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Pour apprendre, il faut avoir la santé (échos du Congrès international sur les sciences cognitives)

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Périscolaire le dimanche 31 mars 2019.

Pour Elena Pasquinelli (EHESS-ENS) "le sommeil, la nutrition et la santé sont des thématiques auxquelles sont confrontés au quotidien les enseignants", ce qui justifie qu'elles soient abordées dans le cadre du congrès sur les sciences cognitives. Sidarta Ribeiro (Université fédérale du Rio Grande do Norte, Brésil) parle d'ailleurs de choses évidentes pour les classes moyennes supérieures, mais "ce n’est pas le cas pour les enfants les plus pauvres de notre planète. Nous pensons toujours que c’est à l’école de régler ces problèmes. Cependant, toutes les écoles du monde ne sont pas équipées pour cela. Et souvent, la meilleure pédagogie du monde ne peut rien faire pour lutter contre le manque de sommeil."

Il souligne que "le sommeil est devenu aussi un problème dans les pays dits non pauvres en raison de la surconsommation d’Internet ou d’écrans." Quant à la nutrition, elle est essentielle pour le cerveau et donc pour la mémoire. Selon Sidarta Ribeiro, "de nombreux thèmes de recherche à ce propos sont encore à explorer. Ils pourraient bouleverser la nutrition actuelle mise en place dans les écoles. De toute façon, la nutrition scolaire doit changer. Les nouveaux programmes de recherche à ce sujet devront prendre en compte le rôle des acteurs de terrain, tels les enseignants."

Ce spécialiste du sommeil de l’enfant préconise des siestes d’une durée minimum de 40 minutes. A ses yeux, la durée idéale serait de 90 minutes afin d’assurer un cycle complet, et naturellement, elle doit se faire après le déjeuner. Le chercheur a conscience qu’une telle proposition peut être difficile à "caser dans les emplois du temps des écoles." Parce qu’il a conscience de cette difficulté depuis longtemps, il a toujours impliqué des enseignants dans ses programmes de recherche et il souhaite continuer à le faire pour "lever les obstacles ensemble". Lorsqu’une personne de l’audience lui pose une question à propos de la limite d’âge liée à l’obligation de la sieste, Sidarta Ribeiro ne peut s’empêcher de répondre : "jusqu’à 90 ans. Les profs devraient peut-être aussi intégrer la sieste à leur emploi du temps… une voie possible pour les impliquer davantage dans nos programmes de recherche, au moins sur ce thème."

Cette implication des enseignants a été un leitmotiv de cet après-midi du 28 mars. Elle a également été clairement énoncée par Marcela Peña (Université pontificale catholique, Chili). Pour elle, "nous avons encore besoin de recherches" sur la collaboration entre les acteurs de la santé et ceux de l’éducation. Et nous ne pourrons si nous n'impliquons pas les enseignants et les chefs d’établissement en tant que véritables membres de l’équipe de recherche. Elle ajoute qu’ "il est possible d’intervenir pour un coût faible grâce à la prévention, à l’amélioration du sommeil et de l’alimentation pour créer un environnement favorable à tous les apprentissages. La recherche est là pour identifier les priorités et soutenir les interventions de chaque acteur. Ces interventions se doivent de commencer avant l’école pour assurer, notamment, une meilleure implication des familles. Et surtout, les interventions ne doivent pas se limiter aux enfants en situation d’handicap ou de pauvreté."

Hélène Cénat

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