Petite enfance » Actualité

A Brest, les Villes éducatrices relancent la dynamique des projets éducatifs locaux et des PEDT

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le jeudi 19 octobre 2023.

"Nous avons besoin de stabilité alors que les familles sont de plus en plus fragilisées (...). Non à l’ubérisation de l’école, non à la compétition dans l’éducation, non aux classements, non au manque de moyens, non aux effets d’annonces permanents. Nous avons tous besoin de pouvoir travailler sereinement à l’éducation de nos enfants." Emilie Kuchel, adjointe au maire de Brest en charge des politiques éducatives et présidente du RFVE ouvrait hier 18 octobre les "Journées du  Réseau français des Villes éducatrices", dans un contexte marqué par l'assassinat de Dominique Bernard après celui de Samuel Paty : "Par ces actes barbares, c’est le pilier fondateur de notre société qui est attaqué, le savoir, la transmission et l’émancipation pour tous."

Au-delà de ces faits tragiques, "le rôle de l’enseignant se transforme" quand "le travail n’apporte plus ni reconnaissance, ni émancipation, ne permet plus de mieux vivre ou de progresser socialement". Et l'élue met en cause le pouvoir politique pour qui l'Ecole n'est plus définie "comme un lieu d’émancipation, où on apprend à penser, à critiquer, à se socialiser, à vivre avec un autre différent de soi par sa culture, sa langue ou encore ses origines sociales", mais "devient un lieu de compétition".

Elle rappelle la succession des annonces et des réformes, scolarisation dès 3 ans (et dépenses supplémentaires vers les écoles maternelles privées, pour beaucoup de communes sans compensation), dédoublements des classes (sans discussions avec les collectivités), "petits déjeuners, savoir nager, protocoles sanitaires, évaluations des écoles, arrêts des aides périscolaires, fonds d’innovation, plus de maths, retour des maths, les dates du bac, parcoursup, la réforme des lycées professionnels, l’école inclusive à marche forcée... et le Président qui se réinterroge désormais sur les rythmes scolaires !"

Interrogée par ToutEduc, Emilie Kuchel demande à voir l'éducation s'inscrire "dans le temps long", mais elle demande aussi les moyens d' "une coordination réelle de tous les acteurs de l’enfance sur un territoire", pour que l'enfant cesse d'être comme un objet sur la chaîne de Charlot dans "Les temps modernes", passant d'un intervenant à un autre. "On a tellement sectorisé les besoins de l'enfant." Dans les Villes qui ont fait le travail pour que les enseignants, les animateurs de l'Education populaire, les personnels médico-sociaux, les éducateurs spécialisés se rencontrent et se connaissent, "les directeurs d'école ont su qui appeler" quand la pandémie a éloigné les enfants des salles de classe. Petit à petit dans ces villes, les différences de point de vue s'estompent, même si d'un côté un enseignant s'adresse à un groupe classe tandis qu'un personnel du médico-social voit l'individu.

La remise au goût du jour des PEL et des PEDT (projets éducatifs locaux et projets éducatifs de territoire) pourrait être l'acquis de ces trois jours de débats, comme l'avait été, lors d'une précédente édition, l'importance de la végétalisation des cours d'école. Mais les ateliers mettent aussi en évidence les difficultés. "L'Ecole s'est transformée" et s'apaisent les antagonismes qui étaient apparus lors de la mise en place de la semaine de 4,5 jours et des activités périscolaires dans l'enceinte scolaire, mais les animateurs ne sont pas toujours vraiment reconnus, faute sans doute d'un diplôme qui sanctionne leurs compétences, au-delà du BAFA. Il y a urgence à valoriser tous les métiers de l'éducation : faute de candidats, les crèches, les centres de loisirs peinent à recruter, on manque d'AESH, d'animateurs, de médecins scolaires...

"Il ne faudrait pas que l'assassinat de deux professeurs ait pour seul effet la sécurisation des bâtiments, l'Ecole est le centre névralgique de la société, et la construction du citoyen de demain suppose que les enseignants soient accompagnés par des équipes pluridisciplinaires, donc qu'une politique publique forte vienne conforter cette nécessité pour que les gens de terrain aient le sentiment d'être moins isolés."

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →