Opinions sur l’École et l’éducation, Semaine du 1er au 7 avril 2024 (Philippe Watrelot)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le dimanche 07 avril 2024.
Semaine riche en opinions et analyses. Notons d’abord l’exceptionnelle une tribune collective signée par Alain Boissinot, Jean-Paul Delahaye, Jean-Paul de Gaudemar, Jean-Louis Nembrini et Bernard Toulemonde. Ces cinq anciens Dgesco remettent en cause la réforme du « choc des savoirs », en grande partie pour sa rigidité et son ignorance des conséquences prévisibles, mais aussi en raison de son déni de l’autonomie pédagogique des collèges, autonomie inscrite sans ambiguïté dans le Code de l’éducation.
Deux textes complètent cette tribune sur ce dernier aspect. Il s’agit de celui d’Alain Boissinot paru sur le site des Cahiers Pédagogiques et de celui de Jean-Paul Delahaye dans le Café Pédagogique.
Dans un autre genre signalons "Gabriel Attal, qu'auriez-vous fait à ma place ?" qui nous place au cœur de la pédagogie dans la tête d’un enseignant face aux multiples micro-décisions qu’il doit prendre face aux cas concrets posés par les élèves.
[€] : cette signalétique indique que l’accès au texte est payant
« Renouveau de la démocratie » : commençons à l’école !
Le congrès de l’UNSA-éducation appelle au renouveau de la démocratie. On fait ici quelques suggestions pour que le ministère respecte la démocratie, et que, plutôt que d’expérimenter le port de l’uniforme, il propose d’expérimenter la vie démocratique dans les établissements scolaires.
Jean-Pierre Véran - Blog Médiapart - 31 mars 2023 (ici)
L’éducation nationale en a assez des réformes à gogo et des «groupes» gadgets
Pour les enseignants, la succession de mesures à l’efficacité douteuse, telle l’instauration de groupes de niveau, ne masque pas la persistance des problèmes de fond : sous-effectifs et manque de considération.
Éditorial d’Alexandra Schwarzbrod - Libération [€] le 02 avril 2024 (ici)
Formation des enseignants : « Le projet des nouvelles écoles normales est bien dans la filiation de celles instituées au XIXᵉ siècle par leur centralisation par l’Etat central et pour l’Etat central »
L’historien Claude Lelièvre analyse, dans une tribune au « Monde », le projet de réforme de la formation des enseignants comme une « recentralisation » et une perte de poids de l’université, après des décennies d’une tendance inverse.
Le Monde [€] du 02/04/2024 (ici)
Formation des enseignants : « Les propositions de réforme empruntent une voie opposée à l’idée d’une autonomie professionnelle »
Patrick Rayou et André Robert, professeurs d’université et membres du Collectif d’interpellation du curriculum, s’inquiètent, dans une tribune au « Monde », qu’une réforme des contenus de la formation construite au prisme des neurosciences ne conduise à une « négation de la professionnalité enseignante ».
Le Monde [€] le 2 avril 2024 ici
Islamisme : pour en finir avec l’omerta dans l’Éducation nationale
Le proviseur du lycée Ravel a quitté ses fonctions après avoir été menacé de mort à la suite d’une altercation avec une élève qui refusait d’enlever son voile. Patrice Romain ancien directeur d’école, dénonce le manque de courage des pouvoirs publics.
Patrice Romain - Le JDD [€] le 01/04/2024 (ici)
Après l’affaire du lycée Ravel (Paris), l’ancien ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer livre un plaidoyer vibrant en faveur de la laïcité et, surtout, milite pour sa défense active. Il en va de nos libertés, voire du régime politique dans lequel nous vivons, explique-t-il.
Jean-Michel Blanquer - La Tribune Dimanche [€] 01/04/2024 (ici)
Et si les groupes de niveau n’étaient pas conformes au Code de l’éducation ?
Au-delà des difficultés liées aux inégalités créées par ces groupes et aux moyens humains insuffisants, Alain Boissinot, ancien directeur de l’enseignement scolaire et ancien recteur, pointe le fait que l’arrêté qui les instaure est en contradiction avec les textes qui régissent le fonctionnement des collèges et lycées.
Cahiers Pédagogiques – 2 avril 2024 (ici)
Groupes de niveau ou de besoin au collège : où est passée l’autonomie des établissements ?
Et si les chefs d’établissement avaient toute latitude pour ne pas appliquer les groupes de besoin/niveau tant voulus par le Premier ministre ? Jean-Paul Delahaye, Inspecteur général de l’éducation nationale honoraire et ancien DGESCO, rappelle le cadre juridique des EPLE (établissement public local d’enseignement) : les établissements scolaires sont autonomes en matière d’organisation pédagogique.
Jean-Paul Delahaye - Café pédagogique 2 avril 2024 (ici)
Le taux de réussite va baisser et Gabriel Attal s’en réjouit
La fin des correctifs académiques des notes du Diplôme National du Brevet signe la « contre-démocratisation scolaire » selon Laurence De Cock. « Fidèle à sa méthode de flatterie de l’opinion publique réactionnaire sur fond de lieux communs, Gabriel Attal a tenu à annoncer solennellement que dès cette année, et encore plus en 2025, le taux de réussite au brevet allait fortement baisser… » écrit l’historienne qui y voit « la capitulation sans état d’âme, et même avec un fond de jubilation, sur l’ambition de démocratisation ».
Par Café pédagogique 2 avril 2024 (ici)
Les enseignant·es du lycée Maurice Ravel s’adressent à la Ministre
Les enseignants et enseignantes de la Cité scolaire Maurice Ravel, dans leur très grande majorité, ont écrit à la ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet.
Café pédagogique 2 avril 2024 (ici)
Najat Vallaud-Belkacem et François Dubet multiplient les rencontres avec les lecteurs du “Ghetto scolaire” qu'ils viennent de publier. L'ancienne ministre de l'Education nationale était vendredi 29 mars à Nanterre pour un débat public, à l'invitation de la mairie, l'adjoint à l'éducation, J-P Bellier souhaitant initier une démarche collaborative pour aboutir à une proposition politique contre "le séparatisme scolaire".
ToutEduc l'a rencontrée à cette occasion (ici)
Lettre à ceux qui n’ont pas voulu voir monter l’islamisme
« Par paresse et lâcheté, nous avons trop longtemps fermé les yeux sur la diffusion d’une idéologie qui cible l’école et, à travers elle, la République.»
Iannis Roder - Le Point [€] (ici)
« Le départ anticipé à la retraite du proviseur du lycée Maurice-Ravel constitue une défaite pour la République »
Face aux menaces de mort contre ce chef d’établissement, il faut réaffirmer que la laïcité rassemble tous les citoyens autour des valeurs communes de bienveillance, de solidarité et de fraternité, estime, dans une tribune au « Monde », Yannick Trigance, secrétaire national PS pour l’éducation.
Le Monde [€] le 2 avril 2024 (ici)
Le « choc des savoirs » et la mort du collège unique
« Institué en 1975 par René Haby, le collège unique est né d’une contradiction dont il n’est jamais sorti. D’un côté, il est l’école de tous, celle qui prolonge jusqu’à l’âge de 16 ans les classes de fin d’études de l’école élémentaire.
De l’autre côté, le collège unique est défini comme le premier cycle du lycée « bourgeois », jusque-là réservé aux plus privilégiés et aux meilleurs des élèves. D’abord professeurs d’enseignement général de collège (des instituteurs spécialisés dans deux disciplines), ces enseignants laissent place aux professeurs du secondaire, capésiens et agrégés, spécialistes d’une discipline, travaillant indifféremment au collège et au lycée.
Dès lors, l’école commune à toute une classe d’âge est aussi la première étape d’un « tri » scolaire défini par la pédagogie lycéenne et l’excellence lycéenne. Près de cinquante ans après sa naissance, le collège unique n’est jamais sorti de cette contradiction. […] »
François Dubet – Alternatives Économiques [€] le 2 avril 2024 (ici)
Groupes « de niveau » au collège : « Les établissements se retrouvent contraints tant par le texte officiel que par le manque de moyens »
Si la ministre de l’éducation, Nicole Belloubet, a raison de parler de « groupes de besoin » plutôt que « de niveau », l’arrêté du 17 mars détaille la mise en œuvre d’un dispositif trop rigide et « centralisé » pour être efficace, estime un collectif d’anciens directeurs de l’enseignement scolaire au ministère de l’éducation nationale.
