Les pleurs des bébés, révélateurs du niveau de détresse mais pas de leur cause (INSERM)
Paru dans Petite enfance le jeudi 12 octobre 2023.
Il semble “impossible de savoir pourquoi un bébé pleure rien qu’en l’écoutant“, explique Nicolas Mathevon, responsable d'une étude menée par des chercheurs de l’université Jean Monnet à Saint-Étienne, de l’Inserm et du CNRS dont les résultats ont été publiés dans la revue Communications Psychology.
L'analyse a porté sur près de 39 201 pleurs de 24 bébés filles et garçons enregistrés pendant les quatre premiers mois de leur vie, ainsi que sur des expériences de playback où 200 auditeurs et auditrices adultes devaient écouter une partie des pleurs enregistrés et identifier leur cause.
Selon ses conclusions, “chaque bébé pleure d’une manière qui lui est propre“, au travers de “signatures individuelles définies par un ensemble de caractéristiques acoustiques spécifiques qui changent de manière prédictible avec l’âge, de sorte que l’individualité des pleurs des bébés est préservée au fur et à mesure de leur développement.“
Cependant, il n'existe “aucune preuve que les pleurs des bébés communiquent leur cause“, et l'étude a “au contraire montré que les pleurs de bébés liés à la faim, à l’isolement ou à l’inconfort, ne présentaient pas de caractéristiques distinctes.“ De plus, les pleurs des filles et des garçons seraient également “acoustiquement similaires“.
En revanche, “l’information saillante portée par le pleur est celle du niveau de détresse du bébé qui est codé par un ensemble de traits comme la rugosité acoustique, poursuit Nicolas Mathevon. Cette information est évidemment primordiale puisqu’elle renseigne sur le degré d’urgence à réagir au pleur.“
Des signaux vocaux gradés qui “sont courants aussi chez les autres espèces de grands singes (comme les bonobos ou les chimpanzés), chez qui les cris varient continuellement en fonction des niveaux d’excitation ou de stress plutôt que de manière catégorique selon les contextes.“
L'étude ici