Maternelle : les enfants y enrichissent leur vocabulaire, selon le CSEN qui ne se prononce pas sur les pratiques des enseignant.e.s
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Culture le lundi 02 octobre 2023.
"Pour aider les enfants à apprendre des mots nouveaux, les adultes doivent parler lentement, en articulant bien" et "répéter les mots dans des contextes différents, en y revenant plusieurs jours car le sommeil est crucial, pour permettre la mémorisation à long terme". Ce sont deux des conseils donnés aux enseignants dans une publication du CSEN (Conseil scientifique de l'Education nationale) qui propose une "synthèse de la recherche et des recommandations pour "faciliter l'acquisition du vocabulaire à l'école maternelle".
Les autrices (et auteur) constatent qu' "il existe, dans de nombreux pays, des différences importantes de niveau linguistique entre les enfants en fonction du niveau socio-économique d’origine" et elles sont plus importantes en France "que dans d’autres pays francophones". Elles ajoutent que "les enfants de milieu favorisé ont le double de vocabulaire de ceux des familles les plus pauvres" et que "cet écart semble ensuite rester stable et surtout n’est pas rattrapé au cours de la scolarité. La syntaxe est également plus pauvre (...)."
Les enseignants de maternelle ont donc un rôle à jouer et ils doivent "illustrer le sens des mots par des images ou des gestes, et en les comparant avec d’autres mots (déguster, ce n’est pas pareil que manger)", "contraster des mots qui se ressemblent sur le plan phonologique (ranger, langer, manger) (...) et "inciter les enfants à réemployer (des mots nouveaux, ndlr) dans des dialogues autour de livres et de jeux".
En petite section notamment, il est important d' "apporter rapidement, à tous les enfants qui n’ont pas eu une stimulation familiale suffisante, un 'bain de langage' important (...). L’enseignant doit donc utiliser la moindre occasion de dialoguer avec l’enfant : à partir des cubes avec lequel il joue, en comptant avec lui les billes qui sont tombées sur le sol, en répartissant les chaises autour des tables pour chacun. Chaque occasion doit permettre d’échanger dans tous les domaines (comptines, routines, objets, formes, nombres, verbes, émotions, etc.)."
Pour apprendre des mots, les enfants doivent en effet repérer leur forme sonore, l'associer à "un référent" avant de "stabiliser cette association". Son appropriation "est facilitée par le sommeil, y compris la sieste". Les autrices ajoutent "qu’un apprentissage explicite qui attire l’attention sur la sonorité des mots est très, voire plus, bénéfique qu’un apprentissage par champ sémantique. En effet, présenter des mots voisins sur le plan phonologique, comme 'galet' et 'balai', améliore la qualité de la représentation phonologique (...). On peut, par exemple (...) associer le mot à apprendre avec des mots qui riment avec lui : château, râteau, gâteau, etc. (...). Les entrainements les plus efficaces sont ceux qui associent un enseignement explicite des mots à acquérir (par exemple avec une discussion autour des mots nouveaux, une définition détaillée, etc.) à un enseignement implicite (utilisation ultérieure de ces mots en contexte)."
Le CSEN indique encore que "lire des livres aux enfants joue un rôle important dans l’accroissement de leur vocabulaire et leur maîtrise de la langue" et ajoute que "toutes les études sur le développement langagier bilingue (...) ont montré que le bilinguisme ne provoque pas de retard de langage".
A noter que les autrices ne font aucune référence aux pratiques actuelles des enseignant.e.s de maternelle. En quoi répondent-elles ou ne correspondent-elles pas à leurs recommandations ?
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