Tribune collective signée par cinq anciens Dgesco : Alain Boissinot, Jean-Paul Delahaye, Jean-Paul de Gaudemar, Jean-Louis Nembrini et Bernard Toulemonde
Le Monde [€] le 2 avril 2024 (ici)
Ghettoïsation scolaire : la faute au privé ? Le débat entre Najat Vallaud-Belkacem et Philippe Delorme
Alors que la guerre entre le public et le privé est relancée, « le Nouvel Obs » a réuni le secrétaire général de l’enseignement catholique, Philippe Delorme, et Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre de l’Education nationale, pour débattre.
Nouvel Obs [€] 2 avril 2024 (ici)
Mixité sociale à l’École. Les résultats sont là !
Claude Lelièvre revient sur le livre « Le Ghetto scolaire. Pour en finir avec le séparatisme » co-signé par François Dubet et Najat Vallaud-Belkacem. Selon l’historien, l’ouvrage qui présente les résultats encourageant des expérimentations en matière de mixité gagnerait à être lu. Il s’en explique dans cette tribune.
Café Pédagogique le 3 avril 2024 (ici)
Éducation : l’enseignement privé hors de contrôle, à qui la faute ?
Un rapport parlementaire fustige l’opacité du financement de l’enseignement privé. Mais c’est à l’Éducation nationale de balayer devant sa porte selon Sophie Coignard.
Le Point [€] le 03/04/2024 (ici)
Audrey Jougla : "Céder à cette génération d'offusqués, c’est signer la mort de l’école"
À la suite du départ du proviseur du lycée Maurice-Ravel à Paris, menacé de mort après avoir demandé à une élève d'enlever son voile, la chroniqueuse de Marianne Audrey Jougla, professeure de philosophie dans un lycée à Nantes, s'inquiète de cette « génération d'offusqués ».
Marianne [€] le 2 avril 2024 (ici)
Les programmes de SES au lycée en question
Les nouveaux programmes et des sujets de bac de l’enseignement de spécialité de Sciences Économiques et Sociales en terminale générale ne sont ni explicites, ni exigeants, et encore moins axiologiquement neutres. Ils ont considérablement appauvri et dénaturé cet enseignement.
Jean-Yves Mas - Blog Médiapart le 3 avril 2024 (ici)
Financement public de l’école privée : les non-dits d’une question biaisée
Dénoncer le financement de l'école privée comme seule source de ségrégation, c'est refuser de prendre en compte les effets d'une ségrégation systémique, consubstantielle à l'Éducation nationale.
Bernard Girard - Blog Médiapart le 3 avril 2024 (ici)
Sandrine Garcia : « L’institution est devenue maltraitante »
« Les professions de l’enseignement vont globalement mal », nous dit Sandrine Garcia, sociologue et spécialiste de la question du sens des métiers du professorat. Lors d’un entretien avec le Café pédagogique, à la sortie de son dernier livre « Enseignants de la vocation au désenchantement », elle évoquait déjà une crise de la vocation et expliquait ne pas croire au « choc d’attractivité » promis par Pap N’Diaye, alors ministre de l’Éducation nationale. Selon elle, c’est « l’institution qui est devenue maltraitante ». Elle note aussi « un écart entre le discours officiel, ce que les enseignants appellent l’affichage et la réalité concrète : ce qui est beau dans le ciel des idées ou dans les grandes déclarations peut vite se transformer en cauchemar ». Pour la chercheuse, pour que le métier redevienne attractif, « il faudrait que la profession reprenne la main sur le travail ».
Le café Pédagogique le 4 avril 2024 (ici)
Youssef Souidi : Vers la sécession scolaire ?
