78 % des enfants bénéficiaires de "l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé" scolarisés à 3 ans (DREES)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le mardi 19 décembre 2023.
Avant 3 ans, “le handicap de l’enfant augmente significativement la probabilité qu’il soit gardé par ses parents“, constate la DREES dans une étude inédite sur la durée et le type de recours de ces familles “en première ligne“ et publiée le 8 décembre.
En effet, les enfants bénéficiaires de l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé (AEEH) sont beaucoup plus souvent gardés que les autres par leurs parents à titre principal (78 % contre 56 %), et en moyenne sur des temps plus longs, calcule le service statistique du ministère de la santé, cependant leurs familles “recourent plus fréquemment à des modes de garde complémentaires que les autres parents“.
L’accueil en établissement d’accueil du jeune enfant (EAJE) au moins une fois dans la semaine est aussi répandu pour les enfants bénéficiaires de l’AEEH que pour les autres enfants de moins de 3 ans (27 % versus 25 %), mais il a lieu moins souvent à titre principal (13 % contre 18 %) qu’à titre complémentaire (14 % contre 8 %). Cela ne vaut en revanche pas pour les assistantes maternelles, dont l'accueil est “nettement moins fréquent pour les bénéficiaires de l’AEEH (16 % contre 29 %), surtout à titre principal (6 % contre 20 %)“. Pour une durée de 3 heures par semaine en moyenne, les enfants de moins de 3 ans bénéficiaires de l’AEEH sont par ailleurs 31 % à être pris en charge au moins une fois dans la semaine par une structure du champ du handicap.
Sur le plan qualitatif, la DREES constate que les parents d’enfants bénéficiaires de l’AEEH qui assurent la garde principale de leur enfant se déclarent moins souvent satisfaits que les autres (70 % contre 82 %), même quand elle correspondait à leur premier choix (73 % contre 92 %). Ils sont néanmoins plus souvent satisfaits que les autres parents (92 % contre 80 %) quand l’enfant est accueilli à titre principal en EAJE ou chez une assistante maternelle. De quoi se demander si ces chiffres pourraient refléter des attentes déçues en matière d’inclusion dans les autres modes de garde, ou une garde parentale moins bien vécue parce qu'elle “s’inscrit davantage dans la durée et dans l’intensité“ (temps plus longs au cours de la semaine, jusqu'à des âges plus élevés).
À 3 ans, poursuit la note, la scolarisation est moins fréquente pour les enfants bénéficiaires de l’AEEH (78 % contre 98 %) puis redevient la norme (97 % à 4-5 ans versus 99 % pour les élèves ne bénéficiant pas d'AEEH). Toutefois, ils passent en moyenne moins de temps que la durée d’enseignement hebdomadaire de 24 heures, notamment en raison du suivi médico-social ayant possiblement une incidence sur le temps de présence à l’école : 47 % des enfants bénéficiaires de l’AEEH âgés de 3 à 5 ans scolarisés sont accompagnés par une structure spécialisée (environ 5 heures 30) au moins une fois dans la semaine. Leurs parents les gardent également davantage en dehors des temps d'école, le mercredi (80 % des 3-5 ans bénéficiaires de l'AEEH contre 67 % des non-bénéficiaires) et la semaine entre 16 h 30 et 19 h (94 % contre 85 %).
Pour rappel, 47 000 enfants âgés de moins de 6 ans bénéficiaient en 2021 de l’AEEH en France métropolitaine, soit 1,1 % des enfants de cette classe d’âge. Cette part croît avec l’âge, passant de 0,3 % parmi les enfants de moins de 3 ans à 1,8 % parmi les enfants âgés de 3 à 5 ans. Ils vivent plus souvent que les autres enfants du même âge avec un seul de leurs parents (26 % contre 13 %), la mère dans dans 93 % des cas. “Plus éloignées de l’emploi“, la part de mères ayant des enfants porteurs de handicap et recevant l’AEEH qui sont inactives ou au chômage est aussi deux fois plus élevée (60 % contre 30 %).
La note “Modes de garde et d’accueil des jeunes enfants handicapés“ ici