Petite enfance » Actualité

Ecole maternelle : un forum pour défendre les acquis de la refondation, non sans en débattre

Paru dans Petite enfance, Scolaire le dimanche 18 novembre 2018.

"Réfléchis, réfléchis dans ta tête…" demande la maîtresse, très gentiment, à cette élève de maternelle qui se demande comment on fait pour réfléchir, qui ne sait pas ce qu'elle a dans la tête mais qui en a peur et qui ne voit pas comment répondre à l'exhortation de l'enseignante... C'est un des exemples que donne Christine Passerieux de la difficulté, en maternelle, d'identifier les difficultés des enfants à s'engager dans les apprentissages. Formatrice et militante du GFEN, elle était chargée d'ouvrir les débats du "Forum de l'école maternelle, par celles et ceux qui la font vivre", ce 17 novembre.

Organisé et soutenu par plusieurs mouvements pédagogiques (AFEF, CEMEA, CRAP-Cahiers pédagogiques, GFEN, ICEM), la FCPE, les associations professionnelles AGEEM, FNAME, collectif des ATSEM et les organisations syndicales SE-UNSA, SGEN-CFDT et CFDT interco, SNUIPP-FSU et SNUTER-FSU, il a réuni quelques 200 à 300 enseignants, ATSEM (dont plusieurs hommes), des formateurs, des cadres territoriaux, un inspecteur... qui estiment qu'ils "ont été les grands absents des assises ministérielles" qui se sont tenues au mois mars 2018. Elles étaient présidées par Boris Cyrulnik et celui-ci a mis l'accent sur les dimensions psychologiques, affectives de la relation avec les enfants et négligé la question des acquisitions cognitives alors que, estiment les organisateurs du forum, l’Ecole maternelle est le premier établissement où ils découvrent le monde des savoirs et des apprentissages. 

Dès janvier 2018, Jean-Michel Blanquer avait émis le souhait de "repenser l’Ecole maternelle pour en faire l’école de l’épanouissement et du langage". Le 15 mars 2018, un rapport de France-Stratégie posait la question : "L’Ecole maternelle française serait-elle dépassée ?" (ici). Le forum du 17 novembre veut "défendre l’école maternelle pour la transformer" et "la transformer pour la défendre", dans un contexte marqué, selon Christine Passerieux, par une mise en cause de la place des savoirs au profit du "développement personnel" soutenu par "l'industrie du bonheur", du "bien-être", et d'une conception "innéiste" du développement, des talents, dont Céline Alvarez est le symbole, et dont l'expérimentation est qualifiée d' "imposture". L'oratrice ne nie pas pourtant l'importance de son audience auprès des enseignants, qui s'explique peut-être parce qu'elle propose des réponses simples à la difficulté croissante d'enseigner en maternelle, mais surtout parce que, "depuis longtemps, il n'y a pas eu de vrai travail dans l'institution sur ce qui est au coeur du projet" de ce cycle, où il ne s'agit pas seulement pour les enfants de faire, de jouer, mais de penser le faire, de passer par le langage pour aller "sur des terrains nouveaux" et "se penser comme un individu singulier dans un collectif", où il s'agit "d'inscrire les enfants dans une histoire et une culture".

Hélène Cénat et Pascal Bouchard

« Retour


Vous ne connaissez pas ToutEduc ?

Utilisez notre abonnement découverte gratuit et accédez durant 1 mois à toute l'information des professionnels de l'éducation.

Abonnement d'Essai Gratuit →


* Cette offre est sans engagement pour la suite.

S'abonner à ToutEduc

Abonnez-vous pour accéder à l'intégralité des articles et recevoir : La Lettre ToutEduc

Nos formules d'abonnement →