Il n’aura jamais été autant question de mixité sociale et scolaire que sous ce deuxième mandat d’Emmanuel Macron, et cela malgré lui et son projet politique, comme l’indique la mesure des groupes de niveaux de la réforme du choc des savoirs. Quant à l’ambitieux Plan mixité promis par Pap Ndiaye, alors ministre de l’Éducation nationale, le Secrétaire général de l’enseignement catholique – largement majoritaire dans le secteur privé – l’avait rapidement démenti et réaffirmé la liberté de recrutement des établissements privés sous contrat, ce qui de facto limite tout projet en faveur d’une mixité sociale et scolaire. Malgré elle, l’éphémère ministre Amélie Oudéa – Castera a replacé la ségrégation scolaire au cœur du débat public, à travers la question de l’enseignement privé sous contrat. L’actualité politique se conjugue avec la publication d’ouvrages scientifiques sur la ségrégation sociale et scolaire. À peine quelques semaines après la sortie de « Ghetto scolaire » de Najat Vallaud Belkacem et de François Dubet, Youssef Souidi publie « Vers la sécession scolaire ? ». Pour le chercheur, la ségrégation sociale et scolaire est une marque de notre système éducatif. S’il décrit une mécanique de la ségrégation au collège, son ouvrage entend échapper à tout fatalisme et expose des analyses tout comme des solutions.
Café pédagogique 4 avril 2024 (ici)
Enseigner face aux enjeux de laïcité, discriminations et racisme
A l’instar du cas récent du lycée Ravel, les atteintes à la laïcité sont surmédiatisées alors même qu’elles ne représentent que 3% des incidents graves qui surviennent dans le premier degré comme dans le second degré de l’éducation nationale. Une grande enquête pluridisciplinaire montre comment, dans l’ensemble, les professionnels de l’enseignement public parviennent à surmonter les difficultés en faisant preuve d’une conception libérale de la laïcité qui valorise l’individu et sa liberté de conscience, son autonomie de pensée et de choix.
Par Françoise Lantheaume et Sébastien Urbanski, AOC [€] le 4 avril 2024 (ici)
"Gabriel Attal, qu'auriez-vous fait à ma place ?" : un prof et sa conscience face aux atteintes à la laïcité
Gilles Vervisch est professeur agrégé au lycée polyvalent Louis-Armand à Eaubonne dans le Val-d'Oise, et auteur de plusieurs ouvrages cherchant à rendre la philosophie accessible via la pop culture. Dans une lettre ouverte au Premier ministre, il décrit avec précision et finesse ses expériences face à des élèves qui remettent en cause le droit au blasphème, d'une part, et les mécanismes à l’œuvre dans la tête des profs qui s’autocensurent, d'autre part.
Marianne [€] le 4 avril 2024 (ici)
Classes Ulis et Segpa, les grandes oubliées de la réforme du collège
Le gouvernement Attal a oublié d’intégrer les « Section d’enseignement général et professionnel adapté », destinées aux élèves en grande difficulté, ainsi que les classes Ulis, dédiées aux handicapés, dans sa grande réforme du « choc des savoirs ». Est-ce vraiment un hasard ?
Gurvan Le Gellec - Le nouvel Obs [€] le 4 avril 2024 (ici)
Les inégalités qui frappent les jeunes du 93 entravent leur réussite scolaire
Alors que les enseignants et enseignantes de Seine-Saint-Denis se mobilisent depuis six semaines pour dénoncer les conditions dégradées de scolarisation de leurs élèves, le Café pédagogique donne la parole à l’association Profession Banlieue. Partenaire du territoire depuis plus de trente ans, l’association constate le manque de mixité sociale et la ségrégation dont sont victimes les jeunes habitants du territoire. « Les inégalités sociales et scolaires qui frappent les enfants et les jeunes de notre département ont des conséquences sur leur réussite scolaire et entravent leur développement et leur épanouissement personnel. C’est également un immense gâchis pour la société qui se prive des richesses sociales, culturelles, économiques, intellectuelles que pourraient déployer ces enfants et ses jeunes si on leur en donnait les moyens », explique Vincent Havage, directeur de Profession Banlieue.
Café pédagogique 5 avril 2024 (ici)