Les compétences "socio-émotionnelles" et les activités locomotrices devraient figurer parmi les "fondamentaux" (E Gentaz, revue ANAE)
Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le mercredi 16 décembre 2020.
"Comment favoriser la préparation à l’apprentissage de la lecture et des mathématiques chez les jeunes élèves", se demande Edouard Gentaz dans l'éditorial du prochain numéro, à paraître, de la revue ANAE. Le chercheur (U. de Genève et CNRS) évoque à ce sujet "le rôle fondamental des compétences socio-émotionnelles et des activités locomotrices".
On aurait d'ailleurs tort de séparer émotions et cognition. Il n'est en effet pas vrai que certaines régions du cerveau seraient responsables de nos émotions et que d'autres seraient dédiées aux apprentissages. Une même région est souvent à la fois "cognitive" et "émotionnelle", c'est le cas de l'amygdale, "impliquée dans la détection des événements ayant une pertinence affective pour l’individu", mais qui est aussi "un élément clé pour les processus cognitifs que sont l’attention et la mémoire". On peut donc penser que "les émotions soutiennent l’attention, la mémoire de travail, l’encodage, la consolidation en mémoire ou encore des processus liés au contrôle exécutif (...) nécessaires aux apprentissages scolaires". Les performances en mathématiques sont d'ailleurs "associées significativement et positivement aux compétences émotionnelles ainsi qu’au comportement social et à l’activité locomotrice".
Car, outre les rôles multiples que jouent les différentes aires du cerveau, "la connaissance que les élèves possèdent de leurs émotions à cinq ans (...) facilite les interactions sociales positives". Or "les élèves (et tout particulièrement les jeunes) ont besoin du soutien des adultes et des pairs" et ceux qui sont "plus compétents sur le plan émotionnel géreraient mieux le monde social dans lequel ils sont amenés à évoluer, en formant de meilleures relations avec leurs enseignants, leurs pairs et leur famille". Ce qui permet d'affirmer que "les comportements prosociaux chez les enfants représentent un facteur prédictif robuste de la réussite scolaire à l’adolescence". D'où un plaidoyer pour le jeu de "faire semblant" qui permet de "stimuler les compétences socio-émotionnelles de l’enfant" et qui figure parmi les "savoirs à enseigner".
"Mais pour quelles raisons ces connaissances scientifiques bien établies et leurs implications pédagogiques manifestes sont-elles souvent peu intégrées ou valorisées pleinement à l’école ? Les raisons pourraient provenir de conceptions réductrices ou partielles des apprentissages."
L'éditorial d'E. Gentaz sur le site de la revue ici
Voir aussi, sur le rôle du corps dans l'apprentissage de la lecture, ToutEduc ici