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Valider l'expérience de parent : la FNEJE dénonce "l'ignorance des enjeux de l'accompagnement des jeunes enfants"

Paru dans Petite enfance, Scolaire, Orientation le mardi 25 juillet 2017.

"Nous allons lancer un dispositif de Validation des acquis de l'expérience qui soit un parcours diplômant (…) Nous sommes en train de voir si nous pouvons transformer cette expérience en CAP petite enfance, en diplôme d’État, en brevet d'État d’éducatrice de jeunes enfants qui nous permette de faire se rencontrer l'offre et la demande sur le marché du travail. Avec d’un côté, la demande de professionnels de la petite enfance qualifiés pour les crèches mais pas uniquement, et de l'autre côté les compétences de jeunes mères qui ont acquis ces compétences et qui peuvent les compléter par ce dispositif diplômant." C'est en ces termes que, le 20 juillet 2017, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes a annoncé, à l’Assemblée nationale, travailler avec le ministre de l'Éducation nationale à la création d'un dispositif de VAE qui permettrait de transformer l'expérience des mères en diplôme. La réponse ne s'est pas fait attendre. Le jour même, la Fédération nationale des éducateurs de jeunes enfants (FNEJE) publiait sur son site une tribune : "cette annonce (...) vient une fois de plus démontrer l'ignorance des enjeux de l'accompagnement des jeunes enfants et de leur familles dans notre société", peut-on lire en introduction. "Est-ce parce qu'on aide nos enfants à faire leurs devoirs pendant leur scolarité, qu'on est apte à devenir professeur des écoles ?!"

Ainsi, développe la coprésidente de la Fédération signataire de cette tribune, "être professionnel(l)e de la petite enfance, c'est PRENDRE SOIN des enfants des autres sans les enjeux affectifs présents entre un parent et son enfant" alors qu' "être parent, c'est donner toute l'affection et l'amour à son enfant en se fondant sur des principes éducatifs personnels", des relations humaines "très spécifiques fondées sur le lien d'attachement". "Professionnel(le)s de la petite enfance est un métier qui s'apprend" poursuit Julie Marty-Pichon : pour savoir accompagner la construction du lien familial, participer à l'éveil culturel, l'épanouissement, la sécurité affective de l'enfant, l'accompagner à devenir citoyen, mais aussi pour pouvoir se positionner "dans une démarche de prévention précoce", et être "en capacité d'observer les signes de maltraitance psychique ou physique et de handicap". Compétences auxquelles s'ajoutent, en plus de savoir être aussi à l'écoute des parents, celles de la "remise en question permanente", du "croisement des regards", de l' "analyse de la pratique professionnelle".

Méconnaissance des diplômes de la petite enfance

La FNEJE n'a pas manqué de souligner aussi la méconnaissance des diplômes. Lors de son audition, la secrétaire d’État a évoqué des validations d'acquis pour l'obtention du CAP Petite Enfance, "qui est devenu CAP accompagnant éducatif petite enfance" relève la fédération (CAP effectivement officiellement créé par arrêté en février 2017, mais dont la première session aura lieu en 2019, alors que les dernières sessions du CAP Petite enfance, rattrapage inclus, auront lieu en 2018 et 2019). La secrétaire d'État évoquait aussi une validation pour un Brevet d'État d'éducatrice de jeunes enfants, "brevet qui n'existe pas", remarque encore la FNEJE, alors qu'existe par ailleurs le diplôme d'état d'éducateur de jeunes enfants (DEEJE).

Au micro d'Europe 1 ce lundi 24 juillet, Marlène Schiappa justifiait ce projet par le fait que "près de 6 000 jeunes mères mineures en France n'ont pas de diplôme, sont sorties du parcours scolaire et se retrouvent à 20 ans ou 25 ans sur le marché du travail sans aucun diplôme, sans aucune expérience, ni qualification professionnelle". Elle s'y est défendue également de vouloir "distribuer des CAP petite enfance aux mères".

Suivre plutôt les recommandations du rapport Giampino

Julie Marty-Pichon l'invite plutôt à développer une "politique ambitieuse" de l'accueil des jeunes enfants et à suivre les préconisations du rapport de Sylviane Giampino(lire ici). La psychanalyste et psychologue de la petite enfance faisait plusieurs propositions pour contourner les difficultés de recrutement, parmi lesquelles : "constituer une base commune pour former les professionnels de l'accueil de la petite enfance, ce qui devrait à la fois renforcer le sentiment d'appartenance à une même profession et favoriser à terme les mobilités professionnelles", ce que permet le nouveau CAP, mais favoriser aussi la professionnalisation et les évolutions en diversifiant les formes et contenus des formations continues, développer l'alternance en formation initiale et, pour en faciliter encore davantage l'accès, organiser des "passages entre le chômage et l'emploi en modes d'accueil".

Camille Pons

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