Boris Cyrulnik en charge des "assises de la maternelle" (Ouest-France)
Paru dans Petite enfance, Scolaire le dimanche 07 janvier 2018.
Boris Cyrulnik sera chargé de préparer les assises de la maternelle, annonce Jean-Michel Blanquer dans une interview à Ouest-France ce 6 janvier. Le ministre de l'Education nationale compte que ces assises, au mois de mars, permettent "de mettre en avant les meilleures pratiques pédagogiques et éducatives, y compris au niveau international" de "réfléchir ensemble et s’inspirer de ce qui se fait de mieux" et de faire de la maternelle "un bain de langage". Il prévoit d'y "associer les autres ministères concernés, les collectivités territoriales, dont les mairies". Le neuropsychiatre ajoute qu' "un enfant qui maîtrise un très grand nombre de mots, c’est un enfant qui va savoir établir une relation, contrôler ses pulsions, et a fortiori mieux se sociabiliser (...) Entre le 20e et le 30e mois de vie, du fait de la plasticité du cerveau, un enfant est capable d’apprendre n’importe quelle langue. Durant cette très courte période, on acquiert entre 100 et 500 mots, des règles de grammaire, un début de double articulation. C’est stupéfiant, et ça ne se produit qu’à cette étape de la vie."
Encore faut-il que l'enfant se sente en sécurité. "Un enfant inhibé, malheureux, va augmenter les activités autocentrées, éviter le regard ou se 'périphériser', se montrer confus, voire agresser le professeur (...) Une fois que ces enfants ont trouvé une base de sécurité, par la relation créée avec l’adulte, le rattrapage peut se faire très, très vite (...) Or, les adultes qui s’occupent des enfants ont souvent une bonne formation intellectuelle (bien qu’hétérogène), mais pas toujours adaptée à l’enfance préverbale. Les fondements de la théorie de l’attachement peuvent pourtant s’apprendre simplement et rapidement (...) les enfants ne s’attachent pas forcément à celui qui a le plus de diplômes, mais à celui qui établit les meilleures interactions avec lui."
Le ministre précise que la formation des enseignants et des ATSEM (agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles) "sera l’un des sujets majeurs" des assises qui doivent aussi donner des outils pour "créer un nouveau dialogue, de qualité, avec les parents", et être l'occasion d'une réflexion sur "l’environnement de l’école, du mobilier de la salle de classe à la cantine en passant par les toilettes…", sur "la lecture de contes à haute voix, en classe, ou la musique".
Interrogé sur les écrans, Boris Cyrulnik porte un jugement sévère : "Si on laisse un enfant face à un écran (...), il n’apprend rien. Il est médusé." Le ministre abonde : il faut apprendre aux enfants "à se préserver en tant qu’humain, pour ne pas devenir esclaves de la machine. C’est une question clé. Et ça commence dès la maternelle."
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