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Maternelle à 3 ans : quelle pédagogie ?

Paru dans Petite enfance, Scolaire le mardi 27 mars 2018.

Rendre l'instruction obligatoire dès 3 ans, comme l'annonce ce 27 mars Emmanuel Macron, pose la question de la pédagogie, du sens même de l'école maternelle. Pour le président de la République, il s'agit de lutter contre la reproduction des inégalités sociales, notamment en matière de langage, "dans une société de plus en plus brutale" et cela suppose "une pédagogie plus ouverte et plus riche", d'inventer "une 3ème voie" entre "exigences cognitives", lesquelles sont très développées dans les systèmes asiatiques, et "exigences affectives", qui le sont dans les pays nordiques. Cela suppose également "un continuum entre crèches et écoles maternelles". Il évoque alors des innovations et des programmes comme "Parler bambin" et les apports des neurosciences qu'il ne faudrait pas opposer à l'humanisme alors qu'elles en sont le "soubassement", mais aussi des arts et de la musique.

Boris Cyrulnik, qui préside ces assises, en justifient la nécessité par "le nouveau développement des enfants", qui sont "plus grands", dont les processus d'apprentissage changent en même temps que l'environnement familial. Lorsque celui-ci est violent, ou lorsque leur développement est plus lent, les enfants sont "insecures" alors qu'ils ont besoin de sécurité affective pour "tenter l'aventure de la parole". Le chercheur met l'accent sur le "très bon investissement" que représente pour une société le coût de la maternelle et de l'accueil de la petite enfance, quand il permet de corriger les effets de cette insécurité affective. Et il oppose le modèle asiatique, qui mise sur les acquis cognitifs au détriment de l'épanouissement personnel et le modèle nordique, qui obtient les mêmes résultats au plan des connaissances, tout en veillant au développement affectif de l'enfant. Il estime toutefois que ce modèle n'est pas directement transposable dans la culture française, d'où l'idée d'une troisième voie.

A noter parmi les communications scientifiques celle de Francis Eustache (université de Caen), spécialiste de la mémoire qui en montre les différentes facettes et les évolutions avec l'âge. Interrogé par ToutEduc sur l'intérêt pour les enseignants de ces connaissances, qui montrent surtout la diversité des enfants et donc la nécessité d'une attention bienveillante à leur égard, il estime au contraire "très important de transmettre ces informations" dont il ne comprendrait pas "qu'elles restent dans les laboratoires". Franck Ramus (ENS) et Marc Gurgand (Ecole d'économie de Paris) soulignent l'importance des interventions précoces, du dépistage, de l'étayage par des professionnels de la santé, de programmes comme "Parler bambin", "en cours d'évaluation" (voir pourtant ToutEduc ici, et le rapport d'A. Florin ici)...

A noter également l'inquiétude d'un haut fonctionnaire de l'Education nationale interrogé par ToutEduc sur les implications de cette instruction obligatoire : lorsqu'elle sera donnée dans les familles, et non pas dans une école, comment pourra-t-elle être évaluée ? Cette obligation n'impose-t-elle pas de revoir les programmes dans un sens plus prescriptif pour fournir aux inspecteurs des connaissances dont il pourra apprécier l'acquisition.

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