrir, avec Veolia, des campus Terra Academia dans chaque région pour former aux métiers de la transition écologique. Il revient aussi sur son long passage au gouvernement, annonce la sortie d’un livre et commente la politique éducative menée depuis son départ, en juin 2022.
Ouest-France le 26 avril 2024 (ici)

Macron : le « capital humain » à la place d'Erasme ; un tournant ou un aveu ?
Dans son discours de 2017 pour une « Europe unie », il avait évoqué la figure d’Erasme demandant à chaque jeune de « parcourir le continent » et « se défaire de son naturel sauvage". Cette fois, la référence au « capital humain » est de mise avec un corollaire significatif : « il nous faut décupler l’Erasmus de l’apprentissage avec 15 % d’apprentis en mobilité européenne d’ici 2030 »
Claude Lelièvre – Blog Médiapart le 25 avril 2024  (ici)

Les programmes de SES en question
Jean-Yves Mas-Baglione, professeur de SES et docteur en sciences de l’éducation, revient sur les programmes de sciences économique et sociale de 2018 (toujours en application). Pour le spécialiste, ces programmes, portés par Jean-Michel Blanquer et Pierre Mathiot, sont « prescriptifs » et limitent de « façon drastique la liberté pédagogique des enseignants », en plus de leur lourdeur…
Café pédagogique. Le 26 avril 2024 (ici)

Des groupes de niveau en violation de la Convention internationale des droits de l’enfant
Discrimination, non respect de la dignité des enfants : la création de groupes de niveau au collège, tels que prévus par l’arrêté publié en mars 2024, contreviennent à la Convention internationale des droits de l’enfant, selon l’ONG DEI-France
Cahiers pédagogiques- le 24 avril 2024 (ici)

Seine-Saint-Denis : « L’école est perçue, et à juste titre, comme étant peu hospitalière aux élèves de milieux populaires »
La mobilisation en faveur d’un plan d’urgence pour l’éducation en Seine-Saint-Denis dure depuis presque deux mois. Pour Jean-Yves Rochex, spécialiste de l’éducation prioritaire, la situation résulte d’une dégradation continue et d’une absence de prise en compte de la spécificité du territoire dans les politiques publiques.
Le Bondy Blog le  23/04/2024 (ici)

Loi de 2004 : « L’interdiction de l’ostentation religieuse dans les écoles publiques est conforme au principe de laïcité »
La loi sur le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, les collèges et les lycées publics ne porte pas atteinte à la liberté de conscience des élèves, car elle ne leur interdit pas de porter des signes religieux discrets, explique, dans une tribune au « Monde », la juriste Frédérique de la Morena.
Frédérique de la Morena – Le Monde [€] le 26/04/2024
OPINIONS ECOLE-17-24

Laïcité française : «Avant d’attaquer la loi de 1905, les militants “antiracistes” devraient lire Aristide Briand»

Anne-Hélène Le Cornec-Ubertini, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à l'université de Bretagne occidentale, répond à un article de la militante antiraciste Rokhaya Diallo, paru dans Le Guardian, qui critique la loi de 1905 sur la laïcité.

Par Anne-Hélène Le Cornec-Ubertini - Le Figaro le 26 avril 2024 (ici)

Jean-Pierre Sakoun : "À l’école de la République, on ne vient pas comme on est ; pour cela, il y a McDo"

Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité Laïque, critique avec vigueur la tribune du professeur de philosophie Jean-Fabien Spitz, publiée dans « Le Monde » le 17 avril et qui appelle à l’abrogation de la loi 15 mars 2004. Selon lui, ce texte témoigne d'une méconnaissance de la loi et du danger que représente l'islamisme pour l'école de la République.

Tribune de Jean-Pierre Sakoun, président d’Unité Laïque – Marianne le 27 avril 2024 (ici)

Une école inclusive ? Vraiment ?

L’Humanité publie la lettre ouverte portée par le bureau national de la Fédération Nationale des Associations des Rééducateurs de l'Éducation Nationale (FNAREN) signée par les administrateurs départementaux, avec le soutien de son comité scientifique.

L'Humanité le 26 avril 2024 (ici)

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