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Rentrée de septembre : les motifs d'inquiétude se multiplient pour la FSU

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire, Justice, Orientation le mercredi 01 juillet 2020.

Pour la FSU, "il faut d'urgence un plan massif, coordonné, déterminé et ambitieux pour la jeunesse, alors que la période de crise a révélé et creusé des inégalités scolaires et sociales". La fédération, qui présentait son propre plan à la presse ce 1er juillet, estime en effet qu'un "grand service public (d'éducation) ne peut fonctionner continuellement sur des 'bricolages' où les personnels sont incités en permanence à compenser les manques humains et financiers". Elle demande notamment au ministère de l'Education nationale de renoncer "aux suppressions de postes ou fermetures de classe". Elle demande aussi "des aménagements" pour la rentrée puisque les élèves auront eu au minimum "4 mois de scolarité compliquée", par exemple en autorisant dans le 1er degré, la transformation des dédoublements de CP et CE1 en éducation prioritaire, en postes de "plus de maîtres que de classes". La FSU demande aussi que soit réaffirmé le caractère obligatoire de l'école puisque le volontariat des familles a contribué à accentuer les inégalités, les familles qui ont remis leurs enfants à l'école étant souvent celles qui ont le plus de proximité avec le système scolaire.

Plus globalement, la FSU lance une alerte. Les personnels ont le sentiment que "tout se déroule comme avant" mis à part "quelques gadgets". Dans le premier degré, insiste Francette Popineau (SNUIPP), administration et enseignants ont certes fait les mêmes constats, sur l'importance des relations avec les élèves et avec les familles, et sur les conditions de vie de bon nombre d'élèves, mais la seule réponse apportée à ce jour, "ce sont des évaluations à la rentrée". Les enfants vont donc se retrouver "tout seuls face à leur feuille alors qu'ils ont d'abord besoin d'interactions". Quant aux plans de formation qui sont annoncés en français et mathématiques, ils mettraient les conseillers pédagogiques dans de telles difficultés que "certains demandent à revenir en classe et désertent cette mission"

Selon les premiers éléments dont dispose le syndicat, sur les 1 688 postes supplémentaires prévus à la rentrée, dont beaucoup iront à des contractuels faute de postes offerts aux concours, 1 306 seront devant classe, essentiellement dans le milieu rural, 535 seulement étant prévus en éducation prioritaire, tandis que le dispositif "plus de maîtres que de classes" perdrait 341 postes, les moyens de remplacement 210 postes et les enseignants des RASED 72. En revanche, le nombre des Psy-En est en augmentation. Selon le SNUIPP, il faudrait, dans l'idéal, 90 000 postes supplémentaires dans le 1er degré, l'organisation syndicale étant bien consciente qu'il ne peut s'agir que d'un plan pluriannuel.

Dans le second degré, le nombre des élèves augmente et le nombre des postes diminue ! Frédérique Rolet, interrogée par ToutEduc, indique que le ministère n'a pas répondu à la demande du SNES de disposer d'un bilan de la réforme du lycée, notamment en ce qui concerne les options. Pour ce qui est des enseignements de spécialités, les élèves devant en abandonner un des trois lors de leur passage en terminale, les SVT et physique-chimie s'en sortiraient mieux que les mathématiques. S'agissant du baccalauréat, le syndicat fait remarquer que les jurys disposent cette année des résultats des établissements sur trois ans, et peuvent juger de leur éventuelle propension à noter sévèrement ou non, donc de la possibilité d'évaluer leur valeur dans le cadre du contrôle continu. Mais cette référence va progressivement disparaître...

S'agissant des décrocheurs de l'enseignement professionnel, la représentante du SNUEP fait remarquer que Jean-Michel Blanquer a annoncé un grand plan, mais que, pour l'heure, il a surtout demandé aux recteurs de lui fournir leurs plans académiques dans les 48h. Quant à l'obligation de formation des 16-18 ans, prévue par la loi "pour une école de la confiance", elle concerne 5 % des jeunes, les autres étant déjà en formation. Le syndicat y voit la volonté de déléguer aux Régions le soin de monter des formations "de 3 jours ou de 3 mois, non qualifiantes ni diplômantes", et plus globalement, de laisser au ministère du Travail la responsabilité de ces décrocheurs mineurs. Il rappelle qu'il milite pour une scolarisation obligatoire jusqu'à l'age de 18 ans.

Le syndicat des personnels territoriaux fait d'ailleurs remarquer que 3 millions d'enfants et de jeunes vivent sous le seuil de pauvreté, et il s'inquiète de la faiblesse des moyens d'intervention des collectivités. "Nous avons de grosses inquiétudes pour l'aide sociale à l'enfance". Son homologue pour l'éducation populaire tire de même la sonnette d'alarme, s'agissant des "vacances apprenantes", du fait de la fragilité des publics auxquels elles sont prioritairement destinées, de la fragilité du tissu associatif qui doit les organiser, et de la fragilité des personnes qui assurent habituellement l'encadrement des "colos".

Il rappelle que l'été dernier, 855 000 jeunes étaient partis en séjour collectif; pour que le dispositif soit un succès, il faudrait que l'effectif visé, 250 000 dont 200 000 issus des "quartiers" vienne s'y ajouter, soit 1 105 000 jeunes. Le syndicat de la PJJ (le SNPES) ajoute un autre sujet aux motifs d'inquiétude des personnels que représente la FSU, l'abrogation prévue de l'ordonnance de 1945 sur la justice des mineurs auxquels s'appliqueraient des mesures issues de la justice des majeurs, comme l'enfermement à domicile avec bracelet électronique...

Dans son analyse, la fédération considère surtout que le Gouvernement fait comme si la rentrée de septembre allait être une rentrée "comme les autres". "Jean-Michel Blanquer essaie de faire rentrer la crise dans son livre", estime Francette Popineau. Pour elle, le ministre de l'Education nationale n'a pas changé de ligne, la crise au contraire lui permet de renforcer l'individualisation non seulement des parcours des élèves mais aussi de la gestion des personnels, aux dépens des projets d'équipe.

 

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