FSU : les fonctionnaires au bout du rouleau (sondage IPSOS)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Culture, Justice, Orientation le lundi 31 janvier 2022.
Les fonctionnaires sont en première ligne dans la crise sanitaire, ce sont eux qui font tenir la société depuis près de deux ans. Combien de temps vont-ils encore tenir ? C'est la question que pose la FSU au vu d'un sondage réalisé par IPSOS et publié à l'occasion de son congrès. La fédération syndicale unitaire apparaît "avant tout" comme "un syndicat de profs" auprès des 1 568 fonctionnaires interrogés (dont quelque 500 territoriaux), elle est "modérée" pour 61 % des répondants (68 % des enseignants) même si 51 % des fonctionnaires estiment qu'elle est "dogmatique".
Le sondage révèle que "les enseignant.es et les personnels de l’éducation se révèlent particulièrement mécontents et prêts à se mobiliser. Le sondage montre aussi un malaise plus global des fonctionnaires: 9 % souhaitent quitter la fonction publique pour rejoindre le privé.
Si 75 % des répondants estiment que "le service public a été performant pendant cette crise sanitaire", ce n'est le cas que de 56 % des enseignants. Ceux-ci se distinguent aussi par leur attachement à la question de l'égalité, un terme qui "guide leur action" pour 30 % d'entre eux contre 17 % de l'ensemble des répondants. Ils accordent également davantage d'importance à la laïcité (15 % vs 6 %) mais c'est surtout leur hiérarchie qui insiste sur ce thème (28 % vs 6 %)
Les enseignants considèrent également davantage que les autres fonctionnaires que le développement des outils numériques et la dématérialisation des administrations a plutôt détérioré le service rendu aux usagers (54 % vs 46 %), leurs conditions de travail (14 points de différence), l'accueil des populations les plus fragiles socialement (15 points). Ils sont également plus nombreux à considérer que "les choses se sont détériorées" en ce qui concerne la formation continue (+ 16 points, 51 % vs 35 %), la reconnaissance de leurs efforts par leur hiérarchie (54 % vs 43 %), et plus encore la reconnaissance sociale (+ 22 points), la charge de travail (+ 15 points). C'est plus encore la détérioration de leur pouvoir d'achat (79 % vs 56 %) qui les mobilise (80 % des seraient prêts à participer à des mouvements de protestation sur ce thème, vs 73 % des territoriaux).
Ce sont les agents de la fonction publique hospitalière qui ont le plus souvent subi de la part d’usagers "des violences verbales (insultes, menaces...)" (68 % vs 49 % pour les enseignants et 44 % pour les territoriaux), et même des violences physiques (38 % vs 12 et 11 %), mais ce sont les enseignants qui estiment qu'y ont une part de responsabilité les discours négatifs que l'on peut parfois entendre à l'égard des fonctionnaires (77 % vs 37 % pour les hospitaliers).
Interrogés sur ce que doivent revendiquer les syndicats, ce sont, et de très loin, les salaires qui viennent en tête (74 % des fonctionnaires, 84 % des enseignants). Les recrutements viennent loin derrière (35 %, 39 % chez les enseignants) et ce sont les enseignants qui sont le moins demandeurs de voir "les agents particulièrement performants" et "bien notés par la hiérarchie" bénéficier d'une accélération de leur carrière (16 % vs 40 % chez les territoriaux ou les fonctionnaires d'Etat des autres ministères).
Pour la FSU, ce sondage témoigne du "grand mécontentement" des agent-es de la Fonction publique : "déclassement salarial, perte de sens du métier en raison des réformes et de la dégradation des conditions de travail, discours publics stigmatisants... L'organisation syndicale note également que sur les divers items, "il n’y a jamais plus de 21 % des fonctionnaires pour trouver un point positif dans le bilan" des 5 dernières années. Elle dénonce "une crise de sens" et souligne que "loin d’être passéistes, (les fonctionnaires) sont 78 % à souhaiter que le service public évolue pour profiter des possibilités offertes par la numérisation" et à 90 % ils sont demandeurs "d’une réorientation des métiers afin de mieux prendre en compte les inégalités territoriales et sociales". Elle conclut qu'il "est urgent de rompre ce cercle vicieux de l’affaiblissement des services publics et de la dégradation de la situation faite à leurs agent-es"...